Addis-Abeba, le 17 novembre 2023 – La poursuite du développement industriel durable en Afrique, en particulier à l’ère de l’Industrie 4.0, exige une stratégie nuancée qui harmonise l’innovation technologique et le développement du capital humain.
Les chercheurs présents, à la Conférence économique africaine 2023, à Addis-Abeba, en Éthiopie, ont délibéré sur cet impératif, partageant leurs idées sur le potentiel de transformation de l’Industrie 4.0 pour un progrès économique durable sur le continent.
Au cours de la session dédiée, de jeunes chercheurs ont présenté des articles soulignant le rôle essentiel des politiques dans la promotion de l’innovation technologique et du développement du capital humain. Un article intitulé, « Améliorer la productivité industrielle et la compétitivité en Afrique : Un accent sur l’innovation technologique et le développement du capital humain », a souligné la nécessité d’une approche holistique. L’étude, menée par Segun Subair Awode et Musa Olanrewaju Oduola, a analysé les données de 32 pays africains entre 1996 et 2021. Elle a révélé une relation nuancée entre l’innovation technologique, le développement du capital humain, la productivité industrielle et la compétitivité à travers le continent. Alors que l’innovation technologique a eu un impact négatif sur la productivité industrielle, le développement du capital humain est apparu comme exerçant une influence positive considérable. Cependant, l’étude met l’accent sur la relation symbiotique entre l’innovation technologique et le développement du capital humain, générant un impact synergique positif sur la productivité industrielle.
Lors de la présentation de l’article, Awode a souligné que la formulation et la mise en œuvre de politiques qui soutiennent l’innovation technologique et le développement du capital humain sont impératives pour le développement industriel durable en Afrique. Il a mis en exergue la nécessité de fournir des efforts concertés pour faciliter les partenariats de transfert de technologie avec les pays développés et les sociétés multinationales afin d’introduire des technologies de pointe dans les industries locales. « À l’ère de l’Industrie 4.0, nous avons besoin d’une stratégie qui harmonise l’innovation technologique et le développement du capital humain pour piloter le processus industriel en Afrique », a fait remarquer Awode ; ajoutant l’importance d’investir dans le développement du capital humain et d’établir des mécanismes pour retenir les talents.
Pour aborder le développement du capital humain, Awode a plaidé pour une refonte des programmes éducatifs afin de les aligner sur les besoins de l’industrie, en mettant fortement l’accent sur la formation pratique. Il a également appelé à investir dans les compétences techniques et les programmes de formation professionnelle pour remédier à la pénurie de travailleurs qualifiés et retenir les talents sur le continent.
Cependant, Moctar Seydou, Économiste national au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a suggéré l’idée de se concentrer sur l’Afrique pour renforcer la pertinence de l’article pour le continent. Malgré cette critique, l’article a fourni des informations précieuses sur la dynamique complexe de l’innovation technologique, du capital humain et du développement industriel en Afrique.
Dans un autre article présenté lors de la session, Micheal Efah Asamoah a exploré la relation qui existe entre les Investissements directs étrangers (IDE) et la croissance du secteur réel en Afrique, médiée par le capital humain. L’étude a identifié des seuils importants dans la relation entre les IDE et la croissance du secteur réel et souligne l’importance des politiques sectorielles pour le développement du capital humain.
La session comprenait également un article réalisé par Akim Almouksit et Wissal Sahel, axé sur le changement structurel et l’Initiative nationale pour le développement humain au Maroc. L’étude a fourni des informations infranationales, révélant que le programme de développement humain a un impact positif sur la croissance de la productivité, notamment par le biais de changements structurels.
Lorenzo Mancini, Économiste principal au PNUD, a félicité les auteurs pour leur approche globale, reconnaissant l’importance des connaissances infranationales. Cependant, il a remis en question les recommandations des articles, appelant à des recherches plus approfondies.