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Le Ghana et la Côte d’Ivoire tracent la voie à suivre pour développer des chaînes de valeur agricoles transfrontalières et un agroparc commun

15 août, 2025
Ghana and Côte d’Ivoire chart pathways to develop cross-border agricultural value chains and a common Agro-park

Abidjan, Côte d’Ivoire, le 15 août – Afin de renforcer le commerce régional et le développement agricole, des acteurs ivoiriens et ghanéens se sont réunis pour examiner un projet de rapport d’évaluation sur les chaînes de valeur transfrontalières du cacao et du riz. Cette initiative, pilotée par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) en collaboration avec la Commission de l’Union africaine (CUA) et la CEDEAO, vise à améliorer la diversification, la création de valeur ajoutée et le commerce intra-africain dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).

L’initiative est mise en œuvre dans le cadre du renforcement des capacités des États membres à développer des chaînes de valeur agricoles régionales afin de promouvoir la diversification et le commerce intra-africain. Elle vise également à renforcer la volonté politique et la capacité des États membres à appliquer les lignes directrices de l’UA pour le développement de chaînes de valeur agricoles régionales en Afrique, sous l’égide du programme des agroparcs africains communs (PAAC) piloté par l’UA.

La décision d’identifier et d’intégrer des produits de base supplémentaires au parc agro-industriel commun entre la  Côte d’Ivoire et le  Ghana façonnera la stratégie de diversification dudit parc, renforcera sa bancabilité et garantira sa réponse aux besoins plus larges des deux pays en matière de sécurité alimentaire, de commerce et de résilience climatique, a déclaré la Cheffe de la Division du développement rural et Cheffe par intérim de la Division de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, à la Commission de l’Union africaine, Mme Janet Edeme.

Selon Mme Edeme, le PACA est une initiative phare de l’Union africaine et constitue l’un des piliers les plus ambitieux de l’Agenda 2063. Il vise à transformer structurellement nos économies agricoles grâce à des écosystèmes agro-industriels transfrontaliers intégrés.

Elle a souligné que le lancement de l'étude de préfaisabilité du PACA marque la première étape technique vers la création d’un programme d’investissement bancable pour le Parc agro-industriel commun envisagé entre la Côte d’Ivoire et le Ghana. Par ailleurs, le processus du Fonds vert pour le climat (FVC) du PACA, en cours, permettra de préparer un programme d’investissement dédié à la résilience climatique pour les deux pays, leur permettant ainsi d’accéder à des financements climatiques substantiels et de catalyser les investissements du secteur privé.

Mme Edeme a appelé toutes les parties prenantes – publiques et privées, nationales et régionales – à s’engager pleinement sur les plans politique, technique et financier dans cette initiative afin de garantir que ledit Parc commun devienne un modèle de coopération industrielle transfrontalière, un moteur de transformation agricole intelligente face au climat et une source de dignité et de prospérité pour des millions de nos exploitants agricoles, transformateurs et commerçants.

La Cheffe de la Section du foncier et de l’agriculture de la CEA, Joan Kagwanja, a souligné le potentiel transformateur de la ZLECAf dans son discours d’ouverture. Adoptée en 2018 et opérationnelle depuis 2021, ladite Zone est l’une des plus grandes en matière de libre-échange au monde et couvre un marché de 1,2 milliard de personnes qui devrait atteindre 2,5 milliards d’ici 2050.

« La ZLECAf n’est pas seulement un accord commercial : c’est un outil qui a pour objectif de démanteler les frontières coloniales, de favoriser le développement durable et de réaliser l’Agenda 2063 de l’UA », a déclaré Kagwanja. Elle a souligné que les chaînes de valeur agricoles régionales sont essentielles à la sécurité alimentaire et à la transformation économique du continent.

La CEA, en partenariat avec la CUA, a élaboré des lignes directrices pour le développement des chaînes de valeur agricoles régionales en Afrique, approuvées par l’UA en 2019. Ces lignes directrices fournissent un cadre aux décideurs politiques pour promouvoir une croissance agricole durable et le commerce intra-africain.

Dans le cadre de cet effort, la CEA a lancé un projet pilote en Zambie et au Zimbabwe, axé sur les chaînes de valeur du maïs et des produits laitiers. L’initiative qui s’est désormais étendue à la Côte d’Ivoire et au Ghana, cible deux produits de base stratégiques, à savoir le cacao (une culture d’exportation essentielle) et le riz (un aliment de base essentiel).

Les discussions ont porté sur la première phase de cette initiative, qui consiste à évaluer les défis, les contraintes et les opportunités liés au développement de chaînes de valeur transfrontalières pour le cacao et le riz. Les goulots d’étranglement et les lacunes des cadres politiques, réglementaires et institutionnels existants ont également été identifiés et évalués. Les résultats de l’atelier serviront de base à une étude de préfaisabilité pour un projet de Parc agro-industriel commun (PAAC) entre les deux pays d’Afrique de l’Ouest. Un tel parc stimulerait l’agro-industrie, réduirait les pertes après récolte et améliorerait le commerce transfrontalier.

« Le développement de chaînes de valeur efficaces pour le cacao et le riz entre la Côte d’Ivoire et le Ghana permettra non seulement d’accroître le commerce intrarégional, mais aussi de favoriser la collaboration entre les décideurs politiques, les industries et le monde universitaire », a souligné Mme Kagwanja.

Pour sa part, le Coordinateur du Programme communautaire de développement (PCD) de la CEDEAO, Abdoulaye Zonon, a exprimé le soutien de la CEDEAO à cette initiative, qui s’inscrit dans le cadre des efforts de la Commission visant à renforcer la coopération transfrontalière et le développement industriel en Afrique de l’Ouest. La CEDEAO a récemment révisé sa politique industrielle régionale, le secteur agroalimentaire figurant parmi les secteurs prioritaires.

Le Directeur de la production et de la compétitivité industrielle, M. Esse Rodrigue, a souligné l’engagement du gouvernement à privilégier le développement des chaînes de valeur comme élément constitutif de la réalisation du plan national de développement 2020-2025, qui a donné la priorité à sept pôles pour promouvoir le développement industriel, dont le secteur agroalimentaire. La deuxième phase de cette initiative comprend des activités de renforcement des capacités, des réformes et des initiatives visant à promouvoir les chaînes de valeur transfrontalières et les agroparcs entre la Côte d’Ivoire et le Ghana.

Étaient également présents à la réunion, Diabate Inza du Ministère du commerce de Côte d’Ivoire, Zonon Abdoulaye de la CEDEAO), renforçant le rôle du programme dans l’intégration économique régionale.

Le rapport final guidera les décideurs politiques dans la mise en œuvre de stratégies concrètes visant à renforcer ces chaînes de valeur. En cas de succès, le modèle pourrait être reproduit dans d’autres États de la CEDEAO et contribuer ainsi à la réalisation des ambitions agricoles et industrielles de l’Afrique dans le cadre de la ZLECAf.