Addis-Abeba, le 5 août 2022 (CEA) - En amont de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27) de 2022, la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et les Champions du climat des Nations Unies ont organisé la « Table ronde africaine sur les initiatives visant à accélérer l’action climatique et à faire progresser les ODD » et la « Réunion de coordination du Groupe africain des négociateurs sur le changement climatique et des points focaux nationaux de la CCNUCC » qui s’est déroulé du 2 au 4 août 2022.
Les évènements ont réuni des parties prenantes clés des secteurs public et privé, pour présenter à la fois les réussites des investissements du secteur privé dans les domaines climatiques ainsi que les initiatives climatiques prêtes à l’investissement dans les États membres en vue d’assurer une meilleure réalisation de l’action climatique à une échelle et à une vitesse pour renforcer les économies africaines et la résilience.
La table ronde a fourni une plate-forme de délibérations sur les mécanismes catalytiques visant à mobiliser les investissements dans le financement climatique et le secteur privé pour renforcer la résilience climatique ainsi que pour faire avancer l’Agenda 2063 et le Programme 2030. L’évènement consistait en six tables rondes couvrant les questions d’accès à l’énergie, de sécurité alimentaire, de transformation numérique, de marchés de crédits carbone, d’économie bleue, d’eau et de villes. Chaque session s’est concentrée sur les canaux et les moyens d’augmenter le financement autour d’initiatives concrètes, d’opportunités d’investissement et de mesures politiques dans les domaines de l’action climatique.
Le Groupe africain des négociateurs (AGN) s’est également réuni pour diriger les négociateurs et les points focaux de la CCNUCC de tout le continent afin de délibérer sur les principales questions en suspens des négociations sur le changement climatique et de discuter des dernières informations sur la route vers la COP 27.
Alors que la guerre en Ukraine a entraîné la hausse des prix des denrées alimentaires, du carburant et des engrais et le resserrement budgétaire aux États-Unis et au Royaume-Uni, la Secrétaire générale adjointe de l’ONU et Secrétaire exécutive de la CEA, Vera Songwe, a souligné que la « conversation… ne concerne pas seulement la relance » ; il s’agit de résilience. Nous devons collectivement tirer parti de nos instruments pour créer une industrie qui soit forte face à ces chocs. À cet égard, la CEA a lancé la Facilité de liquidité et de durabilité (LSF) pour améliorer l’accès des pays africains au marché en augmentant la liquidité de leurs instruments de dette. La LSF pourrait faire économiser aux émetteurs africains jusqu’à 11 milliards de dollars sur cinq ans en frais d’intérêts. En outre, la Facilité vise à encourager les investissements liés aux ODD, notamment en augmentant les émissions d’obligations vertes.
La Secrétaire générale adjointe de l’ONU, Amina J. Mohammed, a parlé de l’importance de l’investissement du secteur privé : « Le secteur privé jouera un rôle clé pour déterminer si nous réussissons ou échouons » ; la Commission économique pour l’Afrique estime que l’investissement dans les secteurs verts de l’Afrique apporte un rendement pouvant atteindre 420 % en valeur ajoutée et 250 % en création d’emplois ».
M. Mahmoud Mohieldin, Champion des Nations Unies pour le climat et Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le financement de l’Agenda 2030, a souligné l’importance de se concentrer sur la mise en œuvre et de fournir des financements directement aux projets qui assurent la résilience climatique et améliorent la vie des populations.
S.E M. Ahmed Shide, Ministre des finances de la République fédérale démocratique d’Éthiopie, a souligné les effets du changement climatique en Éthiopie et les solutions locales pour y faire face : « le changement climatique affecte considérablement l’espace budgétaire du pays et affecte les plus vulnérables. Nous soutenons activement le secteur de l’énergie solaire par le biais de diverses incitations et nous nous engageons à réduire de 68,8 % les émissions de carbone d’ici 2030 ».
La CEA aide également les pays membres de la Commission sur le climat du Bassin du Congo à développer un marché du carbone à haute intégrité dans la région, ce qui pourrait contribuer de manière significative à combler le déficit de financement pour la résilience climatique et la mise en œuvre des ODD. Arlette Soudan Nonault, Ministre de l’environnement, du développement durable et du Bassin du Congo de la République du Congo a déclaré « cette initiative pourrait contribuer de manière significative à la régulation du climat mondial tout en mobilisant les revenus dont l’Afrique a besoin pour s’adapter au changement climatique. Avec un prix d’au moins 50 dollars la tonne, il existe un potentiel de génération d’environ 15 milliards de dollars par an pour les pays africains.
La CEA a également soutenu une étude qui a montré que le coût de la production de précurseurs de batteries à proximité de la source d’extraction des minéraux des batteries en République démocratique du Congo serait de 15 à 20 % moins cher que les autres destinations et contribuerait à 30 % d’émissions en moins que s’il était fabriqué en Asie.
Réitérant les appels précédents de Vera Songwe et du ministre égyptien des affaires étrangères et Président désigné de la COP27, Sameh Shoukry Ephraim Shitima, Président du Groupe africain des négociateurs, a appelé à ce que la COP27 se concentre sur la mise en œuvre, à ce que les promesses financières soient tenues et à des engagements concrets des nations développées. « Le Groupe africain appellera non seulement à la réalisation de l’objectif de 100 milliards de dollars qui aurait dû être atteint depuis 2020, mais à une augmentation d’au moins 150 milliards de dollars par an jusqu’en 2025 ».
La table ronde africaine a montré l’importance d’une collaboration continue entre les secteurs public et privé ainsi qu’entre les autres parties prenantes concernées. Et dans la discussion, des appels ont été lancés pour une transition énergétique juste qui donne la priorité à un financement climatique accessible, abordable et socialement responsable. En outre, il a été plaidé pour que l’Afrique tire parti de l’opportunité d’un marché des crédits carbone et d’autres mécanismes de financement innovants tels que les échanges dette-climat et les obligations liées aux ICP qui peuvent être utilisés pour réduire le coût du capital, fournir des crédits plus longs et plus obtenir des prêts et faire preuve d’une plus grande stabilité politique, ce qui attire à son tour de nouveaux investisseurs. Un consensus a été trouvé pour inciter les pays en développement à respecter leurs engagements climatiques et à exiger de la transparence et des délais précis quant à la date à laquelle ces engagements seront tenus. Les contributions des tables rondes seront utilisées pour consolider la Position commune de l’Afrique lors de la COP27.
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