Kigali, le 6 avril 2022 : - Les économies d’Afrique de l’Est, qui luttent déjà pour se remettre d’un ralentissement induit par la Covid-19, sont confrontées à une autre crise alors qu’elles gèrent les effets de la crise ukrainienne », déclare Mama Keita, Directrice du Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique de l’Est.
La CEA estime que la pandémie de COVID-19 a entraîné une contraction du PIB réel de l’Afrique de 3 % en 2020 et que le ratio dette/PIB de l’Afrique a augmenté de 10 à 15 points de pourcentage en 2021, contre environ 60 % en 2019, les gouvernements ayant emprunté pour atténuer les conséquences socio-économiques de la pandémie.
S’exprimant lors du webinaire ECA-EABC sur le financement de la reprise post-COVID-19 et l’état des négociations de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et les implications pour le secteur privé dans la CAE, Mme Keita explique que la crise ukrainienne a augmenté les prix des denrées alimentaires, le pétrole et les engrais à des niveaux inquiétants, menaçant ainsi gravement le pouvoir d’achat des ménages et les efforts de réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition.
« La relance de l’Afrique après la pandémie de COVID a été entravée par une inflation plus élevée, des conditions financières mondiales plus strictes ; la hausse des taux d’intérêt et la crise ukrainienne ont encore aggravé la situation », explique-t-elle. Elle appelle à des partenariats entre les secteurs public et privé pour accroître le commerce intra-africain dans l’agroalimentaire, l’industrie et les services, renforcer la résilience face aux chocs externes tels que la crise ukrainienne et s’inscrire dans une trajectoire de développement durable.
Paraphrasant la Secrétaire exécutive de la CEA, Mme Keita souligne que l’Afrique n’a pas besoin d’un autre plan Marshall car elle dispose d’un instrument puissant, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) à utiliser pour accélérer l’intégration régionale et économique et se préparer à des temps incertains.
M. John Bosco Kalisa, PDG de l’EABC, déclare : « La ZLECAf devrait augmenter le revenu réel de l’Afrique à 450 milliards de dollars soit 7% d’augmentation et le commerce intra-africain de 81 % d’ici 2035 selon une étude de la Banque mondiale.
M. Kalisa appelle les gouvernements à faciliter les échanges dans le cadre de la ZLECAf, car 57 % des obstacles non tarifaires sont dus aux procédures douanières. Il appelle à la pleine implication du secteur privé dans les stratégies nationales de mise en œuvre de la ZLECAf, à l’élimination des barrières non tarifaires et à la lutte contre l’asymétrie de l’information pour stimuler le commerce en Afrique.
S’exprimant lors de la table ronde sur la ZLECAf et les implications pour les entreprises dans la CAE, Marie-Angelique Umulisa, Directrice du commerce, Secrétariat de la CAE, déclare que les États partenaires de la CAE ont adopté l’offre tarifaire de ladite Communauté pour les produits de catégorie A (90,1 % du total des lignes) et l’ont soumise au Secrétariat de la ZLECAf. Elle déclare que dans le cadre de la ZLECAf, il y a des négociations en cours sur les règles d’origine pour des produits importants, à savoir le coton, le textile, les vêtements et les véhicules à moteur.
Tirer le meilleur parti de la ZLECAf
Pour tirer le meilleur parti de la ZLECAf, le rôle de la fabrication, des services et de la valeur ajoutée a été à juste titre signalé comme des domaines prioritaires à considérer. Ces éléments de la Zone de libre-échange seront des facteurs décisifs dans l’amélioration des termes de l’échange et du potentiel commercial de l’Afrique de l’Est sur le marché continental.
M. Paul Makanza, Président de la Confédération des industries de Tanzanie (CTI), qui a également pris la parole lors du webinaire, appelle les entreprises d’Afrique de l’Est à proposer des produits de bonne qualité et abordables pour être compétitifs dans le cadre de la ZLECAf. Il exhorte les gouvernements à veiller à ce que les réglementations soient prédictives et propices à la prospérité et à l’expansion des PME et des entreprises en Afrique de l’Est et sur le continent.
M. Simon Kaheru, Vice-Président de l’EABC, explique que la ZLECAf élimine les droits de douane sur le commerce intra-africain et libéralise le commerce grâce à des instruments juridiques coordonnés et harmonisés, améliorant ainsi la compétitivité tant au niveau de l’entreprise qu’au niveau industriel.
M. Stuart Mwesigwa-Directeur du Conseil d’administration de l’EABC, dans ses remarques de clôture, appelle à une plus grande collaboration sur le développement de la technologie et des compétences sur le continent.
Le webinaire ECA-EABC a réuni environ 150 hauts fonctionnaires, acteurs du secteur privé, médias, universités et partenaires de développement de la région de la CAE.
Approfondir les réformes structurelles et diversifier la base productive ; autoriser les exportateurs de pétrole à utiliser la manne pour soutenir la reprise économique et reconstituer les tampons politiques ; améliorer les filets de sécurité sociale pour atténuer l’impact de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie sont quelques-unes des recommandations aux ministres des finances et du commerce pour soutenir la relance financière de l’Afrique après la COVID-19 et la crise ukrainienne.
Pour bénéficier des 1,3 milliards de marchés continentaux, les parties prenantes ont recommandé des campagnes de sensibilisation sur la ZLECAf, la finalisation des règles d’origine dans le cadre de la ZLECAf, la facilitation de l’accès au financement du commerce, le développement des corridors, l’inclusion des PME et des jeunes dans la ZLECAf, la finalisation des offres tarifaires restantes, la valeur ajoutée, l’harmonisation des règles et procédures et la facilitation des échanges.
Publié par
Bureau pour l'Afrique de l'Est
Commission économique pour l'Afrique