Addis-Abeba, le 9 février 2022 (CEA) - La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) devrait accroître le commerce intra-africain de services de transport de près de 50 %, selon les dernières estimations de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).
Les estimations sur les « répercussions de la Zone de libre-échange continentale africaine pour la demande de transport, d’infrastructures et de services », publiées par la CEA lors du cinquième Forum des entreprises africaines le 7 février, indiquent qu’avec une ZLECAf en valeurs absolues, plus de 25 % des gains commerciaux africains dans le domaine des services du commerce intra-africain iraient uniquement au transport ; et près de 40 % de l’augmentation de la production de services en Afrique concernerait les transports.
Les recherches menées par des experts de la Section de l’énergie, des infrastructures et des services de la CEA dévoilent les opportunités d’investissement de la ZLECAf dans le secteur des transports.
Vera Songwe, Secrétaire générale adjointe de l’ONU et Secrétaire exécutive de la CEA, déclare que la ZLECAf devrait « augmenter considérablement les flux de trafic sur tous les modes de transport : routier, ferroviaire, maritime et aérien », mais que ces gains ne seraient optimisés que si la ZLECAf s’accompagne de la mise en œuvre de projets d’infrastructures régionales.
Robert Lisinge, Chef de la section de l’énergie, des infrastructures et des services à la CEA, déclare que « les routes se tapent actuellement la part du lion du fret en Afrique ». Il souligne que « la ZLECAf offre une opportunité d’établir un réseau ferroviaire africain. Cela augmenterait la demande de fret intra-africain de 28 % ; la demande de fret maritime connaîtra la plus forte augmentation ».
Selon les résultats de la recherche, la ZLECAf nécessite 1 844 000 camions pour les cargaisons en vrac et 248 000 camions pour le fret de conteneurs d’ici 2030. Cela passe respectivement à 1 945 000 et 268 000 camions si les projets d’infrastructure prévus sont également mis en œuvre.
La plus grande demande de camions pour soutenir la ZLECAf se situe en Afrique de l’Ouest (39 %) ; la demande de l’Afrique de l’Ouest vers l’Afrique australe est de 19,8 % et de l’Afrique australe vers l’Afrique de l’Ouest de 9,9 %.
Les questions clés examinées pour la recherche consistaient à savoir comment la mise en œuvre de la ZLECAf affecterait la demande d’infrastructures et de services de transport ? Quelle serait la demande pour les différents modes de transport, et quelles seraient les implications pour l’investissement dans le développement des infrastructures ? Quels seraient les besoins en infrastructures et équipements pour les différents modes de transport ?
M. Lisinge fait remarquer que la ZLECAf et les programmes d’infrastructures de transport en Afrique sont intrinsèquement liés et devraient être mis en œuvre simultanément. Il déclare que les autoroutes transafricaines (TAH) et le Programme de développement des infrastructures (PIDA) et le Marché unique africain du transport aérien (SAATM) devraient être prioritaires au même niveau que la ZLECAf.
Transport routier
« Le réseau routier africain est insuffisant, mais la mise en œuvre des projets prévus augmentera considérablement sa taille. L’Afrique doit moderniser des sections de ses routes pour faire face à l’augmentation du fret généré par la ZLECAf », affirme M. Lisinge.
« La croissance du trafic de marchandises devrait être plus élevée dans certaines sections du réseau routier africain que la croissance moyenne à l’échelle du continent. La mise en œuvre de la ZLECAf doublera le fret routier de 201 à 403 millions de tonnes ».
La mise en œuvre des projets TAH et PIDA, dit-il, augmente la capacité des réseaux de transport pour s’adapter à la croissance du fret. Récolter les énormes avantages de la ZLECAf pour le secteur des transports nécessite la mise en œuvre de programmes régionaux d’infrastructures et de services.
Transport ferroviaire
En ce qui concerne le transport ferroviaire, les estimations de la CEA montrent que le réseau ferroviaire africain est insuffisant, mais la mise en œuvre du PIDA et d’autres projets prévus augmentera considérablement sa taille. La mise en œuvre des projets prévus augmentera le réseau de près de 26 500 km.
La ZLECAf nécessite 97 614 wagons pour les cargaisons fret en vrac et 20 668 wagons pour le fret conteneurisé d'ici 2030. Cela passe respectivement à 132 857 et 36 482 wagons si les projets d'infrastructure prévus sont également mis en œuvre.
Transport maritime
La mise en œuvre de la ZLECAf doublerait le fret maritime de 58 à 131,5 millions de tonnes. Le réseau maritime africain comprend 142 liaisons reliant 65 ports ; le fret maritime représente 22,1% du transport de marchandises intra-africain. Sa part augmentera de 0,6 % à 22,7 % si la ZLECAf et les projets d’infrastructure prévus sont mis en œuvre.
La ZLECAf nécessite 126 navires pour les cargaisons en vrac et 15 navires pour les conteneurs arrimés d’ici 2030. Le nombre de navires baisserait à 121 et 14 navires respectivement si les projets d’infrastructure prévus sont également mis en œuvre.
Transport aérien
Le réseau de transport aérien du continent comprend un total de 14 762 routes aériennes (reliant chaque aéroport aux 121 autres aéroports).
La mise en œuvre de la ZLECAf doublerait le nombre de tonnes transportées par voie aérienne de 2,3 à 4,5 millions.
En 2019, le transport aérien ne représentait que 0,9 % du transport de fret intra-africain. La mise en œuvre de ladite zone doublerait le fret aérien de 2,3 à 4,5 millions de tonnes. Le trafic aérien devrait donc doubler en 2030 par rapport à 2019.
À propos de la ZLECAf
L’Accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est entré en vigueur en 2019 mais sa mise en œuvre a commencé en 2021.
Des négociations sur l’investissement, les droits de propriété intellectuelle, la politique de concurrence et le commerce électronique sont toujours en cours. L’objectif de la ZLECAf est de créer un marché continental unique pour les biens et services, avec une libre circulation des personnes et des opportunités d’investissements, tout en améliorant la compétitivité et en soutenant la transformation économique.
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