Yaoundé, le 10 mai 2024 (CEA) – « Nous sommes disposés à ouvrir des discussions sur des domaines de coopération avec la CEA. L’agriculture est la base solide de toute modernisation, de la stabilité et de la prospérité d’un pays. La Chine accorde beaucoup d’importance à l’agriculture et au développement des chaînes de valeur agricoles » a indiqué Son Excellence Wang Yingwu, l’Ambassadeur de la République populaire de Chine au Cameroun.
Au cours de l’audience qu’il a accordée au Directeur du Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la CEA, Jean-Luc Mastaki, le Chef de la Mission diplomatique chinoise a esquissé la place centrale qu’occupe le secteur agricole dans la coopération avec le Cameroun « les produits alimentaires sont une réserve stratégique. Tous les pays développés accordent une haute importance à l’agriculture et protègent ce secteur ». La situation de l’économie mondiale et les récentes crises internationales confortent le diplomate dans cette priorisation au regard des défis de sécurité alimentaire qui soulèvent beaucoup d’inquiétudes au Cameroun et dans la sous-région depuis la survenue de la Covid-19.
Selon Wang Yingwu, pour une chaîne de valeur agricole performante au Cameroun, il est urgent de développer des semence agricoles de bonne qualité, donner une valeur ajoutée aux produits par une meilleure transformation locale, désenclaver les marchés et garantir des services de transport à bas coût, garantir un meilleur accès au foncier et améliorer le climat des affaires, en général.
Le Bureau sous-régionale pour l’Afrique centrale, de la Commission économique pour l’Afrique a mené plusieurs travaux d’analyse dans le secteur agricole en Afrique centrale. Dans le volet de la transformation, l’étude intitulé « Exploiter le potentiel de l’agro-industrie pour soutenir la transformation structurelle en Afrique centrale » établit qu’en matière de compétitivité prix, l’Afrique centrale ne rivalise pas sur son propre marché avec ses partenaires.
Le rapport justifie l’origine du retard de l’agro-industrie en Afrique centrale par le déficit infrastructurel, l’accès difficile au financement et aux technologies pour les acteurs du secteur, l’insécurité du climat des affaires et l’absence d’économies d’échelles pouvant porter le secteur vers l’industrialisation.
Dans le cadre du Plan directeur d’industrialisation et de diversification économique de l’Afrique centrale (PDIDE AC), la CEA appelle la sous-région à adresser ces défis à travers une politique agricole commune offensive : « les agropoles sont des cadres d’excellence pour le développement d’une agriculture compétitive en Afrique centrale. Pour la production et la transformation des produits agricoles, c’est le lieu idéal où les pays peuvent accorder des facilités telles que les infrastructures, la fiscalité avantageuse, les semences améliorées et la promotion des technologies sur mesure. De tels pôles industriels devront bâtir leur inclusivité autour d’une meilleure intégration des PME ainsi qu’une politique affirmative du contenu local, gage de la rétention de la valeur, assise sur une démarche qualité avérée », a expliqué Jean-Luc Mastaki. Le secteur rural constitue une énorme poche de vulnérabilités pour l’Afrique. « Le développement de l’agriculture est une condition sine qua non pour la transformation économique et sociale qui est le cœur du mandat de la CEA », a conclu Jean-Luc Mastaki.
La ZLECAf est un levier important pour la transformation agricole de l’Afrique. Un Rapport du NEPAD de 2005 sur l’agribusiness, les chaines d’approvisionnement et le contrôle qualité estime qu’en 2030 l’urbanisation en cours en Afrique provoquera une demande urbaine régionale de produits alimentaires de l’ordre de 150 milliards de dollars. Selon le Rapport économique sur l’Afrique 2017 de la CEA, cette urbanisation implique également un changement des habitudes de consommation alimentaire et une demande en aliments transformés riches en protéines. D’où l’appel de Jean-Luc Mastaki à ouvrir un partenariat sur l’échange d’expérience avec la Chine sur le développement des compétences techniques et professionnelles liées à l’agriculture, aux Zones économiques spéciales, à la conservation des ressources naturelles associées (sol, eaux, …) à travers des chaînes de valeurs inclusives et durables.
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