Vous êtes ici

La Bad dénonce l'injustice du fardeau climatique sur l'économie africaine

28 octobre, 2022

 

Le Coordonnateur du fonds spécial pour le climat et le développement de la Banque africaine de développement (BAD), M. James Kinyangi a dénoncé l'injustice vécue par l'Afrique qui porte le lourd fardeau des changements climatiques alors qu'elle pollue très peu, dans son intervention à la dixième conférence sur les changements climatiques et le développement de l'Afrique (CCDA-X) démarrée mercredi à Windhoek.

"...le fardeau du changement climatique sur les économies et les moyens de subsistance africains est disproportionnellement élevé, malgré la faible part du continent dans les émissions mondiales de carbone." s'est insurgé M. Kinyangi.

Il se réfère au Rapport sur les perspectives économiques en Afrique, de  2022  qui estime que l'Afrique a perdu environ 5 à 15 % de sa croissance annuelle du PIB par habitant entre 1986 et 2015 et qu'en outre, le continent a besoin de 7 à 15 milliards de dollars américains par an pour renforcer sa résilience et s'adapter au changement climatique, sinon le continent pourrait potentiellement perdre environ 50 milliards de dollars américains par an (environ 3 % du PIB) à cause des effets du changement climatique en 2030.

Analysant les statistiques, M. Kinyangi relève que selon les tendances actuelles, le déficit annuel de financement climatique de l'Afrique - la différence entre les besoins de financement climatique et les ressources disponibles - se situerait entre 118,2 milliards de dollars US et 145,5 milliards de dollars US de 2020 à 2030.

Le même  rapport 2022 sur les Perspectives économiques en Afrique estime que  le financement des contributions déterminées au niveau national des pays africains nécessitera entre 1,3 et 1,6 billion de dollars US ; avec une moyenne de 1,4 milliards de dollars US requis sur la période 2020-2030.

Parlant du déficit de financement pour les pertes et dommages, le représentant de  la Bad déplore que ce déficit soit évalué  entre 289 et 441 milliards de dollars US et que le déficit de financement se situe entre 99,9 milliards de dollars américains et 127,2 milliards de dollars américains, soit une moyenne de 108 milliards de dollars par an, pour la période 2022-2030.

M. Kinyangi s'est également intéressé aux impacts de la pandémie de COVID-19 sur les économies et les sociétés africaines, les graves effets de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire et le surendettement et déplore que  les pays africains soient dans une situation difficile.

Il a invité la Cop 27 à assurer la reconnaissance des besoins et des circonstances spécifiques du continent en matière de changement climatique, compte tenu de sa grande vulnérabilité aux impacts négatifs du changement climatique, bien qu'il soit responsable d'une partie négligeable (2,8 %) des émissions mondiales cumulées de gaz à effet de serre.

La réunion mondiale du climat est également invitée à  élever le dialogue pour tenir les engagements des pays africains, conformément à l'Accord de Paris en 2015 et au récent Pacte climatique COP 26 de Glasgow.

Ce grand rendez-vous annuel mondial sur le changement climatique devrait également mettre l'accent sur la mobilisation des ressources, pour canaliser le financement climatique au-delà des flux actuels de 18,3 milliards de dollars américains entre 2016 et 2019. 

Les parties africaines sont appelées à poursuivre les délibérations sur la manière de concrétiser l'objectif mondial d'adaptation dans le cadre de l'Accord de Paris et les engagements connexes pris par les pays développés à Glasgow afin de doubler leur financement d'adaptation jusqu'en 2025 par rapport aux niveaux de 2019.

"La trajectoire future de l'Afrique dépend fortement du mix de production du continent et de la mesure dans laquelle il tirera parti de sa dotation naturelle en ressources renouvelables, " a –t- il souligné.

Participent  aux assises de Windhoek, des ministres, des spécialistes des changements climatiques, des décideurs, des chercheurs et des universitaires, ainsi que des représentants de la société civile, du secteur privé et des groupes de jeunes et de femmes.

Plus grande rencontre africaine sur les changements climatiques, la CCDA est un espace de dialogue phare de l’initiative ClimDev-Afrique, fruit d’un partenariat entre la Commission de l’Union africaine (CUA), la Banque africaine de développement (BAD) et la Commission économique pour l’Afrique (CEA).