Addis-Abeba, le 21 décembre 2022 (CEA) - Il est nécessaire de réorienter les Droits de tirage spéciaux (DTS) pour aider les pays africains touchés par la crise à accéder à un financement durable afin de stimuler la stabilité et la croissance économiques.
Dans son allocution d’ouverture lors du dialogue politique sur les Droits de tirage spéciaux (DTS), le Directeur de la Division de la macroéconomie et de la gouvernance, de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), M. Adam Elhiraika, a noté que les pays africains ont besoin d’un financement abordable pour le développement après avoir été frappés par une triple crise. Il a déclaré que les DTS sont essentiels pour aider les pays africains à se remettre de ces crises.
Les DTS sont un actif de réserve international portant intérêt créé par le FMI en 1969 pour augmenter les réserves officielles des pays membres. Bien qu’ils ne soient pas des devises, les DTS sont une créance sur les devises librement utilisables des membres du Fonds monétaire international (FMI). Les DTS sont basés sur un panier de devises internationales comprenant le Dollar américain, le Yen japonais, l'Euro européen, la Livre sterling et le Renminbi chinois.
À ce jour, près de 1 000 milliards de dollars ont été alloués par le FMI, y compris les 456 milliards de dollars de DTS équivalant à 650 milliards de dollars approuvés en août 2021 pour aider les Pays à revenu faible et intermédiaire à faire face aux effets de la COVID-19.
Déplorant que les chocs externes qui ont frappé le monde au cours des deux dernières années ont annulé les gains socio-économiques et les efforts consentis pour protéger les communautés vulnérables en Afrique, M. Elhiraika a déclaré que la pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine ont fait grimper les prix des aliments, des engrais et de l’énergie mettant ainsi de nombreux pays africains dans une situation économique difficile.
En outre, les coûts d’importation des produits essentiels tels que le blé, le maïs et le pétrole brut ont doublé pour plusieurs pays, les pays occidentaux ayant augmenté les coûts d’emprunt pour les gouvernements africains et le secteur privé.
« Ces crises ne sont pas le résultat de mauvaises politiques macroéconomiques des pays africains, mais au contraire les pays africains continuent d’avoir des politiques macroéconomiques saines qui les ont aidés à traverser la tempête lors des deux dernières années ; cependant les pays africains ont besoin de liquidités maintenant pour faire face aux nombreuses tensions sur les moyens de subsistance », a insisté M. Elhiraika.
La CEA, en collaboration avec les ministères africains, a plaidé et mobilisé un soutien pour une nouvelle émission et la réaffectation des DTS aux pays dans le besoin. La CEA a également poussé à la réforme de l’architecture financière internationale afin de faciliter l’accès facile aux ressources financières par les pays africains.
« Il est également nécessaire de réorienter les DTS, ce qui suscitera davantage d’engagement et requerra que les engagements financiers actuels soient accélérés et alloués au Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et la croissance (PRGT) et le nouveau Fonds pour la résilience et la durabilité (RST), a-t-il déclaré, ajoutant que cela contribuera à garantir que ces fonds fiduciaires soient financés de manière adéquate pour aider les gouvernements africains à répondre aux chocs.
La CEA a élaboré un guide sur les DTS pour aider les décideurs politiques et les autres parties prenantes à comprendre et à prendre des décisions éclairées sur l'accès et l'utilisation des DTS émis par le FMI.
Faisant un exposé sur le Guide des DTS, M. Daouda Sembene, Consultant de la CEA, a indiqué que depuis la création des DTS, le FMI a procédé à quatre allocations générales et à une allocation spéciale des DTS. Actuellement, le FMI dispose de deux options pour rétrocéder des DTS aux Pays à faible revenu par le biais du FFRPC et du SRT.
M. Sembene a déclaré qu’en théorie, les DTS pourraient être acheminés vers les détenteurs prescrits par le FMI par l’intermédiaire des banques multilatérales de développement afin d’augmenter leur capacité de prêt.
« Le potentiel d’utilisation des DTS est énorme, mais malheureusement, cela ne peut pas être atteint en raison de l’ancien cadre applicable aux DTS et donc la pression pour les réformes est la voie à suivre » a déclaré M. Sembene, admettant que la répartition des DTS était inégale d’où la nécessité de moderniser le système de DTS au profit des Pays à revenu faible et intermédiaire.
« Le pouvoir de mobilisation de la CEA peut garantir que les ministères de l’économie et des finances se réunissent et suscitent une prise de conscience sur la question des DTS. Il s’agit d’un petit pas mais d’un pas important pour s’assurer que les décideurs politiques soient conscients des DTS et cela nécessite une coalition de toutes les parties prenantes », a-t-il déclaré.
Mme Hanan Morsy, Secrétaire exécutive adjointe et Économiste en chef de la CEA a souligné l’urgence de réorienter les DTS, et le besoin pour l’Afrique de s’exprimer d’une seule voix pour une demande collective.
« Le Groupe de travail de haut niveau sur l’architecture financière mondiale a appelé à des réformes du FMI sur l’architecture financière mondiale, en particulier en ce qui concerne les DTS », a déclaré Mme Morsy.
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