En ligne, 1er mars 2022 (CEA) - L'impact socio-économique de la Covid-19 sur les ménages et les entreprises en Afrique, un aspect moins étudié des répercussions de la pandémie, a été au cœur des échanges lors d'un webinaire conjoint des Bureaux de la CEA pour l’Afrique du Nord, l’Afrique de l'Ouest et l'Institut Africain de Développement Economique et de Planification (IDEP) lundi 28 février.
Cette rencontre a été l’occasion pour les auteurs du rapport conjoint CEDEAO-PAM-CEA sur le Suivi sur les Impacts de la COVID-19 en Afrique de l’Ouest, du rapport de la CEA sur l'impact de la Covid-19 sur les entreprises nord-africaines et d'une étude en cours sur l'accès des PME et des entreprises familiales au financement en Afrique du Nord de présenter une série de recommandations. Objectif : atténuer l'impact de la pandémie sur le plan micro-économique, mais aussi renforcer la résilience des pays à l’heure où l'Afrique s’apprête à faire face à des chocs supplémentaires dont la hausse des prix des denrées alimentaires et de l'énergie déclenchée par le conflit en Europe de l'Est et les dommages profonds et durables causés par le changement climatique.
Parmi les recommandations ainsi présentées figurent le maintien des mesures sanitaires contre la Covid-19, l'augmentation de la disponibilité des vaccins, la mise en place de mesures de protection sociale pour freiner la montée de l'insécurité alimentaire en Afrique de l'Ouest et la mobilisation de ressources extérieures pour financer la reprise économique.
Des millions de personnes en Afrique de l'Ouest incapables de subvenir à leurs besoins alimentaires
Selon le rapport de suivi CEDEAO-PAM-CEA sur les impacts de la Covid-19 en Afrique de l'Ouest, la pandémie se caractérise par un impact durable sur les ménages ouest-africains. En effet, le nombre de ménages vivant dans l'extrême pauvreté (moins de 1,9 USD par jour) a augmenté de 2,4 % en 2020 et de 2,9 % en 2021. Par ailleurs, 70 % des habitants des bidonvilles interrogés ont déclaré sauter des repas ou manger moins en raison de la crise. Malgré l'amélioration de la disponibilité des denrées alimentaires à la suite de la levée des restrictions sanitaires, les prix et l'inflation sont restés élevés, et la plupart des ménages ouest-africains ne sont pas revenus à leur situation d'avant la Covid-19.
L'étude a également révélé qu'en 2021, dans les zones touchées par les conflits comme le bassin du lac Tchad, la région du Liptako-Gourma ou le Sahel, les ménages ont même été réduits à vendre leurs moyens de production et que près de 25 millions de personnes ont été incapables de subvenir à leurs besoins alimentaires, soit 34 % de plus qu'en 2020.
« Les ménages restent très dépendants du travail informel et des envois de fonds de leurs familles à l’étranger. Des solutions sont nécessaires pour stabiliser les revenus des ménages et réduire leur dépendance vis-à-vis de facteurs hors de leur contrôle », a déclaré Karima Bounemra Ben Soltane, Directrice de l'Institut Africain de Développement Economique et de Planification.
La crise de la Covid-19 est une crise structurelle et pèse lourdement sur les entreprises
Selon les experts de la CEA, la Covid-19 ne devait pas être traitée comme une simple crise conjoncturelle mais comme une crise structurelle. Les décideurs africains devront par conséquent mettre en œuvre des politiques transversales et sectorielles qui aideront les économies nationales à se redresser, se transformer, assurer la survie des entreprises les plus productives face au choc, préserver l'emploi et la productivité. Il sera également nécessaire d’adapter les modèles de développement de manière à renforcer la résilience des économies.
Les recherches sur l'impact de la Covid-19 sur les entreprises nord-africaines ont également révélé que, dans le cas de la Tunisie, les secteurs les plus touchés par la pandémie et souffrant de la plus grande incertitude concernant les perspectives de redressement de l’emploi et des chiffres d'affaires sont le tourisme, la restauration et la construction. Ces secteurs ont également connu les plus importantes baisses d'investissements, avec - 22,8 % pour l'hôtellerie, le tourisme et la restauration ; - 22 % pour la construction et - 17,1 % pour le secteur des transports.
L'étude sur la Tunisie a révélé que l'accès aux liquidités et au financement tous secteurs confondus a joué un rôle clé dans la capacité des entreprises à survivre à la crise, à se développer et à innover. Ce problème se pose particulièrement pour les petites et micro-entreprises, qui ont été plus vulnérables à la crise en raison de leur faible capacité financière.
Outre les réformes, les experts ont recommandé qu'une attention particulière soit accordée aux micro, petites et moyennes entreprises (PME), et en particulier aux entreprises familiales, compte tenu du rôle clé qu'elles ont à jouer dans l’émergence d’une reprise économique inclusive et la création d'emplois. Les mesures devraient inclure le renforcement de leur gestion financière pour améliorer leur capacité à obtenir des financements, à les utiliser de manière plus efficace et transparente, à renforcer leur productivité et leur respect de l’environnement.
Les entreprises familiales peuvent faciliter la participation des femmes au marché du travail
Les micro, petites et moyennes entreprises (PME) sont actuellement le plus gros employeur en Afrique du Nord. Parmi elles - si l'on inclut le secteur informel - les entreprises familiales sont la forme de propriété et de gestion la plus courante dans la sous-région et peuvent constituer une source d’emplois significative pour les jeunes et les femmes. Elles ont par ailleurs tendance à être plus résilientes pendant les crises que les PME non familiales.
« Les entreprises familiales sont importantes car elles constituent la majorité des PME en Afrique du Nord. Elles peuvent également aider à attirer davantage de femmes sur le marché du travail, car elles se caractérisent par une proportion plus élevée d'entreprises détenues par des femmes que les entreprises non familiales. Ceci est important dans notre sous-région où la participation des femmes au marché du travail est très faible comparée à celle des hommes et des femmes dans le reste du monde », a déclaré Zuzana Brixiova Schwidrowski, Directrice du Bureau de la CEA pour l'Afrique du Nord.
Le webinaire sur "L'impact socio-économique de la Covid-19 sur les ménages et les entreprises en Afrique" s'est tenu le 28 février 2022 dans le cadre d'une série de conférences en amont de la 8ème session du Forum régional africain pour le développement durable prévue le 3- 5 mars 2022 sous le thème « Construireun avenir meilleur : Une Afrique verte, inclusive et résiliente prête à réaliser l'Agenda 2030et l'Agenda 2063 ».
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