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Une voie difficile vers la société de l’information en Afrique malgré les progrès

7 décembre, 2019
Il met au défi les décideurs politiques, les experts des TIC, les représentants des Communautés économiques régionales (CER) et des

Yaoundé, le 7 décembre 2019 (CEA) - Malgré les progrès accomplis dans ses promesses de développer les TIC et de réaliser un écosystème propice à une économie numérique englobante, en passant des services voix / texte de base aux solutions haut débit et aux réalisations louables en matière d’inclusion financière, l’Afrique accuse toujours un retard par rapport au reste du monde en termes de taux de mise en œuvre des 15 lignes d’action du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), le principal mouvement mondial pour l’interconnexion vers le développement, qui a commencé en 2005.

Cette évaluation globale découle de l’examen régional annuel 2019 de la mise en œuvre du SMSI en Afrique qui vient de se terminer à Yaoundé sous la coordination de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).

Des délibérations ont eu lieu sous le thème, « Technologies de l’information et de la communication pour réaliser les Objectifs de développement durable » afin de générer des points de discussion cardinaux à partir de l’Afrique lors du forum du SMSI de 2020 qui se tiendra en avril prochain, à Genève.

« Les principaux défis pour l’Afrique résident dans les domaines du développement du commerce électronique, des infrastructures permettant d’atteindre le dernier kilomètre [les régions et communautés les plus reculées] vers l’accès universel à l’autoroute de l’information, les coûts énormes de connectivité, la qualité de service inadéquate et la cybercriminalité », fait remarquer Mactar Seck, point focal de la CEA sur la société de l’information, travaillant à la Section de l’économie verte et de la technologie, au sein de la Division de la technologie, des changements climatiques et des ressources naturelles (TCND) de la CEA.

M. Seck a donc présenté la stratégie de transformation numérique (DTS) de l’Union africaine (UA) élaborée par la Commission de l’UA (CUA) et la CEA en collaboration avec d’autres partenaires pour permettre aux pays africains de profiter pleinement de la 4ème révolution industrielle, faciliter la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) et, en fin de compte, pousser le continent à la transformation économique et structurelle.

Il met au défi les décideurs politiques, les experts des TIC, les représentants des Communautés économiques régionales (CER) et des

Organisations intergouvernementales (OIG), ainsi que les représentants des organisations régionales et internationales, les opérateurs de télécommunications, le secteur privé, les membres de la société civile, les universitaires, les chercheurs et les médias présents, de constituer un front massif pour la mise en œuvre de la Stratégie de transformation numérique de l’Afrique. La stratégie repose sur quatre piliers principaux : l’environnement politique et réglementaire, le développement des infrastructures, le développement des capacités et l’innovation et la recherche.

Il note que 21 des 25 pays les moins connectés du monde se trouvent en Afrique – un rappel de l’urgence de mettre en œuvre cette stratégie.

Dans ce contexte, la Ministre des postes et télécommunications du Cameroun, Minette Libom Li Likeng, déclare : « il est impératif que les pays s’efforcent de réduire la fracture numérique et accélérer la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) en utilisant les TIC pour exploiter les ressources de cette révolution technologique pour le développement humain ».

« Il s’agit de combler le fossé numérique, certes, mais surtout de réduire les fractures économiques et sociales dans le monde ».

Elle indique que c’est la principale raison alors que le Gouvernement du Cameroun, sous les directives du Président Paul Biya, est très engagé dans la mise en œuvre du plan de transition numérique du pays (un projet soutenu par la CEA), qu’elle décrit comme difficile. Le plan de transition comprend des lignes d’action sur le développement des infrastructures (y compris le câble sous-marin, la fibre optique urbaine et les points d’accès à Internet) ; une amélioration de la qualité de service ; un règlement ; la promotion de l’accès aux TIC et leur utilisation dans toutes les couches sociales, en accordant une attention particulière aux femmes et aux jeunes ; un renforcement des capacités en matière de compétences numériques dans le secteur public et un soutien aux entreprises naissantes.

