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Relever le défi : Les lignes directrices de la COVID - 19 au beau milieu des fermetures de frontières et d’une pandémie

12 février, 2021
Rising Up to the Challenge: COVID-19 Guidelines Amidst Border Closures and a Pandemic

Depuis l’apparition de la pandémie du Nouveau coronavirus (COVID-19), plus de 100 millions de cas ont été confirmés dans le monde entier, l’Afrique enregistrant 3,5 millions de cas confirmés. Cependant, l’insuffisance des tests continue de contribuer à sous-estimer l’ampleur de la pandémie dans les pays en développement.

Afin de freiner la propagation du virus, les gouvernements ont eu recours à des confinements et fermetures de frontières. Cela a conduit à une baisse de 4,3% du PIB mondial en 2020, la plus forte contraction depuis la Grande dépression. Alors que l’Afrique a mieux résisté aux retombées économiques, enregistrant une baisse de 3,4% du PIB sur le continent en 2020, l’espace politique limité, l’absence de traitement efficace et le déploiement lent des vaccins entraîneront une légère relance[1].

Face aux fermetures des frontières, les volumes commerciaux ont chuté. L’Organisation mondiale du commerce prévoit une baisse des exportations et des importations africaines de 8 et 16 pour cent respectivement, chacune avec ses propres implications uniques pour les économies africaines.[2]. Avec la récession mondiale et la perturbation des voyages, la forte dépendance de l’Afrique à l’égard des exportations de produits de base (77% du total des exportations) pose de graves risques pour le commerce. Entre-temps, l’Afrique dépend toujours fortement des importations de produits essentiels tels que les produits alimentaires, les produits énergétiques et pétroliers, et les produits pharmaceutiques, qui sont essentiels pour atténuer la pandémie de COVID-19. Ces biens essentiels représentent 32% des importations totales du continent, contre une moyenne mondiale de 23%, ce qui révèle une vulnérabilité unique aux flux commerciaux et souligne encore la nécessité de faciliter le commerce transfrontalier sur le continent[3].

Certains groupes de pays, comme les Pays en développement sans littoral (PDSL) sans accès direct aux routes commerciales maritimes, dépendent des partenaires de transit pour faciliter le commerce intérieur qui est essentiel pour accéder à ces biens. En outre, les petits commerçants transfrontaliers, qui se composent principalement de femmes et de jeunes, sont également touchés de manière disproportionnée par la fermeture des frontières terrestres et les restrictions liées aux déplacements intérieurs.

Pour répondre à ces préoccupations, de nombreuses Communautés économiques régionales (CER) ont introduit des lignes directrices sur la facilitation du commerce afin de fournir un cadre harmonisé visant à promouvoir un commerce transfrontalier sûr. Actuellement, trois des huit CER reconnues par l’UA - la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) - ont proposé et adopté des lignes directrices à l’échelle des CER pour faciliter le commerce entre avril et mai 2020. L’action précoce de ces CER souligne la reconnaissance que la coopération régionale est primordiale pour contrôler la propagation de la pandémie, notamment en raison de la transmissibilité transfrontalière du virus.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) continue de travailler sur un projet de lignes directrices à proposer et à adopter dans leur zone. En outre, pour compléter l’Accord de libre-échange tripartite, la CAE, le COMESA et la SADC ont également proposé un ensemble de lignes directrices harmonisées pour la région tripartite en juillet 2020. Ces exemples de coopération régionale visant à assurer le flux continu de biens et de services, ainsi que limiter les perturbations économiques et de santé publique de la pandémie sont en effet très instructifs et méritent d’être reproduits.

Reconnaissant la nécessité de renforcer davantage l’harmonisation, la CEA, la CUA et AUDA-NEPAD collaborent sur un ensemble de lignes directrices sur la facilitation du commerce à adopter au niveau continental. Alors que le projet actuel des lignes directrices continentales s’inspire des lignes directrices existantes susmentionnées, les lignes directrices continentales ont une portée élargie, couvrant tous les modes de transport (terrestre, maritime et aérien) et fournissent des recommandations spécifiques telles que l’utilisation de zones de transfert pour les travailleurs portuaires afin de minimiser les contacts entre le personnel. Le projet de travail actuel des lignes directrices met également en évidence les mesures à prendre pour contrer les circonstances uniques auxquelles les petits commerçants transfrontaliers, font face comme la mise en œuvre de permis de franchissement de frontière à court terme, et par les femmes, comme la fourniture d’une formation sensible au genre pour les agents des douanes et des frontières.

Plus particulièrement, le projet de lignes directrices appelle à un échange et un partage accrus d’informations, une assistance technique et des processus de suivi et d’examen. Grâce à un centre de connaissances centralisé, les gouvernements et les agences seront en mesure de suivre plus efficacement la propagation du virus et tirer les leçons du succès des autres États membres dans le contrôle et l’atténuation de la propagation de la COVID-19. Quant à l’appel à l’assistance technique et au renforcement des capacités, nous devons miser sur la construction d’infrastructures de fabrication pour soutenir la production locale d’Équipements de protection individuelle (EPI) et sur les fournitures médicales essentielles ; il en est de même pour l’appel à la ratification de l’Agence africaine des médicaments, dans l’effort continu d’harmoniser la réglementation pharmaceutique sur le continent en termes d’enregistrement et de contrôle. Grâce au suivi et à l’examen, les États membres seront en mesure de tirer des leçons des succès et des défis des autres, permettant au continent de mieux faire face aux crises liées à la COVID-19 jusqu’à ce que l’immunité communautaire soit atteinte.

Récemment, le projet de lignes directrices continentales a été présenté lors d’une réunion du groupe d’experts convoquée le 17 novembre 2020. La réunion a réuni des experts de diverses agences internationales et des représentants de gouvernements et de CER. Par la suite, un projet révisé a été présenté au Sous-comité des directeurs généraux des douanes de l’Union africaine, le 27 novembre 2020. D’autres contributions ont été reçues des douaniers de l’ensemble du continent.

Alors que les lignes directrices actuelles, au niveau des CER et l’avant-projet de lignes directrices continentales, ont été spécifiquement créées pour faire face à la pandémie de COVID-19 et aux retombées économiques correspondantes, elles fournissent un cadre visant à faciliter le commerce dans les crises futures ainsi qu’en temps normal. Les échanges ayant débuté et ce dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), ces lignes directrices de facilitation du commerce peuvent permettre aux pays d’intégrer des processus tels que les procédures douanières accélérées dans le traitement douanier régulier. Une plus grande harmonisation et une meilleure intégration peuvent être réalisées pour relancer le processus de reprise économique pour le continent, une fois que la COVID-19 aura disparu.




[1] World Economic Situation and Prospects 2021, UNDESA (2021), https://www.un.org/development/desa/dpad/wp-content/uploads/sites/45/WES....

[2] Trade set to plunge as COVID-19 pandemic upends global economy, WTO (2020), https://www.wto.org/english/news_e/pres20_e/pr855_e.htm.

[3] UNCTADStat Database (accessed Jan 2021). https://unctadstat.unctad.org/wds/TableViewer/tableView.aspx. Trade data is shown as a 3-year average from 2017-19.