Permettez-moi de commencer par remercier le Président Macky Sall pour son leadership en tant que Président de l’UA au cours de l’année 2022.
Président Assoumani, nous nous réjouissons de travailler avec vous en tant que nouveau président.
Et je tiens à vous féliciter tous de vous être unis autour du thème, « une Afrique intégrée, prospère et pacifique ».
L’Union africaine prend des mesures inspirantes pour aider à réaliser l’énorme potentiel de ce grand continent.
L’Afrique est destinée à progresser.
L’Agenda 2063. La Décennie de l’inclusion financière et économique des femmes. L’abondance des ressources naturelles du continent. Et son plus grand avantage de tous — ses habitants, représentant un large éventail de cultures et de langues.
En particulier, je suis ravi de voir que vous vous concentrez sur la création d’emplois et sur l’énorme potentiel de la Zone de libre-échange continentale africaine.
Cela représente une voie véritablement transformatrice vers la création d’emplois et de nouvelles sources de prospérité pour les Africains, en particulier pour les jeunes.
Et j’applaudis les progrès notables qui ont été accomplis jusqu’à présent, et l’engagement du Président Issoufou en tant que champion de cet effort important.
L’ONU est fière d’être votre partenaire et de travailler ensemble.
Les liens entre l’Union africaine et l’ONU n’ont jamais été aussi solides.
Mais je reconnais également les énormes épreuves auxquelles l’Afrique – et en fait notre monde – est confrontée sur pratiquement tous les fronts.
J’ai récemment pris la parole devant l’Assemblée générale des Nations Unies sur les défis multiples et interdépendants auxquels notre monde est confronté - plus grands que tout autre de notre vivant.
Et à bien des égards, les peuples d’Afrique portent le poids de ces crises.
Un système financier mondial dysfonctionnel et injuste qui fait défaut aux Pays en développement au moment où ils en ont le plus besoin.
Les profondes inégalités dans la disponibilité des ressources pour la reprise après la pandémie.
Une crise du coût de la vie — exacerbée par les conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine.
Le chaos climatique - auquel les Africains n’ont guère contribué à provoquer - qui provoque des inondations et des sécheresses meurtrières, met des communautés et des vies en danger et déplace des millions de personnes.
Et les menaces à la paix et à la sécurité impliquent souvent des intérêts – et des profits – bien au-delà des frontières du continent.
Excellences,
Dans tous ces domaines, le message est clair.
L’Afrique a besoin d’action.
Premièrement — l’action économique.
L’Afrique est riche en potentiel.
Mais elle n’est pas riche en soutien mondial.
Investir dans les voies africaines vers la prospérité nécessite des financements.
Et les Pays en développement sont à plusieurs reprises laissés pour compte.
Le système financier mondial leur refuse régulièrement un allégement de la dette et un financement concessionnel, tout en facturant des taux d’intérêt exorbitants.
En conséquence, les systèmes vitaux sont privés d’investissements - de la santé et de l’éducation aux technologies vertes, en passant par la protection sociale et la création de nouveaux emplois durables.
Pendant ce temps, les femmes et les filles ne reçoivent toujours pas le soutien et l’investissement dont elles ont besoin - en classe, sur le lieu de travail, dans la société civile et dans tous les systèmes politiques.
Les pays africains ne peuvent pas investir dans ces domaines critiques et gravir les échelons du développement avec une main liée dans le dos.
J’ai appelé à un nouveau moment Bretton Woods pour transformer radicalement l’architecture financière mondiale.
Le cœur battant de ce système — chaque décision, mécanisme et processus — devrait être centré sur les besoins des Pays en développement.
Ils devraient se faire entendre davantage dans les institutions mondiales, y compris les institutions financières. Le Conseil de sécurité, le système de Bretton Woods sont des exemples typiques où l’Afrique est largement sous-représentée.
Nous avons besoin d’une nouvelle architecture de la dette qui offre un allégement et une restructuration de la dette aux pays vulnérables - y compris les Pays à revenu intermédiaire - tout en offrant une suspension et une dépréciation immédiates de la dette aux pays dans le besoin.
Les banques multilatérales de développement devraient transformer leur modèle économique et accepter une nouvelle approche du risque.
Cela comprend la mobilisation massive de leurs fonds pour attirer de plus grands flux de capitaux privés dans vos pays.
Cela signifie augmenter les garanties et adopter des positions de première perte dans les coalitions d’institutions financières pour soutenir les Pays en développement, en particulier en Afrique.
Je continuerai également à pousser les dirigeants du G20 à une relance des ODD pour soutenir les pays du Sud.
Le Sommet sur les ODD de septembre doit être un moment décisif pour apporter un soutien aux Pays en développement et réformer un système financier mondial défaillant.
Je continuerai à être à vos côtés dans ce combat.
Deuxièmement, l’Afrique a besoin d’action pour le climat.
L’injustice brutale du changement climatique est pleinement visible à chaque inondation, sécheresse, famine et vague de chaleur qui se produit sur ce continent.
Les pays les moins responsables de cette crise en ressentent les effets les plus dévastateurs.
Pendant ce temps, plusieurs pays africains font preuve d’un leadership fort en matière de climat.
