Les chefs de gouvernement et les experts de toute l’Afrique qui se sont réunis au Cap-Vert déclarent que le continent aura besoin de bons mécanismes de financement après la Covid-19, afin qu’il ne sorte pas de la pandémie en perdant plus d’une décennie d’efforts consacrés au renforcement de son économie et de son capital humain.
S’adressant aux médias ce jeudi, après la cérémonie d’ouverture de la Conférence économique africaine de 2021, Nicolas Kazadi, Ministre des finances de la République démocratique du Congo, réitère l’appel lancé aux pays développés pour que ceux-ci redirigent les Droits de tirage spéciaux (DTS).
« Nous plaidons pour que les pays, en particulier les pays riches et développés, redistribuent leurs portions de DTS du Fonds monétaire international (FMI) aux pays qui en ont désespérément besoin ».
Les DTS sont des avoirs de réserve de change supplémentaires définis et maintenus par le FMI. Ces actifs peuvent être librement échangés contre des devises fortes pour payer les importations ou tout autre type de dépenses gouvernementales.
Cette année, en août, le Conseil des gouverneurs du FMI a approuvé une allocation historique de DTS d’une valeur de 650 milliards de dollars.
Cependant, en raison des règles existantes du FMI qui dictent que les DTS soiennt alloués en fonction de la taille de l’économie d’un pays, et non de ce qui est doit être fait pour faire face à une crise, les pays riches ont fini par recevoir la plus grande part des réserves.
Les pays les plus pauvres, en particulier ceux d’Afrique, se sont retrouvés avec seulement une infime partie qui n’est pas suffisante pour financer la plupart des besoins budgétaires et autres du continent.
Par exemple, les Pays à revenu élevé ont reçu près de 400 milliards de dollars américains de DTS, les Pays à revenu intermédiaire (PRI) recevant 230 milliards de dollars américains et les Pays à faible revenu (PFR) à peine 21 milliards de dollars américains.
La motivation de l’allocation, selon les mots du FMI, est de venir en aidee aux pays les plus vulnérables qui peinent à faire face à l’impact de la crise de Covid-19 », ayant une grande partie des DTS inactifs sur les bilans des économies à fort revenu, est pour le moins inutile.
Alors que le continent peine à sortir de la pandémie, M. Olavo Avelino Garcia Correia, Ministre des finances du Cap-Vert, insiste sur le fait que les petits pays comme le sien ne doivent pas être discriminés s’ils veulent développer leurs économies après la pandémie.
« Le Cap-Vert est une petite nation insulaire qui a été fortement touchée par la pandémie de Covid-19, mais en même temps c’est un Pays à revenu intermédiaire, ce qui signifie qu’il existe des restrictions d’accès au financement international. Nous espérons que nous ne serons pas discriminés en raison de ce statut », fait-il remarquer.
Selon la plupart des règles internationales, les Pays à revenu intermédiaire, quelle que soit leur taille, ont tendance à avoir un accès limité aux structures et aux mécanismes de financement destinés à soutenir les petits pays petits ainsi que les pays les plus pauvres en temps de crise.
Un exemple en est le Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et la croissance (PRGT) du FMI, un véhicule offrant les prêts à taux zéro aux Pays à faible revenu. La plupart des pays africains ont eu accès au PRGT, mais cela n’a pas suffi à satisfaire leurs besoins financiers.
Ahunna Eziakonwa, Administratrice adjointe du PNUD et Directrice régionale pour l’Afrique, souligne que le récit décrivant l’Afrique comme un continent à problèmes doit changer. Il faut plutôt y voir un continent de solutions pour le reste du monde.
« L’Afrique doit d’abord comprendre où se trouvent ses ressources et comment en tirer parti. Dans nos efforts visant à soutenir les pays, nous avons une initiative appelée le cadre de financement national intégré. Il s’agit d’un effort visant à identifier les ressources publiques et privées qui peuvent être réunies pour faire face aux tensions budgétaires auxquelles les pays sont confrontés », dit-elle.
Eziakonwa souligne également la nécessité pour les pays africains d’intégrer les chaînes de valeur régionales, affirmant que si le continent veut survivre, il doit être capable de commercer avec lui-même. « L’Afrique doit s’unir et ne former qu’une seule région pour ses ambitions commerciales. Nous encourageons les dirigeants à prendre au sérieux la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine).
La ZLECAf est un accord approuvé par les pays africains visant à intégrer le continent en un seul bloc commercial. L’Accord est officiellement entré en vigueur en janvier 2021, ouvrant une fenêtre aux pays pour commercer librement entre eux.