Yaoundé/Kinshasa, le 30 juin 2021 (CEA) – Un haut responsable du Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA/BSR-AC) a exhorté le gouvernement et les acteurs privés de la République démocratique du Congo (RDC) à s’approprier pleinement la Vision minière africaine de 2009 afin d’exploiter et valoriser durablement les gisements des minerais stratégiques du pays, relier le secteur minier aux autres secteurs de l’économie et créer des emplois et des richesses durables pour les Congolais et les autres Africains.
M. Jean Luc Mastaki, qui dirige la Section de la diversification économique et réforme des politiques à la CEA/BSR-AC, s’exprimait ainsi ce week-end à l’Université protestante du Congo lors d’une table ronde pour annoncer et souligner l’importance du prochain RDC-Afrique Business Forum ayant pour but d’encourager le développement d’une chaîne de valeur et d’un marché porteur de batteries, véhicules électriques et énergies renouvelables en Afrique. Une telle chaîne de valeur devrait être en mesure d’aider l’Afrique à s’approprier une plus grande part de la valeur créée par l’industrie des batteries et des véhicules électriques en pleine expansion, et dont le chiffre d’affaires est estimée à 8,8 mille milliards USD à l’horizon 2025.
Le RDC-Afrique Business Forum qui se tiendra sous le haut patronage du Président Antoine Félix Tshisekedi Tshilombo est co-organisé par le Ministère congolais de l’Industrie, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), Afreximbank, la Banque africaine de développement (BAD), l’Africa Finance Corporation (AFC) et la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA).
« Dans l’esprit de la Vision minière africaine, il y a un besoin urgent d’harmoniser les politiques et les programmes des divers ministères congolais - tels que ceux concernant les mines, l’industrie, la planification économique, la recherche scientifique et les finances, en vue de placer la RDC sur l’orbite de la transformation des minerais entrant dans la fabrication de la batterie pour une croissance robuste et résiliente à long terme », a proposé M. Jean Luc Mastaki.
Il a déclaré que, alors que la RDC s’emploie à intégrer son secteur minier au reste de son économie, il serait nécessaire de promouvoir un code minier et des politiques qui soutiennent l’industrialisation du pays à travers une meilleure valeur ajoutée du secteur minier et de promouvoir une approche inclusive basée portée par une stratégie ambitieuse de renforcement du contenu local.
L’économie politique actuelle de l’exploitation minière a créé une dynamique déséquilibrée où les minéraux constituent 98% des exportations de la RDC mais ne contribuent qu’à 18% au PIB du pays et aux recettes publiques et participent à concurrence de 11% pour l’emploi, a observé Mme Marit Kitaw, économiste à la Division technologie, changement climatique et ressources naturelles (TCND) de la CEA.
Elle a présenté les six segments de la chaîne de valeur mondiale de l’industrie des batteries et des véhicules électriques évalués à 8,8 mille milliards USD à l’horizon 2025. Cette chaîne de valeur comprend une composante de 11 milliards USD pour l’exploitation minière, un volet de 44 milliards USD pour la transformation des minéraux en métaux, un segment de 217 milliards USD pour la production de précurseurs, un montant de 387 milliards USD pour la fabrication de cellules de batterie, 1,8 mille milliards USD pour l’assemblage de cellules et une composante évaluée à 7 mille milliards USD (et plus) pour la fabrication de véhicules électriques. Elle a regretté que sur ce continuum, et malgré la forte dotation en ces minerais stratégiques, la RDC n’ait tiré profit que de la toute première étape - la moins rentable de la chaîne – qui est l’extraction et la vente de minerais bruts.
« La demande en minerais entrant dans la fabrication des batteries croit de manière exponentielle, les plus stratégiques d’entre eux - le cobalt, le lithium et le graphite – se trouvent en grande quantité en RDC et dans d’autres pays africains », a relevé Mme Kitaw.
« Pourquoi ne pas transformer localement ces minérais maintenant, et développer un marché continental rentable pour leurs produits finaux, tels que les batteries de véhicules électriques en Afrique et pour l’Afrique, avant que le monde ne commence à chercher leurs alternatives avec d’éventuels sauts technologiques ?», s’est-elle interrogée.
Elle a déclaré que les batteries de véhicules électriques n’étant pas faciles à transporter, il serait plus rentable de les développer et de les utiliser au sein même du marché commun intégré Africain (ZLECAf).
D’autres intervenants lors de la table ronde se sont aussi prononcés sur l’urgente nécessité pour la RDC et d’autres pays africains de se propulser vers le haut de l’échelle de la chaîne de valeur de l’industrie des batteries et des véhicules électriques.
M. Jean Dieudonné Kavese, directeur de Cabinet du ministre congolais de l’Industrie – S.E. Julien Paluku, fortement impliqué dans les préparatifs du prochain Business Forum RDC-Afrique, a déclaré qu’il était désormais temps «d’accélérer le processus d’industrialisation de la RDC ainsi que celle du continent, pour mettre fin au cercle vicieux lié à la forte dépendance aux matières premières pour ainsi céder la place à une économie plus diversifiée et résiliente ».
M. Léon Kaseya Naye, chef de cabinet de la ministre congolais des Mines – S.E. Antoinette N’Samba Kalambayi – a déclaré « qu’il est temps de mettre un terme à la réputation de la RDC de pays riche avec une population pauvre », et que « le Business Forum RDC-Afrique, en cours de préparation, offrira un cadre idéal pour la consolidation d’un secteur minier favorable au développement en RDC, conformément à la vision réitérée du président de la République et de son Gouvernement ».
M. Auguy Bolanda Menga Momene, chargé de Mission de l’Agence des zones économiques spéciales de la RDC (AZES), a martelée que « l’heure est au changement de paradigme dans le secteur minier de la RDC » en soulignant que les quatre conditions nécessaires au changement de paradigme sont : 1) la forte implication et l’appropriation de meilleures réformes politiques par le gouvernement ; 2) la participation du secteur privé ; 3) la priorité au développement des chaînes de valeur pour tirer parti du commerce mondial des produits stratégiques ; et 4) renforcer la capacité des jeunes face aux exigences du marché du travail.
En concluant les échanges sur une note positive et engagée, M. Jean Marc Kilolo, économiste à la CEA/BSR-AC, a déclaré que l’Afrique (et la RDC en particulier) regorge certains des minerais les plus stratégiques au monde, et qu’exploiter ces atouts pour promouvoir la chaîne de valeur de l’industrie des batteries et des véhicules électriques et de l’énergie renouvelable non seulement mettrait le continent sur la voie du développement durable, mais aussi le positionnerait comme un acteur incontournable dans la lutte contre le changement climatique mondial.
« Nous pouvons changer notre destin par un dialogue franc et sérieux, et c’est ce que propose le RDC-Afrique Business Forum », a-t-il clamé.
Les dates définitives dudit Forum seront annoncées incessamment sur la page web suivante: https://www.uneca.org/fr/events/central-africa/drc-business-forum .
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