Rabat, 25 novembre 2024 (CEA) – Le webinaire sur « Les défis et l’impact du changement climatique sur l’emploi en Afrique du Nord », organisé par le Bureau de la CEA en Afrique du Nord lundi 25 novembre, a mis en évidence des réformes cruciales, nécessaires à l’heure où les économies de la sous-région sont confrontées aux répercussions croissantes du changement climatique.
L’Afrique du Nord connaît un réchauffement climatique accéléré, avec des températures estivales qui devraient dépasser 46°C d’ici 2050. Au même moment, la sous-région risque de devenir une destination pour les réfugiés climatiques, dont les effectifs mondiaux sont estimés à 700 millions d’ici 2030 et 1,2 milliard d’ici 2050, ont averti les experts lors de la rencontre.
Ces tendances risquent d’avoir de profondes répercussions sur les marchés du travail d’Afrique du Nord, déjà aux prises avec des défis tels que des taux de chômage élevés des femmes et des jeunes ainsi qu’une inadéquation persistante entre les compétences de la main-d’œuvre et les demandes des employeurs.
« Actuellement, il n’existe aucune étude sur la manière dont la hausse des températures va influencer l’emploi en Afrique du Nord. Cependant, les conséquences significatives, directes et indirectes, du changement climatique et les mesures d’adaptation devraient entraîner une « transformation structurelle forcée » qui peut avoir un impact significatif sur l’emploi », a prévenu Adam Elhiraika, Directeur du Bureau de la CEA pour l’Afrique du Nord lundi dernier.
« Le changement climatique provoque une transformation structurelle forcée dans le sens où, à la fois les chocs négatifs sur l’économie impliquent des déplacements des facteurs de production des secteurs impactés négativement vers d’autres qui le seraient moins, mais aussi parce qu’il faut aller vers des secteurs plus durables et développer la transition vers les secteurs verts, ce qui entraine une transformation structurelle », a expliqué Zoubir Benhamouche, économiste au Bureau de la CEA pour l’Afrique du Nord
Le changement climatique rend les modèles de développement nord-africains actuels de plus en plus obsolètes dans la mesure où les pertes d’emplois dans des secteurs clés tels que l’agriculture, le tourisme ou la pêche risquent d’annuler les gains réalisés dans les secteurs émergents résilients au changement climatique tels que les énergies renouvelables.
En plus de réduire la productivité des travailleurs dans des secteurs tels que le BTP, l’agriculture ou le tourisme, il est attendu que le changement climatique entraine des répercussions négatives pour la santé physique et mentale des travailleurs, leurs conditions de travail, leur productivité et le nombre d’heures travaillées. Les effets structurels comprendront probablement une diminution du nombre de jours travaillés dans l’agriculture en raison des conditions météorologiques et une modification des saisons touristiques. Enfin, le changement climatique devrait avoir un impact encore plus important sur le secteur informel que sur le secteur formel, moins bien équipé pour s’adapter, a averti Adel Ben Youssef, ancien négociateur climatique et expert en environnement, emploi et transition durable.
Pour une adaptation efficace, les participants à la rencontre ont invité les pays d’Afrique du Nord à mettre en œuvre des réformes politiques multisectorielles à même de favoriser la création d’emplois résilients au changement climatique par le biais de mesures telles que des stimuli fiscaux ; adapter leurs systèmes éducatifs pour doter les travailleurs des compétences requises pour des économies à faibles émissions de carbone ; étendre les politiques de protection sociale aux groupes touchés de manière disproportionnée par le changement climatique tels que les femmes, les travailleurs ruraux et les personnes travaillant en extérieur ; et concevoir des politiques de migration qui intègrent les réfugiés climatiques dans le marché du travail.
Les participants ont par ailleurs souligné le besoin urgent de recherches pour combler les lacunes dans la compréhension des effets du changement climatique sur la croissance économique et les marchés du travail en Afrique du Nord. En effet, la mise en place de politiques adaptées requiert des données et méthodologies plus adaptées pour tenir compte de facteurs tels que les vagues de chaleur, la pluviométrie et ses différentes variations à même de guider les investissements, les cadres juridiques et les stratégies de création d’emplois.
À l’échelle mondiale, l’ampleur et la rapidité du changement climatique posent des défis considérables aux décideurs. Des recherches récentes montrent en effet que la hausse des températures mondiales depuis les années 2000 est corrélée à un ralentissement de la croissance du PIB, et il est par ailleurs attendu une diminution du PIB mondial de 12 à 20 % d’ici la fin du siècle en cas de hausse des températures mondiales de 2°C.
En Afrique du Nord, au lien établi entre croissance et variabilité des précipitations s’ajoutent désormais des effets négatifs supplémentaires dus aux chocs de température mondiaux et nationaux.
En Algérie, en Égypte, en Mauritanie et en Tunisie, environ 28 %, 34 %, 37 % et 26 % des emplois, respectivement, se trouvent dans des secteurs très vulnérables au changement climatique, tels que l'agriculture, la foresterie, la pêche ; le BTP ou les services publics (production et distribution d'électricité, de gaz et d'eau).
Note aux rédacteurs :
Visionnez l'enregistrement de la rencontre sur la chaîne YouTube de la CEA : https://www.youtube.com/watch?v=IqA23Y22oZ8
Pour plus d'informations et demandes d'interview, merci d’envoyer un e-mail à filali-ansary@un.org