Cela comprend la stratégie d’économie verte du Kenya, l’effort de protection des forêts tropicales du Congo, le partenariat énergétique pour la transition juste de l’Afrique du Sud et l’ambitieux programme de stimulation verte de l’UA.
Je trouve encourageant le rôle de premier plan des petits États insulaires africains, le rôle qu’ils jouent dans la défense de l’Initiative de la Grande Muraille bleue.
C’est clair, le monde doit se décarboner.
Mais nous devons veiller à ce que la transition vers les énergies renouvelables soit une transition juste, en particulier en Afrique, où les défis de l’accès à l’énergie et du développement doivent être correctement relevés.
Cela comprend un accès plus large aux technologies telles que les systèmes de stockage de batteries, les composants et les matières premières.
La prochaine Initiative de la chaîne de valeur transfrontalière des batteries et des véhicules électriques organisée par la RDC et la Zambie en est un bon exemple.
Mais tous ces efforts doivent s’accompagner d’un raz-de-marée de soutien des pays développés.
Ils doivent respecter la promesse de 100 milliards de dollars faite aux Pays en développement.
Ils doivent lancer le fonds pour les pertes et les dommages convenu lors de la dernière COP, à Sharm el-Cheikh.
Ils doivent parvenir à doubler le financement de l'adaptation.
Ils doivent reconstituer le Fonds vert pour le climat.
Et mettre en œuvre des plans de systèmes d’alerte précoce pour protéger chaque personne dans le monde d’ici cinq ans, y compris les 6 Africains sur 10 qui n’ont pas ces systèmes.
En septembre, j’organiserai un sommet qui portera sur l’ambition climatique dans l’optique de la COP28 en décembre, où les gouvernements, les entreprises et la société civile démontreront leur engagement à atteindre le zéro émission nette.
Et troisièmement, l’Afrique a besoin d’action pour la paix.
L’ONU est fière d’être un partenaire de paix en Afrique.
Qu’il s’agisse de nos forces hybrides et programmes conjoints ; du renforcement des processus électoraux et des transferts pacifiques de pouvoir ;
de nos efforts de maintien et de consolidation de la paix ;
ou encore de nos initiatives conjointes visant à mettre fin au terrorisme à travers le continent.
Mais notre travail devient chaque année plus complexe.
Le terrorisme et l’insécurité s’aggravent et les conflits sont plus nombreux.
Je suis profondément préoccupé par la montée de la violence des groupes armés observée récemment dans l’est de la République démocratique du Congo et par la progression des groupes terroristes au Sahel et ailleurs.
Je souscris à l’appel que vous avez lancé en faveur du rétablissement de gouvernements civils et démocratiquement élus au Burkina Faso, en Guinée, au Mali et au Soudan.
Nous savons que la paix est possible.
L’accord de cessez-le-feu conclu ici en Éthiopie sous l’égide de l’Union africaine - et je félicite le Premier Ministre Abiy Ahmed pour le succès du processus - le cessez-le-feu instauré en Libye et les accords de paix au Soudan du Sud et en République centrafricaine, ainsi que les avancées observées en Somalie, sont autant de nouvelles porteuses d’espoir.
Nous devons continuer à lutter pour la paix.
Néanmoins, pour parler sans détour, les mécanismes de paix vacillent.
Le système n’est pas aussi souple et efficace qu’il devrait l’être.
Le Nouvel agenda pour la paix que nous proposons au sein des Nations Unies vise à donner un nouveau souffle au multilatéralisme et renforcer nos opérations de paix dans le monde.
Il est pensé selon une vision holistique – identifiant les causes profondes des conflits et empêchant les graines de la guerre de germer.
Il doit définir une approche globale de la prévention, qui fait le lien entre la paix, le développement durable, l’action climatique et les droits humains, et qui s’appuiera sur une participation plus large des femmes et des jeunes.
Et nous sommes déterminés à intensifier le travail que nous menons avec l’Union africaine pour promouvoir des structures de gouvernance démocratiques et ouvertes.
Nous continuerons à renforcer et à améliorer les opérations de maintien de la paix.
Mais, dans le même temps, et j’insiste sur ce point, nous appuyons sans réserve la création d’une nouvelle génération de missions robustes d’imposition de la paix et d’opérations de lutte contre le terrorisme, dirigées par l’Union africaine et dotées d’un mandat du Conseil de sécurité en vertu du Chapitre VII – ainsi que d’un financement garanti et prévisible, y compris par des contributions obligatoires.
Et nous devons continuer de renforcer notre collaboration sur des initiatives de paix majeures, comme nous l’avons fait avec le Groupe indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel.
Je me réjouis d’œuvrer à vos côtés pour faire taire les armes et créer les conditions pour la paix – une paix indispensable aux 1,4 milliard de personnes vivant en Afrique.
Excellences,
Le XXIème siècle a tout pour être le siècle de l’Afrique.
Et l’ONU est déterminée à travailler avec chacun et chacune d’entre vous pour libérer cet énorme potentiel et surmonter les obstacles qui se dressent sur notre chemin.
Agissons pour l’Afrique.
Et je vous remercie.