Les PME jouent un rôle central dans l’économie mauritanienne, représentant près de 80 % du tissu économique[1], contribuant à environ 30 % du PIB, et générant près de 45,8 % des emplois[2]. Malgré cette importance, l’accès au financement, à la formation et à l’accompagnement demeure l’un des principaux obstacles à leur développement.
Selon le Global Findex 2018, 20 pourcents de la population mauritanienne âgée de plus de 15 ans possède un compte financier, et les femmes sont encore moins susceptibles d'y avoir accès que les hommes, avec un écart de cinq points de pourcentage. Les PME mauritaniennes souffrent également d'un déficit en matière de conformité avec les normes et de certifications, limitant leur accès aux marchés africains et internationaux. Ces défis économiques sont exacerbés par les impacts croissants du changement climatique. L'augmentation de la fréquence et de la gravité des catastrophes naturelles, notamment les sécheresses, qui ont augmenté de 29 % au cours des deux dernières décennies, soulignant l’urgence d’améliorer la résilience des PME.
Le Bureau sous-régional pour l’Afrique du Nord de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA-SRO-NA) a collaboré avec la Mauritanie pour élaborer un programme adapté aux PME qui a été déployé auprès de plus de 40 PME au cours de la période (2024-2025). Ce programme est ancré dans le deuxième pilier du cadre logique pour l’emploi développé par le Ministère de l’Autonomisation de la Jeunesse, de l’Emploi, des Sports et du Service Civique, soutenant spécifiquement les petites et moyennes entreprises. Le premier pilier étant est la politique active de l’emploi, et le troisième consiste à stimuler l’offre et la demande d’emplois. Le programme se concentre sur la résolution des défis spécifiques de l’écosystème entrepreneurial mauritanien à travers une approche intégrée qui repose sur quatre piliers essentiels (Figure).
Le programme comprend des questionnaires d’évaluation avant et après la formation, deux webinaires d’introduction et des séances en personne qui comprennent des présentations techniques, des études de cas et des ateliers pratiques.
Vers une amélioration des compétences des PME dirigées par des femmes et des jeunes en matière d'exportation, de digitalisation et de pratiques écologiques durables
En 2023, CEA-Bureau Sous-régionale pour l’Afrique du Nord a lancé un programme de renforcement des capacités pour les PME dirigées par des femmes au Maroc. En 2024, le programme s’est étendu pour inclure la Mauritanie et la Libye. En 2025, le programme PME est déployé pour les PME libyennes, mauritaniennes et tunisiennes. À ce jour, grâce à ce programme près de 430 femmes et jeunes dirigeants de PME ont renforcé leurs capacités dans des domaines tels que l’accès aux marchés—en particulier en Afrique — la finance, les outils numériques et les pratiques commerciales durables.
Dans le cadre de l’implementation du programme PME en Mauritanie, deux webinaires de sensibilisation virtuels ont eu lieu le 26 juin et le 3 juillet 2025 pour présenter les composantes du programme aux bénéficiaires. Ces sessions ont permis aux femmes et aux jeunes dirigeants de PME d’améliorer leurs connaissances et leur sensibilisation dans les domaines clés identifiés—grâce à des discussions interactives avec des experts de la CEA.
L’atelier, qui s’est tenu du 8 au 12 juillet, a fourni une plateforme multi-acteurs mettant en relation les jeunes et les femmes avec des parties prenantes nationales pertinentes et des programmes d’inclusion, tels que celui développé par la Banque centrale de Mauritanie, la Chambre de commerce, le Ministère de l’autonomisation de la jeunesse, Emploi, sports et service civique - en particulier le programme « VADDAT ».
Les participants ont également renforcé leur sensibilisation au travail existant et aux opportunités offertes par les agences des Nations Unies, y compris la Banque mondiale, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), à travers leurs activités en faveur de l’entrepreneuriat féminin et de l’autonomisation économique, ainsi que la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Initiative e-commerce pour les femmes). Les partenaires internationaux incluent également l’Organisation mondiale du commerce (Global Trade Helpdesk et programmes de soutien aux PME), l’Organisation internationale du travail (initiatives en matière de finance sociale et d’inclusion financière) et le Centre du commerce international (commerce électronique et plateformes numériques pour l’exportation).
Les participants ont également été initiés au Portail du commerce africain, notamment à la plateforme d’échanges commerciaux en Afrique (ATEX), dans le cadre d’un partenariat avec la Banque africaine d’exportation et d’importation (Afreximbank). Cet outil représente un levier stratégique pour renforcer l’intégration de la Mauritanie dans les échanges commerciaux à l’échelle du continent. D’après les données de l’Agence nationale pour les statistiques, l’analyse démographique et économique, la Mauritanie représente actuellement 10 % des importations intra-africaines et 13 % des exportations, ce qui souligne un potentiel significatif à développer.
Grâce à ce programme, les femmes entrepreneures et les jeunes entrepreneurs qui ont participé aux formations ont développé leurs capacités à concevoir des stratégies pour améliorer l’accès aux marchés, utiliser les technologies et plateformes numériques, concevoir des plans de développement des entreprises et des exportations, et analyser et atténuer les risques financiers et climatiques.
Adam Elhiraika, Wafa Aidi et Oumaima Tounchibine