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L’Afrique lance une plate-forme pour faire face aux conséquences de la crise ukrainienne

9 mai, 2022
Africa launches a platform to deal with the Ukraine crisis shocks

Addis-Abeba, le 9 mai 2022 - Deux ans après l’apparition de la COVID-19, l’Afrique a retenu un certain nombre de leçons qui s’avéreront précieuses tandis que le continent affronte la nouvelle crise alimentaire, énergétique et des engrais qui se répercute dans le monde entier comme en témoigne la guerre russo-ukrainienne qui crée des perturbations historiques dans le commerce mondial et les produits de base.

Les études en cours offriront sans aucun doute avec le temps des explications convaincantes sur les raisons pour lesquelles l’impact global de la COVID-19 sur le continent est resté faible. Mais déjà, deux choses sont claires : l’Afrique a réagi collectivement, et elle a réagi tôt – et cela a payé.

Plus de 38 pays se sont confinés dans les trois mois suivant la crise. Alors que les confinements ont causé des dommages incalculables à de nombreuses économies, ils ont permis aux pays d’évaluer leur capacité à réagir et de commencer à mettre en place des systèmes de réponse rapide. Du Sénégal au Togo, du Kenya à l’Angola, de nouveaux systèmes numériques ont été mis en place et ceux existants mis à profit pour gérer la crise.

Pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique de l’Ouest, de nouveaux protocoles ont été adoptés pour gérer le commerce transfrontalier et le trafic associé, et ceux-ci ont été harmonisés entre les régions.

Les efforts de collaboration phares pendant la crise ont été essentiels pour préserver et renforcer la résilience de l’Afrique pendant la pandémie. C’est l’audace des ministres des finances africains, le rôle de leadership du CDC Afrique et la capacité de financement de la BAD et d’AFREXIMBANK qui ont aidé le continent à atténuer une menace qui, à un moment donné, semblait pratiquement existentielle.

Un exemple clé d’un tel leadership imaginatif et visionnaire a été la création de la Plate-forme africaine de fournitures médicales et de l’AVAT, le Fonds africain pour l’acquisition des vaccins, qui a permis au continent de s’approvisionner en fournitures indispensables pour lutter contre la pandémie à des prix compétitifs.

Face à une nouvelle crise, l’Afrique doit s’appuyer sur les expériences du passé pour se ressaisir. La COVID-19 a montré qu’une mise en commun organisée de la demande peut surmonter les défis de la chaîne d’approvisionnement et fournir des biens indispensables à des prix compétitifs. De nouveaux marchés en Afrique ont été créés, car la demande groupée a été mise en correspondance avec les capacités existantes et réaffectées sur le continent. Fondamentalement, ces réalisations sont reproductibles - et la même chose peut être faite pour faire face à la crise des denrées alimentaires, des engrais et des produits énergétiques que nous connaissons aujourd’hui.

La crise russo-ukrainienne a accru la pression sur les chaînes d’approvisionnement essentielles sur les marchés des produits de base, avec les hausses de prix actuelles et prévues des produits agricoles et des intrants tels que les céréales et les engrais. Cela a, à son tour, exercé une pression sur la production intérieure parfois fragile de plusieurs pays africains qui dépendent de ces chaînes d’approvisionnement pour les produits de base, dont certains dépendent de ces importations pour une consommation allant jusqu’à 80 % de blé par exemple. Cependant, les conséquences les plus importantes sont les effets en aval des contraintes potentielles de la chaîne d’approvisionnement qui peuvent augmenter les prix, accroître la vulnérabilité et l’insécurité alimentaire, créant une pression insoutenable sur des environnements budgétaires déjà tendus.

En regroupant sa demande pour ces produits permettra au continent de négocier des prix compétitifs, en particulier pour les céréales et les grains, garantissant aux importateurs nets de produits alimentaires l’accès et l’accessibilité de produits comme le blé et le maïs. Dans le même temps, une demande regroupée d’engrais des pays importateurs peut fournir aux producteurs africains des intrants tels que des engrais, en garantissant la rapidité et l’accessibilité, et réduisant ainsi le risque de pénurie alimentaire.

S’appuyant sur le plan de production alimentaire d’urgence de 1,5 milliard de dollars de la Banque africaine de développement pour atténuer les effets de la guerre sur les prix des denrées alimentaires grâce à une production rapide de blé, de maïs, de riz et de soja, l’AFREXIMBANK a entrepris une collaboration avec d’autres institutions continentales clés, notamment le secrétariat de la ZLECAf et la CEA pour lancer l’Africa Trade Exchange (ATEX), une plate-forme pour l’approvisionnement en commun de produits de base en vrac et garantir aux pays un accès aux approvisionnements rares de manière transparente et équitable.

L’ATEX est une plate-forme de commerce numérique qui complétera l’écosystème numérique existant construit pour soutenir la mise en œuvre de l’Accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). L’ATEX contribuera à réaliser le potentiel de développement du commerce électronique et de la numérisation, notamment en facilitant l’accès des Petites et moyennes entreprises (PME) au marché africain au sens large. Cela renforcera le commerce intra-africain et la position commerciale africaine sur le marché mondial, aidant ainsi à s’adapter aux perturbations des chaînes d’approvisionnement et à la croissance continue des entreprises et des économies africaines.

Pour soutenir la résilience de la chaîne d’approvisionnement, l’ATEX permettra d’assurer le commerce numérique des principaux produits de base et intrants agricoles importés par le continent depuis la Russie et l’Ukraine : céréales (y compris le blé, le maïs et les grains), les engrais et les intrants associés, les huiles, les oléagineux, ainsi que d’autres produits et intrants essentiels visant à soutenir les chaînes de valeur agricoles. La plate-forme facilitera l’approvisionnement groupé par les acheteurs africains de ces produits auprès de fournisseurs africains lorsque cela est possible, comme dans le cas des engrais ; et de l’extérieur du continent si nécessaire, comme dans le cas des céréales et des grains, contribuant ainsi à la création de nouvelles chaînes d’approvisionnement continentales qui isolent les Africains de la volatilité qui a caractérisé ces dernières années.

Tout comme les solutions développées dans la pandémie, ATEX constitue une innovation africaine conçue pour faire face à une autre crise à laquelle le continent est confronté - c'est une mesure que la communauté internationale au sens large devrait soutenir et dont nous pouvons tous apprendre.

Grâce à ce programme et à d’autres programmes comparables, l’Afrique fait preuve de leadership et s’approprie ses propres défis. Mais dire qu’il s’agit d’une solution africaine à un problème africain n’est pas rejeter ou décourager la collaboration internationale - en effet, nos partenaires mondiaux joueront un rôle central pour s’assurer que l’Afrique fasse partie de la conversation sur la résilience de la chaîne d’approvisionnement. L’Afrique doit développer un mécanisme plus sûr et plus stable pour obtenir des produits essentiels et cultiver des liens intra-africains plus solides entre les fournisseurs. L’ATEX ne représente qu’une fraction du potentiel économique et innovant de l’Afrique, mais promet une transformation de l’approche du continent en matière d’importation et de commerce.

 

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