Yaoundé, 12 juin 2024 (CEA, PNUD, IIED) – « L’impact des zones économiques spéciales (ZES) sur le développement durable de l’Afrique est resté faible du fait de plusieurs facteurs. Nos échanges ont permis de dresser le profil idéal pour une empreinte durable et transformatrice des zones économiques que nous qualifions de "nouvelle génération", en Afrique centrale. Nous appelons à des périmètres bien définis qui apportent de la valeur ajoutée, respectent la propriété foncière à travers des compensations adéquates et recrutent la main d’œuvre locale en étant soucieux de la préservation de l’environnement » a conclu Jean Luc Mastaki, Directeur du Bureau de la CEA en Afrique centrale, au terme d’un webinaire conjointement organisé avec le PNUD et IIED.
Les 98 experts ayant participé au webinaire du 12 juin 2024 avec pour thème « promouvoir des pratiques d’affaires responsables pour des zones économiques spéciales inclusives et durables en Afrique : expériences régionales et internationales » ont recommandé 6 mesures phares pour cette fin. Premièrement, faire des ZES des piliers de la politique de développement durable à travers la transformation locale des matières premières. En deuxième lieu, investir dans la durabilité des activités industrielles à travers la régénération et le recyclage. Troisièmement, veiller à l’indemnisation effective et adéquate des personnes dépossédées des ressources foncières appelées à abriter ces clusters industriels. Quatrième mesure, renforcer la responsabilité sociale des entreprises quant à l'amélioration des conditions de vie des populations locales à travers un meilleur développement des infrastructures de base. Cinquième recommandation, promouvoir la connexion avec l'économie locale en associant durablement les entreprises et travailleurs locaux aux ZES et à leurs avantages. En sixième lieu, atténuer les incidences sociales négatives du développement de ces plateformes en permettant la poursuite et l’intégration des activités de subsistance des populations riveraines au sein du modèle d’affaires.
Le PNUD a soutenu le développement d’une ZES en Sierra Leone. Se basant sur son expérience, « les incitations pour le développement des ZES doivent répondre à une triple logique économique, sociale et environnementale bien affirmée. L’octroi de ces incitations devrait être lié au développement de la main-d'œuvre locale, à l'amélioration des compétences et à la construction des infrastructures de base. Telle approche permettrait de sélectionner des projets à fort impact socio-économique. Les entreprises nationales, notamment les PME, devront aussi bénéficier des facilités offertes par les ZES qui sont appelées à se placer au cœur du dispositif de construction de la compétitivité locale » a martelé Ligane Sene, conseiller économique, PNUD Sud-Soudan.
IIED appelle à insérer toutes ces exigences dans les textes légaux et autres documents stratégiques des pays et des organisations régionales. « Pour réussir le pari des ZES de nouvelle génération, les éléments juridiques doivent être contraignants à travers l’insertion des aspects sociaux dans les lois et politiques au-delà de la notion de "ne pas nuire". Il faut également user des canaux efficaces et accessibles pour communiquer, rendre des comptes et obtenir réparation » a indiqué Lorenzo Cotula, chercheur principal et responsable juridique.
Pour la CEA, il y a un grand intérêt à renforcer la dynamique régionale dans le développement des ZES pour une meilleure intégration des chaines de valeurs, la certification des compétences, la réalisation des économies d`échelle et la création des normes communes. Le Bureau Sous-Régional pour l’Afrique centrale de la CEA concrétise la mise sur pied de la ZES transfrontalière entre la RDC et la Zambie pour la transformation du cobalt, du cuivre, manganèse, du lithium et autres ressources minérales pour un meilleur positionnement de l’Afrique au sein de la vibrante chaîne de valeur des batteries et véhicules électriques (BVE). La RDC et la Zambie ont mis sur pied un Centre d’excellence pour le développement des compétences liées aux batteries à travers un partenariat innovant qui intègre le secteur public, le secteur privé et le monde académique. Le Bureau pour l’Afrique australe de la CEA qui est aussi impliqué dans cette initiative BVE, a, quant à lui, développé un agropole ou parc agro-industriel entre le Zimbabwe et la Zambie. Cette autre expérience souligne la place de la responsabilisation des Etats et des investisseurs quant au respect des exigences socioéconomiques et environnementales attendues des ZES.
L’Afrique compte à ce jour plus de 230 clusters industriels ou ZES avec des fortunes diverses. Pour Afreximbank, les investisseurs institutionnels conditionnent de plus en plus l’octroi des financements sollicités pour les ZES à l’assurance du respect des critères environnementaux et sociaux. Pour Christian Ndikumagenge, économiste à Afreximbank, « le plaidoyer ou l’intervention de la Banque en matière de promotion des bonnes pratiques d’affaires et engagements éthiques consiste à définir les responsabilités des acteurs, et évaluer les impacts environnementaux, sociaux et éthiques des différents projets. Durant la mise en œuvre, le modèle d’affaires de la Banque inclut la mobilisation d’un ingénieur indépendant qui effectue les vérifications d’effectivité ».
Emmanuel Mbarga, conseiller pour l'Afrique Centrale et expert principal pour les questions d'accès au marché Secrétariat de la ZLECAf, souligne que « les ZES sont des éléments de la politique industrielle en Afrique. Les produits manufacturés et biens intermédiaires qui en seront issus circuleront librement selon les préférences de la ZLECAf, comme statue la directive des ministres du commerce de l’Union Africaine ».
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