Addis-Abeba, 17 mars 2025 (CEA) - On exprime souvent un profond découragement quant à la sécurité alimentaire de l’Afrique et aux perspectives du secteur agricole du continent. Mais ce pessimisme est injustifié, selon le Directeur par intérim du Bureau régional pour l’Afrique de l'Est, de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Andrew Mold.
Lors d’une présentation sur le lien existant entre le commerce et la sécurité alimentaire aux délégués au cours d’un évènement parallèle à la Conférence des ministres de la CEA de 2025, M. Mold a cité le prochain rapport de la CEA intitulé « Améliorer la sécurité alimentaire en Afrique de l’Est grâce à un commerce intrarégional accru – Examen des enjeux ». Ce rapport soutient qu’il existe une voie vers une plus grande sécurité alimentaire en adoptant le concept de sécurité alimentaire régionale collective.
Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Afrique comptait 41 % de la population mondiale sous-alimentée en 2023, contre 24 % en 2000. De plus, la facture des importations alimentaires de l’Afrique est élevée, ce qui met sous pression ses rares réserves de change. En 2023, l’Afrique a dépensé plus de 83 milliards de dollars pour importer des denrées alimentaires de l’extérieur du continent.
Pourtant, il ne faut pas se laisser tromper par les chiffres globaux, a soutenu Mold : c’est la performance nette qui compte en fin de compte, et l’Afrique reste un exportateur alimentaire très important. Les exportations alimentaires vers l’extérieur du continent ont atteint près de 62 milliards de dollars en 2023. Le déficit commercial alimentaire de l’Afrique, largement passé inaperçu, s’est nettement amélioré en 2023, pour atteindre 22 milliards de dollars, soit une baisse de 25 milliards de dollars en une seule année. Même ce chiffre est trompeur, a-t-il souligné, car le déficit est alimenté par une poignée de grands importateurs de produits alimentaires, principalement les pays d’Afrique du Nord, le Nigéria et l’Angola.
Mold a reconnu que si certains pays d’Afrique de l’Est peinent à financer leurs importations alimentaires, le déficit global est relativement faible et ne représente que 0,3 % du PIB régional. De plus, il a souligné le potentiel d’un commerce intrarégional accru pour améliorer la sécurité alimentaire, notamment pour les denrées de base comme le maïs et le riz.
De son côté, La Représentante de la FAO pour l’Éthiopie, Farayi Zimudzi, quant à elle, a souligné la nécessité d’investir dans la R&D pour transformer la productivité. « Nous devons investir dans la recherche de variétés à haut rendement, qu’il s'agisse de semences de cultures ou de génétique pour le bétail ».
Elle a déclaré que la forte croissance démographique de l’Afrique soulignait l’urgence d’accroître la productivité alimentaire. Elle a souligné le défi que représente le changement climatique pour les agriculteurs et a affirmé qu’il était temps pour l’Afrique d’investir de manière plus stratégique dans l’irrigation.
« Nous manquons cruellement de capitaux en matière d’irrigation sur le continent ».
Elle a exhorté les décideurs politiques à trouver des moyens d’attirer les investisseurs pour stimuler la transformation. « Les gouvernements ne peuvent pas y parvenir seuls ».
Le Directeur et Professeur-chercheur au Centre d’analyse du commerce mondial du Département d’économie agricole, de l’Université Purdue, Channing Arndt, a mis en exergue le besoin crucial de données de production actualisées.
« Par données actualisées, je veux dire au moment de la récolte. On est censé produire des données pour que les acteurs du marché puissent décider où acheter et où vendre. C'est extrêmement important », a-t-il souligné.
Il a souligné que des données de qualité et actualisées donneraient aux acteurs un avantage concurrentiel. « Des cabinets de conseil utilisent des données satellitaires pour observer les pays africains et estimer l’offre, puis ils indiquent aux grands acheteurs multinationaux vers qui se tourner », a-t-il déclaré.
Il a averti que si les acteurs locaux n’adoptent pas ces technologies, ils continueront de perdre du terrain face aux multinationales.
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