Lomé, Togo, le 12 mai 2025 – Plus de 500 participants, dont des chefs d’État, des ministres des finances, des gouverneurs de banques centrales, des partenaires au développement et des représentants de la société civile, se sont réunis à Lomé pour la toute première Conférence de l’Union africaine sur la dette, organisée autour du thème : « L’agenda africain de gestion de la dette publique : restaurer et préserver la viabilité de la dette ».
Organisée par la Commission de l’Union africaine en partenariat avec le Gouvernement de la République togolaise, la conférence de trois jours s’est tenue sous le haut patronage de S.E. Faure Gnassingbé, Président du Conseil des ministres de la République du Togo, qui a ouvert les travaux en appelant à « une ambition africaine collective, fondée sur la souveraineté, la solidarité et la stabilité régionale ». Il a invité les participants à repenser les règles mondiales en matière de dette, en soulignant que « la dette, utilisée de manière stratégique et responsable, doit servir le bien commun ».
Dans son discours d’ouverture, le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), M. Claver Gatete, a averti que « l’Afrique ne fait pas seulement face à une crise de la dette – elle est confrontée à une crise du développement. » Il a articulé cinq impératifs pour restaurer la souveraineté budgétaire de l’Afrique et transformer sa dette en un levier de transformation :
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Repenser la dette comme un outil de développement – « La dette n’est pas mauvaise en soi. Ce qui importe, c’est son utilisation », a déclaré M. Gatete. Il a insisté sur la nécessité d’emprunter pour des investissements productifs dans l’énergie, les infrastructures et l’industrie, plutôt que pour la consommation.
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Renforcer la transparence et la gestion de la dette – Le Secrétaire exécutif a souligné que « la transparence doit évoluer vers une culture de responsabilité », en appelant à des stratégies nationales de gestion de la dette englobant l’ensemble des engagements, y compris ceux des entreprises publiques.
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Réformer l’Architecture financière mondiale – Qualifiant le système actuel d’«obsolète et axée sur les créanciers », M. Gatete a plaidé pour une réforme du Cadre commun du G20 et pour la création rapide d’une agence africaine de notation de crédit, adaptée aux réalités et au potentiel du continent.
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Renforcer le financement vert et innovant - Soulignant le rôle d'instruments tels que les obligations vertes et bleues, les échanges dette-climat et les prêts liés à la durabilité, M. Gatete a fait remarquer que l'Afrique doit être à l'avant-garde du financement de la lutte contre le changement climatique.
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Accroître la mobilisation des ressources nationales – Soulignant l’importance de la réforme fiscale, de la numérisation et de la lutte contre les flux financiers illicites, il a encouragé les États africains à développer des marchés financiers solides pour réduire leur dépendance à la dette extérieure. « N’oublions pas la ZLECAf », a-t-il ajouté, « qui demeure la réponse structurelle la plus puissante de l’Afrique. »
Appuyant ces messages, le Président de la République du Ghana, S.E. John Dramani Mahama, est revenu sur l’expérience de son pays en matière de restructuration de la dette, en soulignant qu’ « une dette soutenable ne se mesure pas seulement au ratio dette/PIB, elle se mesure à l’usage qui en est fait et à la gouvernance qui la sous-tend ». Il a appelé à une voix africaine unie pour réclamer une architecture financière mondiale plus juste.
De son côté, le Commissaire Moses Vilakazi, représentant la Commission de l’Union africaine, a rappelé que « la crise de la dette publique en Afrique est devenue une crise du développement humain ». Il a appelé à des solutions menées par les Africains pour renforcer la transparence, mobiliser davantage de ressources internes et promouvoir des chaînes de valeur régionales via la ZLECAf.
La conférence devrait se conclure par l’adoption de la Déclaration de Lomé sur la dette africaine, qui définira une position commune du continent en matière de gouvernance de la dette et guidera les futures négociations et réformes.
« L’Afrique n’est pas sans solutions », a conclu M. Gatete. « Ce qu’il nous faut, c’est une action de principe, unifiée – et la CEA est prête à marcher à vos côtés sur ce chemin. »