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La réunion des ministres africains des finances s’ouvre sur les Droits de tirage spéciaux, la numérisation et la diversification

23 mars, 2021

Addis-Abeba, Éthiopie, le 23 mars 2021 (CEA) - La cinquante-troisième session de la Conférence des ministres africains des finances (COM) s’est ouverte à Addis-Abeba avec des déclarations fortes de dirigeants de haut niveau, parmi lesquels le Premier Ministre d’Éthiopie, Abiy Ahmed et le Premier Ministre de la Barbade, Mia Motley, saluant la décision prise ce vendredi, par les sept plus grandes économies avancées du monde de soutenir l’expansion des Droits de tirage spéciaux du FMI pour aider les pays en développement à faire face à la pandémie de coronavirus.

Félicitant la CEA pour son rôle dans le plaidoyer en faveur des DTS, le Premier Ministre Ahmed déclare : « Les ministres africains des finances et du développement économique, avec la CEA, ont été au premier plan des discussions sur la réponse face à la crise de la COVID19 et ont proposé des solutions qui ont profité non seulement au continent mais au monde, comme l’Initiative de suspension du service de la dette et maintenant la poursuite des Droits de tirage spéciaux ». L’Initiative de suspension du service de la dette (DSSI) a fourni plus de 5 milliards de dollars à l’Afrique en 2020.

Les DTS jouent un rôle influent dans la finance mondiale et aident les gouvernements à consolider leurs réserves et à fournir des devises pour le commerce. Ils sont également utilisés comme base de prêts des facilités de prêt cruciales du FMI en cas de crise, l’institution utilisant les instruments pour calculer ses prêts aux pays dans le besoin.

Le Premier Ministre éthiopien appelle les dirigeants et les institutions du monde entier à soutenir les mesures visant à atténuer les effets de la COVID-19 sur les citoyens et les économies africains.

« L’Afrique a démontré qu’elle est non seulement capable de faire face à cette crise, mais qu’elle est également prête à formuler et mettre en œuvre des solutions », dit-il, ajoutant que les pays africains doivent se concentrer sur la transformation numérique, une économie climatiquement ingénieuse et le cadre institutionnel de mise en œuvre et de responsabilité alors qu’ils réagissent et se réajustent vers une relance résiliente verte face à la pandémie.

« Sur l’économie numérique, nous devons intensifier nos investissements - une tendance suralimentée par la pandémie de COVID-19. L’économie numérique est à la fois une source de croissance et un vecteur clé de la concurrence pour d’autres secteurs productifs ».

Le Premier Ministre exhorte le continent à « bâtir des institutions résilientes capables de mettre en œuvre des réformes pour aider le continent à relever les défis de l’avenir ».

« Cela nécessite des réformes, un consensus, un suivi et un changement de cap. C’est le meilleur ancrage que nous puissions construire alors que nous nous préparons collectivement à la prochaine crise. Nous avons besoin d’institutions continentales, d’institutions régionales et d’institutions nationales pour être solidaires », affirme-t-il.

Le Premier Ministre Motley, qui est également Président du Comité de développement conjoint de la Banque mondiale et du FMI, félicite également le FMI d’avoir agi rapidement pour soutenir les pays, mais déclare que les pays, en particulier les pays vulnérables à revenu intermédiaire, ont besoin de plus de liquidités et demande que « les pays riches s’engagent pour l’autre moitié de leurs DTS supplémentaires et non utilisés aux pays en développement » pour les aider à répondre de manière adéquate à la crise sanitaire et économique déclenchée par la pandémie.

Sur la question de la disponibilité des vaccins dans les pays en développement, le Premier Ministre Motley déclare : « Nous ne pouvons pas laisser la volonté de vacciner le monde aux forces incontrôlées du marché. Nous avons besoin d’une approche globale pour la vaccination. Il ne s’agit pas d’un bien à acquérir, c’est un impératif. Il n’y a pas de retour en arrière. Nous devons réformer la ligne, redoubler d’efforts et aller de l’avant ».

« La COVID-19 nous a arrêtés dans notre élan. Nous avons besoin d’une réponse plus globale à la crise la plus profonde des cent dernières années ».

Pour sa part, la Secrétaire exécutive de la CEA, Vera Songwe, déclare : « Il y a maintenant un réel élan pour une action collective sur les DTS lors des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à la suite de la récente réunion des ministres des finances du G7 et nous nous en félicitons ».

