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Les pays africains appelés à sortir de la léthargie du commerce électronique

12 décembre, 2020
African countries cautioned to wake up on sleeping ecommerce

Yaoundé, 12 décembre 2020 (CEA) – Alors que les pays africains, en général et ceux d’Afrique centrale en particulier, se préparent à lancer la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) en janvier 2021, ils doivent s’atteler à mettre au point des stratégies intelligentes pour le commerce électronique, sans lesquelles ils pourraient passer bien à côté des attentes de la quatrième révolution industrielle - un scénario à ne pas envisager du tout.

Des économistes, spécialistes de la politique de l’économie numérique, entrepreneurs et autres parties prenantes sont arrivés à cette conclusion vendredi dernier, après un échange en ligne de trois heures et demie sur le thème : «Maximiser le commerce intra-africain dans le contexte de la ZLECAf : le rôle du commerce électronique et du secteur privé». 

Cette rencontre était organisée conjointement par le Centre africain pour les politiques commerciales (CAPC) de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et son Bureau sous-régional pour  l’Afrique centrale, en collaboration avec la Commission de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC).

Le commerce électronique, qui est un échange monétaire de biens, de services et de produits d’information via Internet, jouera un rôle clé dans la deuxième phase des négociations de la ZLECAf. Il s’agit donc d’un élément encore plus impérieux pour stimuler le commerce intra-africain que ne semblent l’imaginer divers acteurs de l’écosystème.

La part de l’Afrique dans les 3,4 billions de dollars américains de l’écosystème mondial du commerce électronique n’est que de 1,3%, a déclaré Giuseppe D’Aronco - économiste des politiques en matière de TIC au Bureau de la CEA pour l’Afrique centrale.

«Un peu plus de 18% des habitants de l’Afrique centrale ont accès à Internet en ce moment, ce qui est bien en dessous de la moyenne mondiale de 48,6%», a déclaré D’Aronco en relevant les contraintes obligatoires du commerce électronique dans la sous-région.

Cependant, a-t-il fait remarquer, il existe une forte volonté politique de la part de certains États membres de la sous-région, à l’exemple du Gabon, avec un taux de pénétration général d’Internet de 50,32. De plus, 54% des Gabonais ont fait des achats en ligne l’année dernière, ce qui les place devant le Rwanda où 39% des citoyens ont effectué des transactions similaires. Dans le reste de la sous-région, ce chiffre était inférieur à 30%.

La situation ne devrait pas se présenter ainsi, a fait valoir Mamadou Bal, un autre économiste du Bureau de l’Afrique centrale, ajoutant que «la ZLECAf et l’effort de mieux bâtir à partir d’une expérience délicate de la COVID-19, offrent des possibilités de changer le contexte dans lequel les industries en Afrique centrale produisent et exportent, notamment par le biais de chaînes de valeur intégrées qui utilisent des technologies de production propres et moins coûteuses en ressources».

Il va sans dire que les moyens électroniques d’achat et de vente offrent l’opportunité d’intégrer des chaînes de valeur plus élevées et plus rentables.

Par exemple, David Mudilo, un e-entrepreneur de la République démocratique du Congo (RDC) qui dirige la place de marché www.wenze.cd a déclaré qu’au vu de son expérience, la pratique du paiement à la livraison pour les articles commandés en ligne, génère des frais indirects pour les e-commerçants liés au transport et à l’entreposage des articles non livrés. 

Il a déclaré que d’autres entrepreneurs devraient y trouver une solution en Afrique, pour ainsi élargir la chaîne de valeur autour du commerce électronique classique. Il pense qu’une solution consiste à établir un réseau de points relais pour les produits commandés électroniquement, et que diverses options de paiement intelligentes telles que l’utilisation de cartes bancaires, d’argent mobile et en espèces collectées aux points relais pourraient être toutes mises à contribution.

«Face à ce type de difficultés logistiques et systémiques qui ont entraîné la fermeture de certains géants d’e-commerce en Afrique centrale tels qu’AfriMarket, Cdiscount et Jumia, le continent doit bâtir son propre modèle de commerce électronique qui prend en compte ses besoins spécifiques et des modes de fonctionnement qui sont différents de ceux ailleurs », a ajouté Giuseppe D’Aronco à la suite de cette proposition.

Mme Angela Ndambuki, directrice régionale pour l’Afrique subsaharienne de la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI) a souscrit à cette idée, tout en ajoutant que le commerce électronique est un catalyseur clé du commerce des services que les pays africains devraient promouvoir activement parce qu’il permet d’accroître les bénéfices des petites et moyennes entreprises (PME) et des secteurs dépendants de la propriété intellectuelle tels que l’audiovisuel et l’industrie de la musique enregistrée.

Des stratégies clés pour faire face aux contraintes du commerce électronique en Afrique en général ont été répertoriées comme suit :

-        Augmenter la connectivité et la fiabilité de l’accès à l’Internet ;

-        Mettre au point des systèmes de paiement numérique spécifiques à l’Afrique ;

-        Promouvoir les investissements dans les services de commerce électronique et les start-ups ;

-        Formuler et adopter des réglementations solides sur le commerce électronique (le Rwanda a une légalisation complète) ;

-        Maintenir la logistique qui accompagne le commerce électronique, comme la distribution du courrier et les systèmes de stockage de colis et les voies de livraison ; et

-        Améliorer le climat des affaires dans les pays.

Adama Coulibaly, chef de la Section des initiatives spéciales du Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique, qui a ouvert le débat en ligne, a déclaré que la réflexion sur le commerce électronique, dans le contexte du régime de libre-échange africain, doit recevoir une attention particulière car elle va permettre d’améliorer à moyen et long termes la résilience économique en maximisant les échanges, stimulant l’innovation et la création d’emplois et favorisant le développement économique et social en général.

 

Contact média

Abel Akara Ticha – Chargé de communication

Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique

637, rue 3.069, Quartier du Lac, Yaoundé, Cameroun

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E-mail:  akara@un.org