Mombasa, Kenya, le 27 mars 2025 (CEA) - Des responsables gouvernementaux, des experts en migration, des représentants de la diaspora, des acteurs du secteur privé, de la société civile et des jeunes leaders se sont réunis à Mombasa les 26 et 27 mars 2025 pour hâter la ratification du Protocole de l’Union africaine sur la libre circulation des personnes.
Cette réunion de deux jours, organisée conjointement par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et la Commission de l’Union africaine (CUA), a réuni les parties prenantes afin d’examiner et de valider un rapport intitulé « Renforcer la libre circulation des personnes et les voies de mobilité des travailleurs et de transférabilité des compétences au Ghana, au Kenya et en Zambie ».
Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un effort plus vaste visant à repenser le discours sur la migration en Afrique et à supprimer les obstacles à la mobilité existants, avec le soutien financier du Gouvernement italien.
« Ce rapport est le fruit d’un effort conjoint de la CEA et de la CUA, lancé en 2023 pour remettre en question le discours dominant, axé sur la crise, autour des migrations africaines », a déclaré le Chef de la Section de l’intégration régionale à la CEA, Francis Ikome. « La migration est souvent perçue comme un problème, à l’échelle mondiale. Mais en Afrique, elle est un vecteur d’opportunités. »
Faisant référence à la CEDEAO, M. Ikome a noté que « malgré les récents revers subis au Sahel, la CEDEAO a démontré l’efficacité de l’intégration, non seulement en matière de circulation des biens, mais aussi des personnes. Cela prouve que les préoccupations concernant la libre circulation, bien que légitimes, ne doivent pas freiner les progrès ».
La Directrice de la Division des affaires humanitaires à la CUA, Rita Amukhobu, a fait écho à ce message, soulignant que les enseignements tirés des blocs régionaux éclairent le travail de l’UA. « Nous continuons de compter sur les communautés régionales comme piliers. Elles ont déjà connu cette situation. Nous comptons sur des pays comme ceux présentés dans ce rapport – le Ghana, le Kenya et la Zambie – pour montrer l’exemple », a-t-elle déclaré.
Mme Amukhobu a souligné que la CUA « continue de travailler de façon étroite avec les États membres et avec la CEA, notre partenaire solide, pour la ratification de ce protocole ».
Simon Asare, du Service ghanéen de l’immigration, a évoqué une expérience concrète : « La CEDEAO a déjà dépassé le cadre des droits d’entrée pour inclure la résidence et l’établissement. Les ressortissants de la région vivent et travaillent librement au Ghana. Certains obtiennent même la nationalité ».
L’atelier s’est déroulé alors que le Ghana met en place l’exemption de visa pour tous les ressortissants africains, que le Kenya met en œuvre un nouveau système d’autorisation de voyage électronique (ETA) et que la Zambie étend ses mesures de libéralisation des visas. Ces trois pays ont signé l’Accord de la ZLECAf et élaborent des stratégies visant à harmoniser leurs cadres commerciaux et de mobilité.
M. Ikome a souligné le poids symbolique des progrès réalisés par ces trois pays : « Si le Ghana, le Kenya et la Zambie prennent ces mesures, ils pourraient servir d’accélérateurs puissants. Ces nations sont non seulement stratégiquement placées, mais elles revêtent une profonde importance historique. Leurs pères fondateurs étaient des défenseurs du panafricanisme et du programme d’intégration. Leur leadership actuel peut inspirer un changement à l’échelle du continent ».
La Responsable principale de l’immigration à la Direction des services d’immigration du Kenya, Mme Maureen Kiambuthi,, a déclaré : « Nous apprenons beaucoup des autres. Le Kenya est engagé dans ce programme. Nous relevons les défis, notamment ceux liés au système ETA ».
Daniel Makomeno, du Ministère du travail et de la sécurité sociale de Zambie, a souligné l’intérêt du rapport : « C’est un déclencheur. Mais nous avons maintenant besoin d’un soutien technique et financier pour intensifier les consultations et renforcer les capacités nécessaires pour aller de l’avant ».
Du point de vue des jeunes, le Président de Youth Unite Zambia, Walter Shacilyata Kasempa, a déclaré que les avantages de la libre circulation sont générationnels. « L’Afrique est jeune. Nos jeunes sont des créateurs, des travailleurs, des apprenants, mais ils doivent être mobiles. Ce protocole ouvre la voie à des opportunités économiques et éducatives, ainsi qu’à l’échange de compétences, aux transferts de fonds et à une croissance partagée ».
Le rapport, examiné et validé à Mombasa, comprend des recommandations politiques détaillées sur l’harmonisation des cadres juridiques, l’amélioration des systèmes de données, le renforcement des institutions et la reconnaissance des compétences. Elle souligne l’importance d’harmoniser les politiques commerciales et migratoires pour garantir une intégration africaine centrée sur les personnes.
« Il ne s’agit pas seulement de ratifier un protocole », a déclaré Gideon Rutaremwa de la CEA. « Il s’agit de bâtir une Afrique où la mobilité favorise le développement, où la mobilité devient un pont et non un obstacle ».
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