La Conférence économique africaine 2022 a débuté ce vendredi à Balaclava, à Maurice, avec des intervenants de la première session plénière appelant le continent à trouver des modèles alternatifs de financement climatique loin des instruments de dette.
L’un après l’autre, les orateurs ont rappelé aux pays développés de tenir leur promesse et de payer les dommages causés par le changement climatique en Afrique. Les gouvernements africains ont également été invités à améliorer leurs systèmes de gouvernance pour attirer des financements privés afin d’atténuer le changement climatique.
Le thème de la conférence de trois jours est « Soutenir un développement sensible aux changements climatiques en Afrique » et intervient à un moment où le défi du continent en matière de changement climatique a été aggravé par la guerre en Ukraine et la pandémie de Covid-19.
« The Leadership Dialogue: Enhancing Climate Finance in Africa » a réuni la Banque africaine de développement (BAD), la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) — les co-organisateurs de la conférence.
On s’inquiétait du paradoxe de l’Afrique - bien qu’elle ne soit pas un émetteur majeur de gaz à effet de serre avec un peu moins de 3 % des émissions totales, elle reçoit peu de financements climatiques. M. Kevin Urama, Économiste en chef par intérim et Vice-Président du Groupe de la Banque africaine de développement, a noté que cela ne fait que donner aux émetteurs une incitation à émettre davantage.
Selon M. Urama, la majeure partie des fonds était plutôt dirigée vers des pays émetteurs tels que la Chine.
Les intervenants ont souligné la nécessité pour les pays développés de respecter leurs engagements dans l’Accord de Paris de financer les pays africains pour les effets négatifs causés par le changement climatique.
Ils étaient également préoccupés par les instruments de dette qui affluaient sur le continent, en particulier les prêts concessionnels qui étaient classés dans la catégorie des financements climatiques.
« Jusqu’à 60 % des financements climatiques entrant en Afrique étaient des instruments de dette. Pourtant, les pays africains n’ont pas causé le problème du financement climatique », a déclaré M. Urama, appelant à une définition claire de ce qu’est le financement climatique.
Cela a été repris par Flavien Joubert, Ministre de l’agriculture, du changement climatique et de l’environnement des Seychelles.
« Nous (Africains) payons beaucoup d’argent que nous redonnons aux pays donateurs », a déclaré Joubert, notant que très peu de financement se retrouve dans les projets.
Joubert a ajouté qu’il est regrettable que la plupart des pays africains aient très peu de contrôle sur les informations, les actions et les processus de mobilisation de fonds, ce qui rend difficile pour eux de bénéficier du financement climatique.
La session plénière a également appelé les pays africains à mettre en place les bonnes conditions, notamment l’amélioration de leurs systèmes de gouvernance, pour attirer le secteur privé dans le financement climatique.
Mathieu Mandeng, PDG de Standard Chartered Bank Mauritius Ltd, a évoqué la nécessité d’avoir une véritable base d’intégrité et un cadre d’amélioration, qui sont tous deux nécessaires pour que les financiers participent à un financement durable.
« Les gens doivent faire correspondre leurs ambitions à leurs actions pour gagner la confiance », a déclaré Madeng.
Il a également sonné l’alarme sur le phénomène récent où les banques mondiales réduisent de plus en plus les risques du continent en se retirant, mais le déficit de financement reste énorme.
L’impact perturbateur de la COVID-19, la guerre russo-ukrainienne et l’augmentation de l’encours de la dette sur le continent limitent les capacités des États africains à atteindre les objectifs de financement climatique. Au cours de la période 2016-2019, l’Afrique n’a reçu que 3 % du flux mondial de financement climatique, soit 18,3 milliards de dollars. Ceci en dépit d’initiatives telles que le Fonds d’adaptation, le Fonds vert pour le climat, le Fonds pour l’environnement mondial et le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique.
Couverture conjointe BAD, CEA, PNUD 2022AEC
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