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« Les pays africains devraient être des architectes actifs de leur propre discours sur le crédit », déclare Claver Gatete de la CEA

23 avril, 2025
“African countries should be active architects of their own credit narratives” – ECA’s Claver Gatete

Washington, D.C., le 23 avril 2025 — Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Claver Gatete, a souligné l’urgence de mettre en place un écosystème africain de notation de crédit qui « reflète les réalités régionales de l’Afrique et complète, plutôt que de se contenter d’imiter, les agences mondiales ».

M. Gatete qui s’exprimait lors d’un dialogue de haut niveau organisé conjointement par le MAEP, le PNUD, AfriCatalyst, l’ACET et la Fondation Open Society, en marge des réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) à Washington, D.C., a souligné que les pays africains ne devraient pas être de simples sujets passifs de notation, mais des architectes actifs de leur propre discours sur le crédit.

« Un écosystème africain de notation de crédit est essentiel pour réformer le système financier mondial afin de mieux servir les diverses économies du continent », a-t-il ajouté.

M. Gatete a posé une question pour illustrer l’échec du système financier actuel : « Pourquoi, malgré 54 nations et un PIB combiné de 3 000 milliards de dollars des États-Unis, seuls le Botswana et l’Île Maurice bénéficient-ils d’une notation de crédit de qualité » ? La réponse, a-t-il soutenu, réside dans un système financier qui ne reconnaît pas les défis et les opportunités uniques de l’Afrique.

M. Gatete a également souligné le paradoxe auquel l’Afrique est confrontée : alors que le continent regorge de potentiel, bénéficie d’une population dynamique, de marchés en expansion et d’innovations, de nombreux pays sont confrontés à une vulnérabilité croissante face à la dette et à des coûts d’emprunt en hausse.

Il a souligné que les pays africains ont été soumis à des notations de crédit injustes, fondées sur des données limitées et des critères incohérents, ce qui entraîne souvent des coûts d’emprunt plus élevés et un accès limité aux capitaux. Par exemple, les pays africains ont payé en moyenne 12 % à 14 % sur les euro-obligations, un taux nettement supérieur à la moyenne de 3 % de la zone euro.

Afin de résoudre ces problèmes, M. Gatete a proposé cinq mesures concrètes pour établir un écosystème de notation de crédit crédible et efficace, adapté aux réalités africaines :

Premièrement, nous devons établir un écosystème de notation de crédit africain qui reflète les réalités régionales de l’Afrique et qui complète, plutôt que de se contenter d’imiter, les agences mondiales. « Il faut un écosystème qui fonctionne pour l’Afrique, un écosystème dirigé par le continent, informé par celle-ci et crédible à l’échelle mondiale », a-t-il déclaré.

Deuxièmement, nous devons renforcer nos systèmes de données et doter les bureaux nationaux de statistique, les bureaux de crédit et les observatoires régionaux des moyens nécessaires pour fournir des données actualisées, détaillées et contextuelles.

Troisièmement, nous devons mettre en place un cadre réglementaire solide, inspiré des meilleures pratiques internationales telles que le modèle européen, où les notations suivent un calendrier transparent et prévisible.

Quatrièmement, nous avons besoin d’une collaboration intersectorielle, impliquant notamment les émetteurs souverains, les investisseurs, les régulateurs et les partenaires internationaux qui travaillent tous en harmonie. Un système de notation de crédit performant doit être supérieur à la somme de ses parties.

Cinquièmement, nous devons surtout renforcer les capacités nationales de l’Afrique en dotant les professionnels africains de l’expertise technique et des institutions nécessaires pour mener des analyses de crédit fondées sur les réalités africaines.

M. Gatete a également souligné l’importance de la collaboration, précisant que la CEA s’engage à collaborer avec des organisations telles que le MAEP, le PNUD, AfriCatalyst et la Fondation Open Society pour concrétiser cette vision. Il a noté que le climat politique actuel, notamment la présidence sud-africaine du G20 et le statut de membre permanent de l’Union africaine, offrent une occasion unique à l’Afrique de plaider en faveur de réformes qui reflètent les expériences vécues du continent.