Yaoundé/N’Djamena/Addis-Abeba, 30 mars 2020 (CEA) – Un manque d’approvisionnement en énergie, des insuffisances dans les liaisons de transport à l’intérieur et vers l’extérieur, une faible connectivité numérique, des compétences limitées, un accès limité au financement et un cadre réglementaire peu propice pour les entreprises, sont autant de causes qui entravent le potentiel de production industrielle des zones urbaines du Tchad.
Il incombe donc au gouvernement tchadien de remédier à ces déficits tout en «augmentant l’offre de terrains aménagés et viabilisés autour des grandes villes pour freiner le développement inorganisé non planifié, par la création de zones économiques spéciales qui combinent l’accès aux infrastructures, et l’institution de réformes réglementaires et administratives pour faciliter le fonctionnement des industries » autour des espaces urbains.
C’est ce qu’a déclaré Antonio Pedro, directeur du Bureau Afrique centrale de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), mardi 30 mars 2021 lors d’une revue virtuelle du volet urbanisation du plan directeur d’industrialisation et de diversification économique du Tchad (PDIDE), avec plusieurs experts interministériels, des représentants du secteur privé et des universitaires.
Ce volet a été développé par la section Urbanisation de la CEA à la demande du gouvernement du Tchad pour compléter le cadre de stratégies du PDIDE qui a été adopté en mars 2020 après 18 mois de travail entre la CEA et des experts tchadiens.
Le cadre du PDIDE vise à faire passer le taux de croissance économique du Tchad d’environ -2% (en 2017) à plus de 8% par an à l’horizon 2030.
Outre l’examen approfondi de la manière dont les villes productives feraient de l’urbanisation planifiée un nouveau pilier clé de la réalisation du PDIDE du Tchad, la nouvelle sous-stratégie comporte trois autres axes, notamment: le ciblage des secteurs économiques, le système spatial national et le financement et la coordination.
Même avec un taux d’urbanisation relativement faible (seulement 23,1% en 2018) par rapport à ceux des autres pays du Sahel, le gouvernement tchadien doit avancer avec une stratégie consolidée pour faire face à une croissance rapide prévue de la population urbaine, compte tenu de sa propre projection selon laquelle 70% des Tchadiens devront vivre dans les zones urbaines à l’horizon 2030, a déclaré Tidjani Chetima de la CEA.
Dans un tel scénario, la création d’emplois productifs massifs, en particulier pour les jeunes, deviendrait capitale.
C’est pourquoi, a fait remarquer M. Chetima, un ciblage avisé des secteurs économiques devient nécessaire.
«Le Tchad a identifié les domaines tels que l’agro-industrie, la construction, les énergies renouvelables et les technologies de l’information comme des secteurs prioritaires pour l’industrialisation et la diversification économique. Toutefois, il doit mettre l’accent sur la chaîne de valeur agricole et tirer parti des investissements publics dans les méga-infrastructures et les programmes de logement pour développer le secteur de la construction », a-t-il souligné.
Se concentrer sur la construction serait vital pour la croissance, étant donné que le Tchad accuse d’énormes lacunes dans l’offre de logements urbains, bien que ce secteur constitue 20% de son PIB.
Concernant le système spatial national du Tchad, les efforts d’industrialisation et de diversification économique doivent bénéficier d’une attention particulière sur environ 1 à 3 villes, avec N’Djamena surtout, afin de maximiser les ressources rares et les chances de réussite. Il s’agirait de développer les infrastructures de commerce et de transport, ainsi que des zones économiques spéciales reliées aux villes et zones rurales déjà existantes afin de tirer le meilleur parti des économies d’agglomération.
Quant à la composante financement et coordination de la sous-stratégie d’urbanisation, le Tchad est invité à améliorer la performance de son administration fiscale, de poursuivre la décentralisation fiscale et de renforcer la gouvernance économique. Ceci, tout en assurant la coordination horizontale des efforts entre les ministères, départements et organismes; la coordination verticale entre les différents niveaux de gouvernement; et la coordination transversale entre les secteurs public et privé.
Mallaye Douzounet, directeur de l’analyse économique au ministère tchadien de l’Économie, de la Planification du développement et de la coopération internationale, a déclaré que le taux de croissance démographique élevé de son pays de 3,6%, tout en posant des défis à l’utilisation des ressources, était également une opportunité de développer la classe moyenne grâce à de nouvelles habitudes de consommation qui dynamiseraient le processus d’industrialisation.
Selon Adama Coulibaly qui dirige la Section des initiatives sous-régionales du Bureau Afrique centrale de la CEA, à travers le PDIDE, conçu conjointement avec des experts tchadiens, le Tchad devrait passer du mode économique de rattrapage à un mode économique créatif, pour devenir le miracle de la sous-région Afrique centrale.
Tant les responsables que les experts tchadiens d’une part, et ceux de la CEA d’autre part, attendent avec impatience la mise en œuvre du PDIDE, considérée comme prioritaire par le président Idriss Déby Itno.
-FIN-
Contact médias
Abel Akara Ticha – Chargé de communication
Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique
637, rue 3.069, Quartier du Lac, Yaoundé, Cameroun
Tél: +237 222 50 43 48
Courriel: akara@un.org