Accra, le 26 janvier 2023 (CEA) - Le secteur privé est reconnu comme un acteur incontournable de l’Accord sur la Zone de libre-échange continental africain (ZLECAf), en particulier compte tenu de sa capacité à catalyser le développement économique durable et la création d’emplois.
« Le secteur privé africain représente 80 % de la production totale, les deux tiers des investissements et les trois quarts du crédit, et emploie 90 % de la population en âge de travailler », déclare Stephen Karingi, Directeur de l’intégration régionale et du commerce à la Commission économique pour l’Afrique (CEA).
S’exprimant lors de l’ouverture d’un dialogue de trois jours sur la prospérité en Afrique, le 26 janvier, au Ghana, M. Karingi appelle les précurseurs du commerce et de l’industrie à s’approprier et à conduire la mise en œuvre de la ZLECAf en soutenant leurs gouvernements mais aussi en les tenant responsables ».
La CEA estime que d’ici 2045, le commerce intra-africain dans les secteurs de l’agroalimentaire, de l’industrie et des services augmentera de près de 35 % par rapport à une situation sans la ZLECAf. Mais les gouvernements doivent mettre « pleinement et efficacement » en œuvre l’Accord pour que des projections aussi impressionnantes se réalisent, et le secteur privé doit également saisir les opportunités d’un grand marché unique créé par ladite Zone.
Le rôle du secteur privé a également été repris par la Présidente du Réseau africain pour la prospérité, Gabby Otchere-Darko, qui déclare que « nous (le secteur privé) devrons tenir les promesses de réaliser la ZLECAf et en faire « notre programme ».
L’évènement a été officiellement ouvert par le Vice-Président du Ghana, Mahamudu Bawumia, qui souligne que « nous avons tout ce dont nous avons besoin pour transformer l’Afrique en une puissance mondiale de l’avenir », ajoutant que « la ZLECAf a ouvert la voie à l’industrialisation de l’Afrique ».
La Secrétaire générale adjointe des Nations unies et Directrice du Bureau régional du PNUD pour l’Afrique, Ahunna Eziakonwa, déclare que « c’est grâce à la ZLECAf que nous allons nous industrialiser » et créer plutôt qu’ « exporter des emplois africains ».
« Une Afrique qui produit les besoins de son peuple n’est pas seulement l’Afrique que nous voulons, c’est l’Afrique dont nous avons besoin », indique Mme Eziakonwa.
M. Karingi note toutefois que le secteur privé africain, dont 90 % sont des Petites et moyennes entreprises, est confronté à des difficultés dans la conduite du commerce transfrontalier en raison de barrières non tarifaires telles que des procédures douanières complexes, le manque d’accès au financement, les coûts de transport élevés et la logistique, et le manque d’accès à l’information, entre autres.
Il cite la connectivité inadéquate des infrastructures, la capacité de production rudimentaire et les systèmes de paiement risqués ou coûteux comme certains des obstacles au commerce, ajoutant que « le coût des affaires à travers les frontières africaines reste élevé, ce qui conduit à la situation regrettable où les produits africains ne sont pas compétitifs sur les marchés africains’.
La faible capacité de production de l’Afrique et la dépendance excessive qui en résulte vis-à-vis des importations de produits essentiels exposent le continent à des chocs externes tels que la pandémie de COVID-19 et la guerre russo-ukrainienne.
« Lorsque la COVID-19 a frappé, les pays africains ont été confrontés à un manque d’accès aux fournitures médicales de base car l’Afrique importe plus de 90 % de ses fournitures. Lorsque la crise russo-ukrainienne a éclaté, plusieurs pays africains ont été confrontés à une crise de sécurité alimentaire car les exportations de blé et de maïs de la Russie et de l’Ukraine ont été suspendues », affirme M. Karingi.
La ZLECAf devrait intégrer et consolider l’Afrique dans un marché unique de 2 700 milliards de dollars en éliminant bon nombre des obstacles au commerce présents sur le continent. Elle fournit au continent une plateforme pour diversifier son économie et atteindre la résilience aux chocs naturels et d’origine humaine, y compris au changement climatique.
Wamkele Mene, Secrétaire général du secrétariat de la ZLECAf, affirme que l’ambition d’intégrer l’Afrique remonte à la fondation de l’Organisation de l’unité africaine (aujourd’hui connue sous le nom de l’Union africaine). Mais le défi maintenant, note-t-il, est de « transformer une telle ambition en action », citant la fabrication de vaccins dans certains pays africains comme l’un des moyens par lesquels le continent passe de l’ambition à l’action dans le cadre de la ZLECAf.
Les premiers Dialogues sur la prospérité en Afrique sont organisés par le Réseau pour la prospérité en Afrique en collaboration avec la CEA, le Secrétariat de la ZLECAf et le Gouvernement du Ghana
M. Karingi rassure les participants sur le fait que « la CEA est présente depuis le début ; et sera là jusqu’au bout. L’Afrique est prête à concrétiser les promesses de la ZLECAf, et la CEA sera là jusqu’au bout.
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