Nairobi, Kenya, le 29 mars 2023 (CEA) - Les pays africains doivent promouvoir la libre circulation des personnes à travers leurs frontières pour stimuler le commerce intra-africain, déclare le Directeur de la Division de l’intégration régionale et du commerce, de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Stephen Karingi, qui appelle à la ratification rapide du protocole sur la libre circulation des personnes.
L’Union africaine, reconnaissant l’importance des compétences des ressources humaines pour le développement du continent, a adopté le Protocole sur la libre circulation des personnes en 2018. Si le Protocol a été signé par 33 États membres, seuls quatre pays l’ont ratifié à ce jour.
« L’état d’avancement de la ratification est pour le moins décourageant, étant donné que le Protocole vise à faciliter l’intégration régionale en général, et la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) en particulier », déclare M. Karingi. Il s’exprimait lors d’une réunion du groupe d’experts de deux jours qui se tenait à Nairobi, au Kenya, et qui avait pour objectif d’examiner un rapport d’orientation sur le thème, « La libre circulation des personnes pour le commerce : Vers une ratification accélérée du Protocole de l’UA sur la libre circulation des personnes à l’appui de la mise en œuvre de la ZLECAf ».
Le rapport d’orientation, résultat d’une étude conjointe de la Commission de l’Union africaine (CUA) et de la CEA, montre les avantages de la libre circulation des personnes par rapport à la mise en œuvre de la ZLECAf et identifie les facteurs à l’origine de la lenteur de la ratification du Protocole. Cette dernière a été attribuée à un manque de connaissances et d’appréciation des avantages de la libre circulation des personnes, à une méconnaissance du Protocole, à un manque de volonté politique, et à des problèmes de sécurité et de santé.
En outre, l’étude recommande « des campagnes de plaidoyer et de sensibilisation animées ciblant les États membres et la société civile pour lancer des processus nationaux de ratification du Protocole ».
M. Karingi note que si certaines des préoccupations concernant la ratification du Protocole sont valables, les décideurs politiques et les citoyens africains doivent être informés du soutien disponible afin de répondre à certaines des préoccupations techniques soulevées.
Le Protocole sur la libre circulation des personnes fait partie du traité instituant la Communauté économique africaine. Il est reconnu comme un outil visant à faciliter la mobilité de la main-d’œuvre et des compétences dans l’accélération du commerce en Afrique.
Déplorant que le commerce intra-africain soit aussi bas que 15 %, M. Karingi indique qu’il est important que les gouvernements africains adoptent la libre circulation des personnes, car cela permettra aux Africains de profiter pleinement des avantages de la ZLECAf.
« La libre circulation des personnes peut dynamiser l’entrepreneuriat et le commerce, ainsi qu’offrir des opportunités d’emploi et lutter contre la pauvreté et les inégalités », affirme M. Karingi.
Le rapport d’orientation fournit également des preuves que les pays qui obtiennent un score élevé sur l’Indice de facilité d’obtention de visa (Visa Openness Index) ont réalisé des gains dans le commerce, le tourisme et l’emploi. Par exemple, les Seychelles ont enregistré une augmentation annuelle de 7 % du tourisme international entre 2009 et 2014, grâce à l’accès sans visa sur leur territoire à tous les Africains.
M. Oliver Konje, Directeur du commerce international, au Département d’État du commerce et de l’entreprise du Kenya, dit que la libre circulation des personnes « stimule le tourisme, atténue la pression démographique dans les pays d’origine et augmente les échanges culturels au niveau sous-régional ».
Pour sa part, la Directrice du commerce des services, de l’investissement, des droits de propriété intellectuelle et du commerce numérique au secrétariat de la ZLECAf, Emily Mburu-Ndoria, souligne que la libre circulation des personnes est un vecteur clé pour la réussite de la mise en œuvre de la ZLECAf parce que les entrepreneurs peuvent se déplacer à travers le continent et ainsi stimuler la croissance économique.
« Le commerce et la mobilité sur le continent africain sont étroitement liés et la mise en place de meilleures conditions de mobilité des travailleurs a le potentiel de réduire les taux de chômage, de promouvoir l’intégration et le panafricanisme », déclare Mme Mburu-Ndoria, dans des remarques prononcées par Désiré Loumou, Experte principale en commerce au secrétariat de la ZLECAf.
Alors que la libre circulation des personnes soulève des inquiétudes quant à la perte d’emplois des travailleurs locaux et des fournisseurs de services dans les pays de destination, Mme Mburu-Ndoria déclare que les gains et les avantages du commerce au sein de la ZLECAf l’emportent sur ces inquiétudes. Elle recommande une approche équilibrée, qui traite de la sensibilité de la mobilité liée à la sécurité, à la santé et à l’environnement.
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