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Services d'information climatique

Introduction

Les Services d'information climatique ou encore la présentation et la diffusion d’informations sur le climat dans l’intérêt des utilisateurs spécifiques restent essentiels pour soutenir la réponse de l'Afrique au changement climatique. Grâce aux informations solides dans ce domaine, l'Afrique peut préserver les acquis ainsi que les progrès économiques dans le développement social observé à travers le continent au cours de la dernière décennie.

Joseph Instiful, Expert principal en climatologie au Centre Africain des politiques en matière de climat (CAPC) examine les liens entre l'information climatique et le développement de l'Afrique. Il identifie les obstacles qui se dressent à la fourniture d'informations de haute qualité sur le climat et explique pourquoi les moyens de renforcer l'infrastructure des TIC doivent figurer en très bonne place sur l'ordre du jour de la COP-21 à Paris.

Comment les services d'information climatique soutiennent-ils le programme de développement de l'Afrique?

Les principaux secteurs économiques de l'Afrique sont très vulnérables aux impacts de la variabilité et des changements climatiques. En prenant l'agriculture en guise d'exemple, ce secteur contribue pour environ 30 pour cent dans le PIB et emploie jusqu'à 80 pour cent de la population.

Les systèmes d'observation du climat montrent que les précipitations en Afrique deviennent de plus en plus erratiques et compte tenu du fait que plus de 90 pour cent de notre agriculture demeure pluviale, ce secteur apparait comme l'un des plus durement touchés par la variabilité et le changement climatiques.

À moins que nous fassions montre d’une bonne maîtrise scientifique des impacts de ces régimes météorologiques et climatiques en mutation sur nos principaux secteurs - et de leur évolution future – le programme de développement durable de l'Afrique est compromis. Par ailleurs, avec des services d'information climatique efficaces, nos secteurs sensibles au climat seront en mesure de mieux s’adapter à la variabilité en hausse, en apportant une plus grande productivité agricole et bien d'autres tout en renforçant la résistance pour améliorer les moyens de subsistance à travers le continent.

Assurer des services d'information climatique implique le rassemblement, l’analyse, la présentation et la répartition des données climatiques sur des variables telles que la température, les précipitations, le vent, l'humidité du sol, les conditions océaniques et les indicateurs météorologiques extrêmes. Avec des données de haute qualité adaptées à leurs besoins, les cultivateurs seront en mesure de planifier les semences et la période sur le terrain; les décideurs, armés de données et d'analyses précises, disposent de l'information dont ils ont besoin pour prendre des décisions à bon escient. Pendant ce temps, les gouvernements seront beaucoup plus susceptibles d'intégrer les politiques climatiques incorporant dans la planification économique et le développement, des informations factuelles fondées sur la demande.

Ainsi de façon générale, depuis le niveau local jusqu’au niveau gouvernemental, l'accès aux services d'information climatique performants reste vital si l'Afrique veut maintenir la croissance et rester sur sa trajectoire de développement.

 

Comment les services d'information climatiques renforcent-ils la résilience dans les principaux secteurs économiques de l'Afrique?

L'un des impacts du changement climatique réside dans la variabilité des régimes des précipitations - le début de la saison des pluies connait des variations alors que sa durée devient de plus en plus imprévisible.

Des informations précises et accessibles sur les précipitations aident les cultivateurs à prendre des décisions non seulement sur le moment de planter et de récolter, mais également sur le moment de sécher les cultures tout en restant vigilants quant à l’apparition de parasites et autres maladies susceptibles de ruiner les récoltes. En travaillant de cette manière sur la base d’informations, les agriculteurs augmentent leurs chances de stimuler la productivité et éviter les pertes post-récoltes.

Avec le changement climatique, les événements météorologiques extrêmes tels que les tempêtes, les sécheresses et les inondations s’accroissent également en fréquence et en intensité. Dans le cas de fortes précipitations, l'information climatique peut prédire l'intensité de la pluie et les zones qui seront les plus durement touchées. Elle peut également indiquer si les infrastructures vitales - telles que les routes et les systèmes de communication, indispensables à l'accès au marché - risquent d'être touchées.

