Bujumbura, 27 septembre 2023 (CEA) – « Les Investissements Directs Etrangers (IDE) qui atteignent l’Afrique ne transforment pas durablement les conditions de vie des populations en bien-être. Il y a donc un besoin urgent d'IDE de qualité qui auraient un impact réel sur le niveau de revenus des pays », rapporte une étude de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) sur les déterminants de la qualité des investissements et des réformes. Les discussions sur cette thématique ont été un élément-phare de la Session 2023 du Comité Intergouvernemental des Hauts Fonctionnaires et Experts, tenu à Bujumbura, au Burundi, du 26 au 29 Septembre 2023.
Lors de la session 5, consacrée au dialogue de haut niveau sur le renforcement de l'attractivité de l’Afrique centrale et de l’est pour favoriser les investissements pour l'industrialisation, la diversification et la sécurité alimentaire, Christian Otchia, économiste et enseignant à l’Université de Nagoya au Japon a souligné que « l’Afrique centrale et l’Afrique de l’est, tout comme le reste du continent, sont victimes du paradoxe de Lucas. Il met en exergue le fait que les entreprises qui font les meilleurs profits investissent le moins ». Cette situation résulterait de la morosité de l’environnement des affaires et du peu de confiance des opérateurs économiques dans les deux sous-régions.
Ainsi, les hauts fonctionnaires et experts ont validé le rapport portant sur l'attractivité des économies d'Afrique centrale et d'Afrique de l'est. Dans l'optique de répondre à l'ambitieux défi consistant à améliorer simultanément l'environnement des affaires, à renforcer la qualité des investissements en les orientant vers des secteurs propices à la création d'externalités positives, et à augmenter le volume global d'investissements dans ces deux sous-régions, les parties prenantes ont formulé une recommandation essentielle. Celle-ci préconise d'établir le modèle industriel sur la base de Zones Économiques Spéciales (ZES).
Pour Bertrand NGNIE, consultant de la CEA et économiste à l’Université de Yaoundé 2 au Cameroun, « les ZES sont des zones géographiquement délimitées ayant une administration autonome, dans lesquelles les pouvoirs publics stimulent l’activité industrielle en prenant des mesures d’incitations fiscales et non fiscales tout en apportant un appui aux infrastructures physiques (réseaux routiers, ferroviaires, des voies navigables, de télécommunications, électriques, d’adduction d’eau, etc.) indispensables à l’industrialisation ».
En matière de gouvernance, pour instaurer un environnement des affaires fertile aux investissements, les hauts fonctionnaires et experts ont recommandé aux Etats et aux Communautés Economiques Régionales de déployer des réformes structurelles de manière séquencée. Pour renforcer la compétitivité des entreprises, il faudra promouvoir la digitalisation des services publics en développant des services en ligne de qualité pour faciliter l'accès à l'information, réduire les coûts de transaction ; réformer la fiscalité en prenant en compte les contraintes spécifiques à l’écosystème des affaires et à la rentabilité des investissements. Pour ce qui est des supports juridiques et infrastructurels, la recommandation est d’investir dans le système judiciaire en augmentant les moyens matériels, humains et financiers pour réduire les délais de résolution des litiges et les coûts associés ; d’améliorer les infrastructures de transport pour réduire les coûts et les délais de transit des marchandises ; et de simplifier les longues procédures administratives en minimisant les contrôles excessifs notamment dans les corridors de transport.
A l’endroit du secteur privé en priorité mais aussi des Etats, ils ont fortement invité au développement de la main-d'œuvre qualifiée en mettant en place des programmes de formation pour répondre aux besoins des investisseurs et combler le manque de qualification spécialisée.
Pour mener à bien ces recommandations, les Etats et le secteur privé sont appelés à élaborer conjointement des plans d'action globaux visant à réformer la gouvernance publique, moderniser les politiques publiques, renforcer le financement du secteur privé et développer massivement les services numériques.
Le cadre idéal favorisant l’adoption, l’appropriation et l’évaluation des ces mesures demeure un dialogue actif entre le secteur public et privé.
Selon les données statistiques de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), en 2022, la Thaïlande a réussi à attirer plus de 306 millions de dollars américains en Investissements Directs Étrangers (IDE). Les pays d'Afrique centrale et d'Afrique de l'est ont, quant à eux, capté respectivement 128,249 millions de dollars américains et 187,780 millions de dollars américains.
Cette sous-performance dans les deux sous-régions s’illustre davantage lorsqu’on compare les capacités d’attrait d’investissements du reste du continent africain sur la durée. Les données compilées par la CNUCED, couvrant la période de 1980 à 2019, mettent en lumière cette disparité. Les pays d'Afrique centrale ont reçu environ 37 milliards de dollars américains en IDE au cours de cette période, tandis que leurs homologues d'Afrique de l'Est ont attiré environ 24 milliards de dollars. Dans les régions d'Afrique du Nord, d'Afrique australe et d'Afrique de l'Ouest, les volume d’investissements drainés s’élèvent respectivement à 98 milliards de dollars, 71 milliards de dollars et 57 milliards de dollars en IDE sur la même période.
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