Brazzaville, le 8 décembre 2021 (CEA) –Un nouveau pacte social, caractérisé par un dialogue permanent entre les dirigeants politiques et économiques et les « bénéficiaires », pourrait être source de diversification économique en Afrique centrale. C’est ce qu’ont déclaré lundi dernier certains des dirigeants du continent dans divers domaines.
« Nous devons penser grand et petit à la fois en abandonnant notre obsession pour les investissements directs étrangers au profit de la création des mesures incitatives à l’excellence pour les investisseurs nationaux », a affirmé Antonio Pedro, secrétaire exécutif adjoint chargé de l’appui aux programmes à la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).
Le Bureau de la Commission pour l’Afrique centrale a organisé le panel hybride de haut niveau sur la gouvernance et le changement transformationnel en vue de la diversification économique, à Brazzaville et en ligne, en guise de suivi de la 37e session de son Comité intergouvernemental de hauts responsables et experts (CIE), conjointement avec le gouvernement de la République du Congo.
M. Pedro a déclaré que la gouvernance en matière d’ingénierie pour un changement transformationnel en vue de la diversification économique, thème de la 37e session de la CIE, exigeait une certaine urgence dans la recherche de réalisations rapides telles que l’établissement d’une industrie de précurseurs de batteries en République démocratique du Congo, une semaine seulement avant le DRC-Africa Business Forum organisé conjointement par la CEA.
« La nouvelle gouvernance à laquelle nous aspirons est celle où les dirigeants rassemblent tout le monde autour d’objectifs clairs dans l’intérêt de tous », a déclaré Mme Ingrid Olga Ghislaine Ebouka-Babackas, ministre congolaise de l’Économie, de la planification, des statistiques et de l’intégration régionale, qui a également présidé l’ouverture des travaux du CIE.
« Il s’agit de soumettre les programmes de développement et de transformation des ressources les plus rentables à l’examen des acteurs et des bénéficiaires, à travers un dialogue permanent avant, pendant et après l’exécution, avec un accent particulier sur l’écoute par les dirigeants ».
M. Antonio Pedro a appelé cette approche « la licence sociale d’exploitation » qui doit d’ores et déjà être couplée à la licence de développement durable d’exploitation, non pas simplement pour cocher les cases des ODD mais plutôt comme une mesure stratégique visant à maximiser les propositions de valeur nationales et sous-régionales.
Pour l’Afrique centrale, cinq ODD sont essentiels à cet égard : l’objectif 7 sur l’énergie, l’objectif 8 sur le travail et la croissance inclusive, l’objectif 9 sur l’industrie, les infrastructures d’innovation, l’objectif 12 sur la consommation et la production responsables, l’objectif 13 sur l’action climatique et l’objectif 15 sur les écosystèmes terrestres durables.
« Dans tout cela, le secteur privé doit être placé au cœur du leadership pour la diversification économique basée sur nos vastes capitaux naturels, économiques, culturels et thérapeutiques », a reconnu M. Honoré Tabuna, commissaire de la CEEAC chargé de l’environnement, des ressources naturelles, de l’agriculture et du développement rural. M. Gilbert Ewehmeh, consultant en développement des entreprises, a soutenu que la promotion de financements innovants pour l’entreprenariat est un principe important du leadership qui doit être pris en compte.
« Nous nous sommes trop concentrés sur la gouvernance politique au détriment de la gouvernance économique », a-t-il déclaré, appelant les gouvernements à créer un environnement fiscal plus incitatif pour les entrepreneurs locaux et à préparer le terrain pour le financement de masse, les business angels (investisseurs providentiels) et le capital-risque afin de contribuer à la diversification économique.
Le système éducatif d’Afrique centrale doit de toute urgence intégrer l’initiation à l’entrepreneuriat ou le changement de mentalité, a-t-il poursuivi.
Le professeur Edgar Pieterse, directeur du Centre africain pour les villes à l’Université du Cap, a préconisé de repenser ce qu’il a appelé « le panier de la prestation de services » en Afrique centrale, en fournissant d’abord aux villes de la région des solutions infrastructurelles et des processus de transformation numérique intelligents mais prudents, qui laissent encore de la place à la productivité à forte intensité de main-d’œuvre.
Avec les nombreuses découvertes pharmaceutiques déjà réalisées par les chercheurs de divers pays d’Afrique centrale, la diplomatie scientifique devrait être mise à contribution pour que la sous-région opère des transitions rapides, compte tenu de sa richesse écologique et de sa biodiversité, a pensé le professeur Wilfred Mbacham, biotechnologiste spécialisé dans la santé publique et président fondateur de Radio Health International.
Il a déclaré qu’il était temps d’aller au-delà de simples découvertes et de dépasser les regroupements d’entreprises scientifiques et autres, uniquement autour de affinités familiales et tribales.
La sous-région doit découpler les processus scientifiques entre les États afin de capitaliser sur les résultats convergents basés sur la proposition de valeur de chaque pays.
À ce stade, « quelqu’un doit pouvoir relier les points », a-t-il déclaré, et que « la gouvernance constitue la cause et tout le reste l’effet ».
La Secrétaire-générale adjointe des Nations unies et Secrétaire exécutive de la CEA, Mme Vera Songwe, a aussi pris la parole au cours de la session.
Elle a fait référence à l’étude 2020 de la Commission sur les impacts économiques et sanitaires de la COVID-19, qui fait état d’un recul de 2,7 % du PIB réel de la sous-région en raison de la pandémie.
La situation, selon elle, exige une « gouvernance visionnaire et flexible pour engendrer une croissance inclusive et construire des économies diversifiées et créatrices d’emplois ».
« Avec trois millions de kilomètres carrés de forêt dense, représentant 6% de la canopée mondiale, l’Afrique centrale se doit d’exploiter son capital naturel, et bâtir des partenariats public-privé qui puissent identifier des transitions rapides et des actions à court terme vers le développement de chaînes de valeur stratégiques en vue de la diversification économique », a conclu Mme Vera Songwe.
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Renseignements aux médias
Abel Akara Ticha – Responsable de Communication
Commission économique des Nations unies pour l’Afrique
637, rue 3.069, Quartier du Lac, Yaoundé, Cameroun
Tél: +237 222504348
Courriel: akara@un.org
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