Addis-Abeba, 24 mai 2023, (CEA) – L’Afrique doit accélérer la mise en œuvre intégrale de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et créer un environnement commercial propice afin d’attirer la participation du secteur privé dans l’une des plus grandes zones de libre-échange du monde, exhortent les experts.
La ZLECAf est une zone de libre-échange lancée en 2019 par les pays africains dans le but de créer un marché continental unique, rassemblant une population d’environ 1,3 milliard de personnes et totalisant un Produit Intérieur Brut (PIB) d’environ 3 400 milliards de dollars américains. Malgré sa promesse de stimuler le commerce en Afrique, les perceptions de ses avantages au sein du secteur privé du continent sont mitigées, selon un indice lancé par la Commission économique pour l’Afrique (CEA).
Pour mieux comprendre comment les entreprises africaines percoivent la ZLECAf et comment elles peuvent soutenir au mieux le secteur privé par le biais du commerce, la CEA a développé l’Indice des affaires par pays de la ZLECAf (ACBI) avec le soutien financier de l’Union européenne (UE). L’Indice permet aux décideurs politiques concernés de discerner les goulots d’étranglement au sein du commerce intra-africain au niveau national, ce qui permet en retour a ces dernier d’identifier les obstacles qui entravent la mise en œuvre efficace de la ZLECAf du point de vue du secteur privé.
La CEA a récemment organisé une réunion du groupe d’experts (EGM) pour présenter la méthodologie et les conclusions de l’Indice afin d’éclairer la mise en œuvre de la ZLECAf.
Ouvrant la réunion, la Secrétaire exécutive adjointe et Économiste en chef de la CEA, Mme Hanan Morsy déclare : « L’ACBI est le premier outil complet basé sur un cadre méthodologique solide visant à collecter et analyser des données à travers lequel les entreprises peuvent exprimer leur point de vue sur la mise en œuvre de la ZLECAf. Les conclusions de l’ACBI apportent une contribution significative au programme de développement de l’Afrique en identifiant les goulots d’étranglement à résoudre pour assurer un commerce plus inclusif dans le cadre de la ZLECAf ».
Prenant la parole à la même réunion, le Chef de la politique et de la coopération de la délégation de l’Union européenne auprès de l’Union africaine, M. Thomas Huyghebaer souligne que « le développement et le déploiement de l’ACBI dans 13 pays sont une composante du succès de l’initiative UE-CEA dont l’objectif est d’approfondir l’intégration commerciale en Afrique vers la mise en œuvre effective du projet de la ZLECAf ».
M. Manasseh Ntaganda, Chargé principal des politiques, au Département de l’intégration et du commerce, à la Commission de l’Union africaine, souligne que le travail de l’ACBI complétera les activités de l’UA sous le thème retenu pour 2023, « Accélérer la mise en œuvre de la ZLECAf pour faire avancer le programme d’intégration africaine ». Il met en évidence l’importance d’avoir un environnement favorable au secteur privé pour conduire un développement inclusif et durable en Afrique. L’une des pistes consiste à étendre l’ACBI à tous les pays africains afin d’obtenir une image précise de la position du secteur privé sur le commerce dans le cadre de la ZLECAf.
Le Coordonnateur du Centre africain pour la politique commerciale, M. Melaku Desta, souligne que le succès de la ZLECAf dépend de sa mise en œuvre et de la participation du secteur privé, qui doit comprendre la ZLECAf, se l’approprier et la piloter afin de mettre à profit les opportunités qu’offre cette dernière. « Grâce à l’ACBI, nous contribuons à faire en sorte que les communautés d’affaires soient aux commandes de la mise en œuvre de la ZLECAf », ajoute-t-il.
Pour sa part, Mme Olajobi Makinwa, Cheffe des relations intergouvernementales et des questions de l’Afrique, au Pacte mondial des Nations Unies, déclare que la mise en œuvre intégrale de la ZLECAf favorisera le développement économique et social en Afrique.
Les recherches de la CEA montrent que l’industrie et les services, principalement les transports et le tourisme, tireront le plus de bénéfices de la ZLECAf.
L’ACBI offre des informations utiles sur la façon dont les entreprises africaines perçoivent le commerce et font des affaires dans le cadre de la ZLECAf. Les rapports de l’ACBI ont montré les résultats obtenus en Angola, en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo, en Égypte, au Gabon, au Kenya, au Maroc, en Namibie, au Nigéria, au Rwanda, au Sénégal, en Afrique du Sud et en Tunisie.
Cet outil regroupe l’opinion des entreprises en Afrique et l’articule en un indice qui classe les pays en fonction de la manière dont ils mettent en œuvre la ZLECAf du point de vue des entreprises. La méthodologie de recherche pour cet Indice s’est concentrée sur trois dimensions clés à savoir : la restriction et l’utilisation des biens, les accords de libre-échange africains et les connaissance et l’utilisation de l’environnement commercial.
Notant que l’ACBI fournit un outil de suivi et d’évaluation unique et puissant pour les États membres africains afin d’évaluer et de comprendre le rôle que peut jouer le secteur privé dans le nouvel environnement de la ZLECAf, Wafa Aidi, Économiste à la CEA, déclare que l’Indice peut contribuer de manière significative au commerce et au développement inclusif de l’Afrique en identifiant les goulots d’étranglement dans les régimes commerciaux.
« L’ACBI peut contribuer à renforcer la participation du secteur privé à la ZLECAf, s’il est étendu au niveau régional. Sur la base des simulations de la CEA, la part du commerce intra-africain peut être augmentée jusqu’à 25 % d’ici 2045 en assurant la participation active du secteur privé », ajoute-t-elle.
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