Mme Libom Li Likeng remercie la CEA de la part du Gouvernement du Cameroun, qui, dit-elle, apporte un soutien remarquable à la Stratégie de transition numérique de son pays sous la direction de la Secrétaire exécutive, Mme Vera Songwe.

Dr. Winfred Fuaye Mfuh, qui a tenu le fort en tant qu’hôte des certaines sessions sur l’examen du SMSI, souligne la nécessité d’intégrer les TIC dans tous les secteurs de l’économie, notant que « c’est l’intégration des TIC dans le secteur productif et la chaîne de création de valeur qui conduira à la transformation économique de l’Afrique ». Il dit que ce travail est en cours, conçu par des technocrates africains.

« Si l’Afrique rate la quatrième révolution industrielle caractérisée par une économie numérique en croissance qui constituera 25% du PIB mondial d’ici 2025, tirée par les mégadonnées et l’intelligence artificielle, les choses deviendront très compliquées pour le continent », explique Giuseppe D’Aronco, Économiste au Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique centrale. Il appelle à une nouvelle prise de conscience vers cette dispensation où les investissements dans le développement d’algorithmes et de mathématiques sont caractéristiques.

Mme Nnenna Nwakanma, une Activiste de la société de l’information de la Web Foundation qui a été impliquée dans tous les processus du SMSI depuis le début des années 2000, demande ce que les gouvernements et le secteur privé en Afrique font pour être des acteurs clés après 50 ans d’existence d’Internet et 30 ans du World wide web (www). « Nous, en Afrique, sommes enclins à consommer le contenu de la société de l’information, mais nous devons également produire et maîtriser notre propre contenu », dit-elle.

Les Lignes d’action du SMSI dans lesquelles l’Afrique a fait le plus de progrès comprennent : Ligne 1 sur le rôle des gouvernements et de toutes les parties prenantes dans la promotion des TIC pour le développement (où 44 pays ont développé des stratégies électroniques nationales) ; Ligne d’action 3 sur l’accès à l’information et au savoir (dans laquelle 37% des pays africains fournissent des informations gouvernementales en ligne) ; Ligne d’action 5 sur le renforcement de la confiance et de la sécurité dans l’utilisation des TIC (où 70% des pays africains ont élaboré une législation sur la cybersécurité, 69% ont élaboré une législation pénale et 30% fournissent un renforcement de capacités en matière de cybersécurité) ; et Ligne d’action 11 sur la coopération internationale et régionale (où l'Afrique enregistre plusieurs initiatives allant du Forum africain sur la gouvernance de l’Internet au Projet du système d’échange Internet africain de l’UA pour promouvoir le maintien du trafic Internet intra-africain et des organismes tels que Smart Africa).

La réunion d’examen du SMSI à Yaoundé, recommande aux gouvernements africains et toutes les autres parties prenantes de reconnaitre les formes existantes et émergentes de la fracture numérique et de les aborder de manière holistique, en mettant l’accent sur un renforcement rapide des infrastructures et une prestation rapide des services dans les télécommunications, mais en particulier en termes de Internet haut débit, de régulation mise au point sur la cybersécurité, la confidentialité et la protection des données ; et promouvoir activement les compétences numériques et la culture numérique. Les gouvernements sont particulièrement invités à écouter les propositions du secteur privé et de la société civile - qui servent de dépositaires du savoir et d’expériences dans le développement des TIC.

Au nom du Directeur du Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale, le Chef des initiatives sous-régionales du Bureau, Adama Coulibaly, remercie les parties prenantes de toute l’Afrique pour leur engagement à faire avancer les engagements du continent au sein du SMSI et du rôle exemplaire que joue le Cameroun dans la facilitation du commerce dans l’optique du forum de Genève, connu sous le nom de WSIS +15.

Pendant ce temps, la Ministre Libom Li Likeng rappelle aux participants que les TIC sont de véritables catalyseurs et accélérateurs des ODD en Afrique et qu’ils devront s’engager de façon univoque sur les recommandations de l’examen du SMSI à Yaoundé qui, dit-elle, a fait des propositions pour relever résolument les défis de la Société de l’information en Afrique.

-FIN-