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Discours d’ouverture officiel de l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la sécurité routière, M. Jean Todt, lors du troisième atelier technique du Prix Kofi Annan pour la sécurité routière

14 avril, 2025
Discours d’ouverture officiel de l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la sécurité routière, M. Jean Todt, lors du troisième atelier technique du Prix Kofi Annan pour la sécurité routière

Excellences, distingués invités, chers collègues, je tiens à remercier le Royaume d’Eswatini pour son accueil chaleureux et, surtout, pour ses efforts en faveur de la sécurité routière. Alors que nous entamons aujourd’hui les travaux sous l’égide du Prix Kofi Annan pour la sécurité routière, nos objectifs sont clairs : sauver des vies sur les routes africaines, récompenser l’innovation et l’engagement, et renforcer notre détermination à lutter contre la crise de la sécurité routière qui continue de faire de trop nombreuses victimes.

Les accidents de la route demeurent l’une des plus grandes menaces pour la vie humaine en Afrique. Ils coûtent à la plupart des pays du continent au moins 2 % du PIB, et jusqu’à 5 % dans certains pays. Les économies réalisées grâce à une meilleure sécurité routière peuvent combler le déficit de financement des infrastructures en Afrique.

Donner la priorité à la mobilité sûre est donc un enjeu de développement fondamental, alliant santé, éducation, progrès économique et équité sociale. C’est pourquoi les Nations Unies l’ont intégré aux objectifs de développement durable et ont reconnu que des systèmes de transport sûrs, accessibles et durables sont essentiels à un avenir prospère. La deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière et les ODD visent à réduire de 50 % le nombre de morts et de blessés sur les routes d’ici 2030. Si cet objectif est ambitieux, il est également nécessaire et sa réalisation exige un leadership, des investissements et de l’innovation.

Les Nations Unies, sous la direction visionnaire de Kofi Annan, ont reconnu l’urgence de ce défi, et c’est pourquoi nous travaillons ensemble aujourd’hui sous son nom. La Commission économique pour l’Afrique a également joué un rôle clé dans la progression de cet effort. Elle a contribué à créer des outils pour mesurer les progrès, évaluer les performances des pays et rédiger des plans d’action pour rendre les routes plus sûres en Afrique. Ce leadership se manifeste clairement dans des initiatives importantes telles que le Plan d’action pour la sécurité routière en Afrique et la Charte africaine de la sécurité routière.

Le Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière et le Plan d’action mondial sont également des éléments clés de notre engagement collectif. En tant qu’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la sécurité routière, je m’engage pleinement à promouvoir les conventions sur la sécurité routière, à encourager les meilleures pratiques et à soutenir la collaboration afin de réduire le nombre de tués et de blessés sur les routes.

L’une des mesures les plus claires et les plus immédiates que nous puissions prendre – à l’instar du Maroc lors de la quatrième Conférence ministérielle mondiale de Marrakech – est d’exiger que deux casques conformes aux normes de l’ONU soient inclus avec chaque moto vendue. Cette mesure simple et vitale garantit la protection des conducteurs et des passagers. Les gouvernements peuvent contribuer à rendre les équipements de protection plus abordables en subventionnant la production des fabricants locaux de casques, en supprimant ou en réduisant les droits de douane sur les casques conformes aux normes de l’ONU.

Nous devons trouver des moyens stables et fiables de financer la sécurité routière. Les pays ne peuvent pas se contenter de compter sur l’aide internationale ; les gouvernements doivent intégrer la sécurité routière à leurs budgets nationaux, à leurs plans d’infrastructures et à leurs partenariats avec les acteurs publics et privés. En adoptant des stratégies intelligentes comme la mise en place de péages, l’octroi de permis et une bonne gestion des services routiers, nous pouvons trouver des solutions locales, attirer des investissements privés et garantir le renforcement continu de la sécurité routière en fonction des besoins de chaque pays.

À mesure que le réseau de transport du continent se développe, la sécurité doit progresser. Ces tragédies ne sont pas inévitables, elles sont évitables. Nous avons le pouvoir de changer cette réalité.

Je vous invite à vous inspirer de l’héritage de Kofi Annan, un leader qui croyait au pouvoir de la collaboration, de la responsabilité et de l’action. Nous devons nous engager non seulement dans ces discussions, mais aussi dans des mesures concrètes et mesurables qui transformeront la sécurité routière en Afrique. Merci.