La variabilité du climat présente tout aussi des défis à l’endroit du secteur énergétique de l'Afrique. Le lac Volta au Ghana, qui fait partie du bassin transfrontalier de la Volta en Afrique de l'Ouest, par exemple, produit de l'hydroélectricité pour faire face aux besoins de la région en matière d’alimentation et d'énergie mais aussi pour le soutien à la production agricole. De plus en plus, la faiblesse des niveaux d'eau dans les barrages dudit bassin compromet la sécurité alimentaire, mais également hydrique et énergétique alors que des demandes d'irrigation restent insatisfaites. Une grave sécheresse en 1984 a eu des effets particulièrement dévastateurs sur la région, ce qui a conduit à d'énormes pertes de revenus et d'emplois.

Les services d'information climatiques peuvent aider les gouvernements à se préparer pour ce genre d'événements dans l'immédiat, comme la mise en place de mesures pour lutter contre la pression exercée sur les ressources vitales. À plus long terme, une information climatique fiable pourra guider les gouvernements sur la façon d'investir dans des infrastructures qui soient localisées, conçues et construites à la lumière du climat actuel en mutations.

Comment les services d'information climatiques sont-ils conçus pour répondre aux besoins des utilisateurs finaux?

Au cours des 30 dernières années, des efforts importants ont été consacrés à l’établissement de Forums régionaux sur les perspectives climatiques (RCOFs) qui soient axés sur la provision d'informations climatiques pertinentes à cet effet.

Les forums régionaux, actifs dans plusieurs parties du monde, constituent une plate-forme des utilisateurs et des producteurs d'informations climatiques pour discuter de ce types d'informations nécessaires à la production de produits d'information spécifiques, ou de données requises pour desservir une région ou un secteur particulier. En travaillant ensemble, ils coproduisent des informations qui répondent aux besoins de l'utilisateur final. Ceux-ci impliquent les praticiens et les décideurs au sein d’une gamme de secteurs, notamment l'agriculture, l'eau, l'énergie, la santé, la réduction des risques de catastrophe et les communications.

Les produits d'information développés au niveau régional sont personnalisés à l’endroit des utilisateurs au niveau national. L'information est ensuite réinjectée aux Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) pour être ajustée lors des forums nationaux sur les perspectives climatiques (NCOFs).

Cette approche collaborative a été lancée en Afrique de l'Est au Centre de prévisions et d’applications climatiques de l’IGAD (ICPAC) et a été étendue à des exploitations dans le monde entier. Ce fut une contribution majeure de l'Afrique dans le développement de services d'information sur le climat.

Quelles sont les lacunes dans les services d'information climatique et comment le nouvel accord sur le climat pourrait-il y faire face?

Les technologies de l'information et de la communication ont transformé les économies mondiales -, mais ce progrès traine encore à se manifester en Afrique.

Les progrès récents dans les services météorologiques et climatiques ne sont pas nécessairement le fait de la découverte d'une nouvelle science, mais le fait de progrès dans des technologies de l'information et de la communication abordables qui nous permettent de tester des théories scientifiques complexes à un niveau supérieur et plus profond qu'auparavant; Ces technologies permettent la production d'informations et de services climatiques robustes à un coût acceptable.

À notre humble avis, l'une des principales difficultés pour l’avancement des services d'information sur le climat en Afrique est la fracture numérique qui se résume au simple problème de TIC.

Cette fracture, comme je le vois, est tributaire de l’absence de trois éléments clés: l’infrastructure informatique qui demeure cruciales pour la production des informations climatiques solides, des plates-formes de communication efficaces qui sont cruciales pour la diffusion et enfin, les connaissances quant à la présentation des informations prêtes à l’emploi.

De ces trois éléments, l'infrastructure informatique est sans nul doute la plus critique. Garantir des informations et des services climatiques dépend fortement de l'e-infrastructure composée du Calcul Haute Performance, de données, d'outils d'analyse de données, de réseaux d'observation et de réseaux d'institutions.

Cette infrastructure reste désormais extrêmement rentable et beaucoup plus largement disponible; ce sont là des systèmes qui forment des cibles faciles à la portée de l’Afrique pour en tirer parti.

Lors de la COP 21, l'Afrique doit chercher à tirer profit des différents mécanismes de financement climatique mis en place pour améliorer l'accès à ces systèmes. Ceci serait de nature à renforcer considérablement la prestation des services d'information climatique et contribuer à maintenir le continent sur les chemins de la croissance et du développement économique.