Addis-Abeba, le 28 novembre 2022 (CEA) – L’accès à Internet est essentiel à la transformation économique et sociale de l’Afrique, ce qui rend ce besoin crucial pour les gouvernements d’investir dans les technologies numériques, exhorte le Secrétaire exécutif par intérim de la Commission économique pour l’Afrique, Antonio Pedro.
« La numérisation est essentielle pour atteindre les ODD et l’Agenda 2063 et y parvenir nécessite la contribution de toutes les parties prenantes », affirme M. Pedro, s’exprimant lors d’une session des dirigeants de haut niveau sur le thème « Une connectivité universelle, abordable et significative », à l’ouverture de l’édition 2022, du Forum sur la gouvernance de l’Internet, à Addis-Abeba, en Éthiopie.
M. Pedro souligne l’importance des partenariats et de la collaboration pour stimuler la connectivité numérique en Afrique qui est sur la voie de la transformation économique avec la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Il rappelle que la CEA utilise ses 3 fonctions principales à savoir, celles de think tank, de mobilisation et de services opérationnelles pour démystifier la conversation sur Internet et son rôle dans la société.
« Nous avons également identifié des opportunités pour toutes les parties prenantes de participer, par exemple, nous aidons nos États membres à formuler des stratégies nationales vis-à-vis de la ZLECAf », déclare-t-il, ajoutant que « la ZLECAf est considérée comme le plan Marshall africain et créera un marché sans tarifs ni autres barrières pour 1,5 milliard de personnes. Cela permettra l’émergence de petites et moyennes entreprises et de chaînes de valeur régionales qui nécessitent la numérisation comme moyen de permettre le commerce.
Le représentant de l’ONU déclare que la stratégie de transformation numérique de la Commission de l’Union africaine est un excellent cadre visant à prioriser l’infrastructure numérique et l’accessibilité comme conditions préalables à la réalisation de la transformation numérique et de la prospérité conformément à l’Agenda 2063. La CEA a déjà commencé à promouvoir les efforts d’expansion du haut débit dans les États membres, ce qui a un impact substantiel sur la coopération et l’intégration régionale en Afrique.
La CEA joue un rôle de premier plan dans les consultations régionales et dans l’élaboration de stratégies électroniques qui traitent des questions de politique de communication, de financement et de réglementation de manière à promouvoir l’harmonisation et à soutenir le commerce transfrontalier dans le cadre de la ZLECAf.
Faisant allusion à l’investissement dans les compétences numériques de base comme une priorité pour de nombreux pays africains afin d’améliorer la participation des citoyens à leur écosystème numérique local, M. Pedros dit que la CEA soutient la création du premier centre de recherche sur l’Intelligence artificielle (IA) au Congo Brazzaville, le Centre africain sur les STEAM au Rwanda et le Centre de cybersécurité au Togo.
Afin de résoudre la fracture numérique entre les hommes et les femmes, la CEA a organisé des ateliers pratiques de codage pour les filles et les jeunes femmes dans le cadre de l’Initiative « Connected African Girls ». Ces ateliers fournissent aux filles et aux jeunes femmes les connaissances, les outils et les plateformes dont elles ont besoin pour se développer en tant qu’entrepreneures, innovatrices et leaders technologiques. Cette initiative a maintenant équipé plus de 25 000 filles à travers le continent avec diverses compétences essentielles en TIC.
S’exprimant lors de la session des dirigeants de haut niveau, Paul Scully, Ministre britannique de la technologie et de l’économie numérique, souligne que le modèle multipartite est essentiel pour produire des solutions collaboratives efficaces à des problèmes complexes tels que la connectivité numérique.
« Pour réaliser notre ambition, toutes les parties prenantes doivent travailler ensemble et à cet égard, nous ne devons pas considérer les acteurs comme ayant des rôles et des responsabilités assignés étroits… Nous ne voyons pas le gouvernement, le secteur privé et la société civile travailler en silos, mais plutôt coopérer pour donner corps à des ambitions communes », affirme M. Scully, citant que le Gouvernement britannique a établi le réseau international TechHub par le biais du programme d’accès numérique qui catalyse un accès numérique efficace, abordable et sécurisé pour les populations exclues et mal desservies au Kenya, au Nigéria et en Afrique du Sud.
