Addis-Abeba, Éthiopie, le 7 juillet 2020 (CEA) – L’Afrique n’a pas besoin d’un plan Marshall pour surmonter la crise actuelle de coronavirus. Elle dispose d’un outil plus puissant dans la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) à utiliser pour accélérer l’intégration régionale et économique et se préparer aux temps incertains.
Telles sont les paroles prononcées ce mardi, par Mme Vera Songwe, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), lors d’un panel de discussion virtuel pour marquer la première Journée de l’intégration africaine consacrée par l’Union africaine pour marquer la mise en œuvre de la ZLECA.
L’intégration, dit Mme Songwe, est essentielle pour la croissance de l’Afrique et la réalisation de l’Agenda 2030 pour le développement durable et les aspirations de développement de l’Afrique telles qu’elles figurent dans l’Agenda 2063.
« Nous devons parler de l’Afrique et de la ZLECA. Notre plan Marshall, c’est la ZLECA. La ZLECA est notre plan, alors embrassons-la et ayons recours à elle », affirme-t-elle.
Mme Songwe dit qu’avec la ZLECA, l’Afrique a collectivement rédigé son propre plan de croissance.
« Le plan Marshall pour l’Europe représentait environ 160% de leur PIB échangé pour ramener la croissance après la guerre. Ce qui nous est arrivé, c’est que nous nous attendions tous à une crise sanitaire, mais nous avons d’abord vécu une crise économique qui était très raide, très profonde, pas seulement pour nous mais pour le reste du monde », précise-t-elle.
Mme Songwe indique que la CEA estime que la croissance économique en Afrique en 2020 passera de 3,2% à -2,8% à une croissance d’environ zéro pour cent en raison du COVID-19, une situation qu’elle décrit comme désastreuse, projetant 20 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté dans un continent où près de 300 millions de personnes ne peuvent pas s’offrir un repas par jour.
« Le COVID est venu et nous a ramené bien en arrière parce que nous devons réévaluer où nous voulons aller et comment y parvenir. Nous devons absolument faire les choses différemment », déclare-t-elle.
Mme Songwe ajoute qu’il est crucial pour l’Afrique d’intégrer ses systèmes financiers afin de créer un système de stabilité financière mutualisé qui fonctionne pour le continent ou la coopération monétaire régionale comme en Asie de l’Est.
« La facilité d’échange de Afreximbank est un excellent pas dans la bonne direction. Mais il faut plus pour intégrer nos économies et nos secteurs financiers », dit la Secrétaire exécutive.
Cela signifie « quand une crise se manifeste, nous nous réunissons et nous tirons et mutualisons nos ressources afin que ceux qui sont les plus touchés obtiennent des ressources ».
« De telle sorte que nous n’ayons donc pas besoin de recourir à la monnaie commune pour obtenir un système mutualisé de stabilité financière qui fonctionne pour le continent. Nous devons veiller à ce que, au fur et à mesure que nous construisons la ZLECA et l’intégration commerciale, nous commencions à mettre en place des systèmes monétaires et fiscaux plus solides et beaucoup plus robustes qui puissent garantir qu’en tant que continent, nous puissions réellement travailler les uns avec les autres de manière plus efficace, ajoute Mme Songwe.
Elle informe le panel des activités entreprises par la CEA depuis le début de la crise pour aider les nations africaines, le secteur privé et la société civile à comprendre et à élaborer des stratégies visant à contenir la pandémie et se préparer pour rebâtir plus solide.
Elle indique que le COVID-19 a procuré à l’Afrique l’occasion d’évaluer ses faibles systèmes de prestation de soins de santé avec des pays comme l’Afrique du Sud, l’Éthiopie, le Maroc et d’autres qui se sont lancés dans la construction de nouvelles infrastructures de santé.
L’Afrique doit produire en interne, déclare Mme Songwe. Le continent importe pour 14,7 milliards de dollars de médicaments, soit plus de 95% de sa demande. Elle précise que des pays comme l’Égypte, le Kenya, l’Afrique du Sud, l’Éthiopie et le Cameroun peuvent produire des médicaments pour le continent, ajoutant que les droits de propriété intellectuelle sont la question sur laquelle il faut travailler.
Le panel se composait de la Secrétaire exécutive de la CEA, de M. Mukhisa Kituyi, Secrétaire général de la CNUCED, de M. Benedict Okey Oramah, Président de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), de M. Wamkele Mene, Premier secrétaire général de la ZLECA, de M. Chileshe Mpundu Kapwepwe, Secrétaire général du COMESA et de M. Paolo Gomes d’AfroChampions.
Les panélistes conviennent que la ZLECA est la meilleure relance pour que l’Afrique sorte de la pandémie de COVID-19. Ils conviennent également que la crise est une grande opportunité que le continent ne devrait pas laisser passer, en particulier se servir des leçons tirées pour le développement industriel de l’Afrique ; produire ses propres médicaments et économiser des milliards de dollars dans le processus ; l’inclusion numérique est primordiale et il faut travailler plus que jamais, étroitement comme une Afrique unie avec le secteur privé, entre autres.
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