Addis-Abeba, le 23 avril 2024 (CEA) - Dans un appel fort lancé aux parties prenantes lors de l’ouverture du dixième Forum régional africain pour le développement durable (ARFSD-10) à Addis-Abeba (Éthiopie), la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed, a déclaré qu’il est urgent d’agir pour accroître les flux de capitaux vers les Pays en développement (PED), en particulier en Afrique, afin de faire de la relance des ODD une réalité. Elle a également exhorté la communauté internationale à soutenir l’Afrique dans ses efforts visant à concrétiser sa vision du développement à travers le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Agenda 2063.
Mme Mohammed a déclaré aux participants du forum multipartite composé de représentants des États membres, de jeunes, de la société civile et d’acteurs du secteur privé que les pays africains sont confrontés à des défis importants, notamment le service de la dette, la hausse des taux d’intérêt et un espace budgétaire limité.
« Le service de la dette en Afrique atteint un niveau record en raison des chocs extérieurs, ce qui ne laisse que très peu d’espace budgétaire, voire rien, pour investir dans le développement durable. » En outre, le service de la dette « a représenté l’année dernière le chiffre stupéfiant de 47,5 % des recettes publiques en Afrique subsaharienne. Il s’agit des principales dépenses consacrées aux services essentiels, ainsi qu’aux investissements destinés aux domaines de l’éducation et de la santé pour l’avenir du continent », a-t-elle déclaré.
Selon Mme Mohammed, au moins 500 milliards de dollars par an sont nécessaires pour accroître le financement abordable à long terme du développement, parallèlement aux réformes structurelles au sein même des institutions et des règles qui constituent l’architecture financière mondiale.
Faisant écho au Vice-Secrétaire général, Robinah Nabbanja, le Premier Ministre ougandais, a souligné la nécessité de réformer l’architecture financière mondiale pour garantir des conditions de financement favorables, ajoutant qu’il est nécessaire d’imposer un financement à long terme pour les pays en développement afin de créer des économies durables. Elle a déclaré qu’une agriculture intelligente face au climat, la technologie et l’innovation sont les principaux moteurs du développement durable sur le continent.
La dixième édition du Forum régional africain pour le développement durable (ARFSD-10) se déroule sous le thème : « Renforcer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Agenda 2063 et éliminer la pauvreté en période de crises multiples : mise en œuvre efficace de solutions durables, résilientes et innovantes ».
Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Claver Gatete, a pour sa part souligné la nécessité de mettre en place « des mécanismes de financement innovants, associés à des réformes de l’architecture financière mondiale », pour ouvrir de nouvelles voies d’investissement durable et de croissance inclusive en Afrique.
Il a souligné la nécessité de tirer parti des vastes ressources naturelles de l’Afrique, en particulier des minéraux essentiels à la transition vers des économies vertes, à l’échelle mondiale. Il a également déclaré que les énergies renouvelables constituent l’épine dorsale du développement durable, « avec des opportunités inexploitées pour stimuler les investissements et promouvoir la sécurité énergétique à travers le continent ».
M. Gatete a évoqué les six voies de transition que le système des Nations Unies a identifiées comme des voies d’investissement clés pour la réalisation des ODD. Ce sont : les systèmes alimentaires ; l’accès à l’énergie et à un coût abordable ; la connectivité numérique ; l’éducation ; l’emploi et la protection sociale et enfin le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution, a-t-il déclaré.
Le Secrétaire exécutif de la CEA a également noté que les défis climatiques en Afrique réduisent les budgets jusqu’à 5 % du PIB par an, dans un contexte où les besoins en infrastructures et et en matière de changement climatique sont élevés et dont le coût est estimé entre 68 et 108 milliards de dollars par an.
« La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) offre une opportunité unique de stimuler l’agro-industrie et de renforcer la sécurité alimentaire, pierre angulaire de la résilience face à des défis multiformes », a indiqué M. Gatete.
La Vice-Présidente de la Commission de l’Union africaine, Monique Nsanzabaganwa, a noté que les dirigeants africains ont adopté la mise en œuvre à deux niveaux de l’Agenda 2063, démontrant leur engagement inébranlable à réaliser les aspirations des Africains.
« Les pays devraient innover et créer des institutions solides, responsables et à la hauteur de leurs citoyens », a-t-elle ajouté.
Mme Msanzabaganwa a également noté que la mobilisation des ressources nationales relève de la responsabilité des gouvernements et qu’il est nécessaire de mettre en place un régime fiscal mondial juste et inclusif.
La Ministre de la planification et du développement, Fitsum Assefa, s’exprimant au nom de la Présidente de la République fédérale démocratique d’Éthiopie, Sahle-work Zewde, a exhorté les pays à « encourager les innovations menées par les jeunes en tant que force puissante dans notre adéquation aux ODD pour catalyser un changement transformateur, accélérer les progrès et ouvrir de nouvelles opportunités pour un développement inclusif et éliminer la pauvreté. Elle a ajouté que l’Éthiopie a fait des progrès dans la mobilisation des ressources nationales et internationales pour une croissance économique et un développement rapides et durables. Cette expérience pourrait être comparée à d’autres pays pour une mise en œuvre accélérée des objectifs restants du plan stratégique.
Le président du bureau sortant du Forum régional africain pour le développement durable e l’ARFSD, le Ministre nigérien de l’hydraulique, de l’assainissement et de l’environnement, Maizama Abdoulaye, a souligné l’importance de l’engagement des pays à mettre en œuvre un développement durable inclusif pour faire du continent un continent plein d’opportunités. M. Abdoulaye a souligné que l’Afrique devrait investir dans le bleu et le vert, ce qui requiert des investissements dans les infrastructures.
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