Elle ajoute : « Il y a eu un découplage de la réponse du monde entre les pays avancés et les pays en développement. Les économies avancées ont réagi rapidement pour consolider leurs économies en fournissant des milliers de milliards de dollars de liquidités. Sur les vaccins, un découplage d’accès et enfin sur la politique fiscale. Pour mieux construire l’avenir et combler ces lacunes, les DTS constituent la clé des solutions pour les économies émergentes et frontalières ».

Mme Songwe dit que l’Afrique n’est pas encore sortie de la pandémie. Elle a besoin de liquidités pour passer de la réponse à la relance et une prolongation du DSSI jusqu’à la fin de l’année, fait-elle remarquer, ajoutant que l’émission de nouveaux DTS est urgente.

« Alors que le monde développé passe de la réponse à la relance, l’Afrique ne doit pas être laissée pour compte », signale-t-elle, ajoutant que la relance du continent doit être axée sur la création d’emplois et des emplois verts.

L’augmentation de la pauvreté peut conduire à des pièges de pauvreté « de niveaux plus bas et de périodes plus longues », compromettant les acquis. Cela, mentionne Mme Songwe, signifie que des liquidités supplémentaires doivent être acheminées vers le secteur privé et les petites et moyennes entreprises, moteur de l’économie africaine. Les pays doivent mettre en place des réformes propices, ajoute-t-elle.

Le Ministre des finances du Ghana, Ken Ofori-Atta, s’exprimant depuis Accra, déclare : « Notre approche pour vaincre cette pandémie fera la différence entre une décennie perdue et une relance rapide qui nous mette sur une trajectoire de croissance durable ». Il dit que placer l’industrialisation et la numérisation soucieuses du climat à la base de la relance et de la transformation structurelle de l’Afrique est la clé d’une relance verte.

« L’industrialisation de l’Afrique est une bonne stratégie non seulement pour l’Afrique mais aussi pour le monde », déclare le Ministre ghanéen.

Il ajoute que maintenant plus que jamais, l’Afrique doit prioriser le renforcement de la résilience, trouver de nouveaux modèles de financement pour soutenir une relance durable, stimuler les capacités de fabrication nationales pour créer des emplois et atténuer les risques de la chaîne d’approvisionnement mondiale, en tirant parti de l’intégration africaine et des chaînes de valeur régionales et ; intensifier la transformation numérique et l’innovation inclusive.

Le Président sortant du Bureau de la COM et Ministre marocain de l’économie, des finances et de la réforme administrative, Mohamed Benchaâboun, pour sa part déclare : « En effet, les nouvelles technologies numériques permettent non seulement d’augmenter la résilience des pays africains face à des chocs exogènes de plus en plus imprévisibles, mais elles peuvent également initier un processus d’industrialisation durable qui contribuerait à diversifier les économies africaines, à accroître leur valeur ajoutée, à réduire leur dépendance vis-à-vis du monde extérieur, à accroître leur productivité et à améliorer leur capacité de création d’emplois ».

Minouche Shafik, Directrice de l’École d’économie de Londres et ancien Gouverneure adjointe de la Banque d’Angleterre, déclare que les pays africains ont l’opportunité de « brûler des étapes » vers des soins de santé universels abordables en mesure d’aider pendant de telles crises grâce aux innovations numériques et technologiques.

Elle dit que la situation actuelle offre une opportunité « dans laquelle nous pouvons définir un nouveau contrat social en Afrique ».

L’opportunité, déclare Mme Shafik, vient du fait que de nombreux pays africains sont en train de passer d’un contrat social qui repose fortement sur la famille à un contrat dans lequel l’État aide à assumer certaines responsabilités, comme la prise en charge des malades et des chômeurs. L’objectif, ajoute la Directrice de la LSE, est d’obtenir un meilleur équilibre entre la sécurité et les opportunités sur le continent, en s’inspirant de la crise actuelle de la COVID-19.

Les panels de haut niveau se sont concentrés sur la question à savoir si le système multilatéral est préparé pour la crise de la COVID-19 et si le secteur privé en fait assez ; pour gérer la dette et les liquidités et le rôle du secteur privé, et se sont également posés la question à savoir si l’Afrique est prête à financer son propre vaccin.

La réunion hybride de cette année se tient sous le thème, « Industrialisation durable et diversification de l’Afrique à l’ère du numérique dans le contexte de la Covid-19 ».

Publié par :
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