Entretien avec Victor Konde, Chargé des affaires scientifiques, à la Division de la technologie, du changement climatique et de la gestion des ressources naturelles, de la CEA.
Q. Le Forum sur la science, la technologie et l’innovation est devenu une partie intégrante du Forum régional africain annuel pour le développement durable sur l’évaluation de la mise en œuvre des ODD. Quel était l’objet dudit Forum qui s’est tenu à Niamey début 2023 ?
VK : Le cinquième Forum régional africain sur les STI a été accueilli par le Gouvernement du Niger. Il a été honoré par la présence de divers ministres et dirigeants du système des Nations Unies, de la CUA, des secteurs privé et public. En tant qu’organisateurs, nous avons estimé qu’il était important de se concentrer sur l’accélération du développement et sur la diffusion des technologies émergentes pour construire une Afrique verte, inclusive et résiliente. Dans l’ensemble, ce fut l’occasion de renouveler les appels à accroître les investissements dans la recherche, les infrastructures, le capital humain et l’innovation, ainsi que de faire progresser la mise en œuvre des politiques STI afin de tirer pleinement parti des opportunités qu’offrent les technologies émergentes.
Q. Pour les parties prenantes africaines, quelle est selon vous quelle importance y a-t-il de relier la communauté STI à la plateforme FRADD ?
VK : Le Forum STI est axé sur plusieurs parties prenantes et il est devenu une plate-forme africaine importante pour la collaboration, pour faire naître de nouvelles idées et pour rendre compte des nouvelles innovations essentielles à la mise en œuvre des ODD, telles que l’Initiative Origin. Plus important encore, en tant qu’Africains, nous utilisons la plate-forme comme une rampe de lancement pour faire entendre notre voix sur les actions clés nécessaires visant à accroître la compréhension des STI et convenir des actions concrètes telles que l’Alliance des universités entrepreneuriales en Afrique et les Réseaux de développement et de transfert de technologie. De tels efforts amènent les gouvernements, l’industrie et les institutions de R&D à relever les défis dans leurs communautés et à générer des solutions susceptibles d’avoir un impact régional.
Le Forum a placé la jeunesse au centre du FRADD. Nous organisons des ateliers pratiques pour les jeunes lors des évènements STI. Nous avons eu 250 jeunes au deuxième Forum STI au Zimbabwe en 2020 et à Niamey, organisé quatre ateliers pratiques et hackathons abordant une variété de questions, y compris un atelier pratique virtuel pour l’innovation et la conception des jeunes pour 354 participants et 52 mentors et formateurs. Nous avons organisé un atelier pratique pour les écoles primaires et secondaires (60 élèves et enseignants) ; un hackathon sur le changement climatique ; et le Camp de codage pour les filles connectées en Afrique, qui a été honoré par la présence du président du Niger et la Vice-Secrétaire générale de l’ONU. L’Afrique est un continent jeune. Notre approche est centrée sur la conviction que les jeunes ne sont pas seulement des bénéficiaires, mais qu’ils doivent devenir dès maintenant des moteurs de changement.
Q. En mai, la CEA et ses partenaires ont organisé la première Journée STI en Afrique, dans le cadre du Forum mondial multipartite sur la science, la technologie et l’innovation pour les ODD à New York. Pourriez-vous mettre en évidence certains résultats clés ?
VK : La Journée STI en Afrique a été une excellente occasion de faire entendre la voix africaine directement depuis Niamey au Forum mondial multipartite sur la science, la technologie et l’innovation pour les ODD ; et de montrer comment le monde peut aider l’Afrique à réaliser ses aspirations de développement. Pour cette raison, la Journée STI en Afrique s’est concentrée sur la manière dont le continent peut tirer parti de : a) sa diaspora importante et diversifiée, b) une population jeune de plus en plus instruite, c) son marché unique en croissance rapide - la Zone de libre-échange continentale africaine, et d) ses ressources naturelles considérables pour construire un écosystème STI robuste qui peut accélérer le développement national et régional.
Parmi les principaux résultats figurent la création et le lancement de la Coalition STI en Afrique cofondée par l’Afrique du Sud qui assure la présidence, l’Éthiopie, le Ghana et le Maroc. La Coalition vise à promouvoir les STI en Afrique au niveau mondial, à aider à mobiliser des ressources telles que l’expertise et les opportunités commerciales parmi la diaspora ayant un intérêt pour l’Afrique, et à promouvoir également le travail entrepris par l’Alliance, entre autres. C’est une grande opportunité, car les pays africains peuvent partager leurs expériences aux niveaux national et international et tirer parti des ressources disponibles dans le monde.
Q. Quelle est la prochaine étape pour la CEA et ses partenaires pour le programme STI ?
VK : Pour la CEA et nos partenaires du système des Nations Unies, du secteur privé et des groupes de réflexion et des États membres, nous devons intensifier nos efforts et nous assurer que l’Afrique exploite les opportunités technologiques émergentes pour faire un bond en avant, sinon le continent accusera encore plus de retard. D’énormes perturbations sont attendues autour des biosciences, de l’énergie et du numérique. Par exemple, dans le domaine des coûts énergétiques, entre 2000 et 2022, les coûts de l’énergie solaire sont passés de 850 $ à 22 $ par MW/h et pourraient atteindre un prix bas de 5 $ d’ici 2040. Le prix des batteries solaires est passé de 1 500 $ à 120 $ par kW/h et devrait atteindre 60 $. Les prix baissent beaucoup plus rapidement et aujourd’hui pour des technologies qui ont souvent mis 15 ans à voir le jour. Et pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, nous avons accès à des technologies capables de relever la plupart des défis auxquels nous sommes confrontés. Les parties prenantes africaines doivent faire plus pour aider à faire la différence sur le terrain.
Plus important encore, je fais écho à l’appel de la Vice-Secrétaire générale à l’occasion de la Journée des STI en Afrique selon lequel nous risquons de ne pas tenir bon nombre de nos promesses mondiales communes - notamment celles d’éliminer la pauvreté et la faim, d’autonomiser les femmes et les filles, d’agir contre le changement climatique et la perte de biodiversité, et de garantir l’accès à une éducation de qualité, à une énergie propre et à des soins de santé. Nous sommes d’accord et soutenons son appel à des initiatives concrètes, des propositions et des partenariats qui aideront à intensifier les efforts en cours et à établir de nouveaux partenariats et sa mobilisation pour une meilleure collaboration à travers les frontières et les disciplines pour développer de nouvelles solutions.
Cliquez ici pour en savoir plus sur le Forum régional africain pour le développement durable - ARFSD et le Forum sur la science, la technologie et l’innovation (STI)
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