Paula Ingabire - Ministre des technologies de l’information et de la communication du Rwanda, déclare aux participants que les bonnes réformes juridiques et réglementaires nécessaires pour assurer une connectivité et une accessibilité significatives doivent être en place.
« Nous devons examiner les politiques d’accès universel et non seulement l’accès, mais également veiller à ce que le prix soit abordable alors que nous favorisons la connectivité à large bande pour tous et veillons à ce que personne ne soit laissé pour compte », indique Mme Ingabire.
Kojo Boakye, Directeur des politiques publiques pour l’Afrique et le Moyen-Orient, à Meta, confirme que la création d’une connectivité significative consiste pour les gouvernements à créer le cadre réglementaire politique dans lequel le secteur privé peut investir ; alors que les Organisations de la société civile devraient être des chiens de garde et informer les régions où l’investissement doit être effectué.
« Le gouvernement devrait certainement définir l’agenda et l’environnement réglementaire politique propices à un accès plus accru et plus abordable... Lorsque ces deux éléments sont bien exécutés, vous avez de grands projets comme 2Africa, le projet Meta reliant 33 pays d’Afrique et du Moyen-Orient et qui apportera plus de capacités que tous les câbles à ce moment-là », expliqus M. Boakey.
Soulignant l’importance de l’accès numérique et le rôle critique de l’IGF en tant que plateforme d’échange d’expériences et de bonnes pratiques, Junhua Li, Secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires économiques et sociales, dit que l’IGF peut accélérer la connectivité universelle en créant de nouveaux partenariats et en générant de nouvelles idées.
« Les progrès technologiques doivent en fin de compte servir un rôle plus large de développement durable et ne laisser personne pour compte », déclare M. Li.
La manière dont les partenariats multipartites contribuent à une connectivité universelle abordable et significative en Afrique est une question clé abordée par la session de leadership de haut niveau. Les participants ont noté que si la connectivité est importante, elle est coûteuse en termes d’infrastructures.
« Nous avons besoin de la coopération des gouvernements, des fonds de pension et du secteur privé dans le déploiement de la connectivité et nous devons nous assurer que le financement et l’infrastructure soient déployés exactement dans les endroits et les communautés qui en ont besoin" », indique Lise Fuhr, Directrice générale, de l’Association européenne des opérateurs de réseaux de télécommunications, soulignant que les investisseurs ont besoin de clarté et de certitude qu’ils font un bon investissement.
« La connectivité doit être significative et abordable, mais nous ne pouvons pas risquer une ingérence indue du gouvernement. Nous ne pouvons pas risquer la fermeture du réseau et nous ne pouvons pas avoir de mandat descendant pour les protocoles », met en garde Mme Fuhr, ajoutant que : « Nous rejetons toute tentative de fragmenter Internet avec des protocoles descendants. C’est mauvais pour la démocratie ; c’est mauvais pour l’investissement et aussi mauvais pour la réalisation d’une connectivité universelle.
Cependant, fournir une connectivité abordable et significative à divers groupes de population, en particulier dans les zones rurales, pose d’énormes défis tels qu’une connectivité instable, le manque d’appareils, d’applications de connexion et d’éducation, déclare Nii Narku Quaynor, Président de Ghana Dot Com.
« La sécurité technologique est similaire à la sécurité alimentaire », dit M. Quaynor, notant que la pénétration d’Internet dépassant 50 % en Afrique au lieu des coupures d’Internet, il devrait y avoir un Internet continu. Cela serait conforme aux objectifs de la stratégie de transformation numérique pour l’Afrique, à savoir que d’ici 2030, tous les dispositifs d’accès soient fabriqués en Afrique et que 30 % des ressources et des services d’information soient développés et hébergés en Afrique.
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