Dakar, Sénégal, le 15 mai 2022 (CEA) - Le Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique australe (BSR-AA/CEA), en collaboration avec le Gouvernement angolais et le Bureau du Coordonnateur résident des Nations Unies en Angola, a organisé un évènement parallèle en marge de la 54ème session de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique, de la CEA pour offrir aux pays africains une plate-forme de dialogue, d’échange d’idées et d’expériences sur les retombées réelles et potentielles de la crise russo-ukrainienne sur les économies africaines.
L’évènement parallèle visait à stimuler la réflexion sur les retombées de la crise sur le développement durable des économies africaines, à partager des expériences et des perspectives sur la manière de mobiliser des ressources pour contrer les chocs de la COVID-19 et de la crise ukrainienne.
La Directrice du BSR-AA, Eunice G. Kamwendo, fait remarquer que les pays africains sont les plus touchés par la pandémie et que les effets combinés de la crise de COVID-19 et de l’Ukraine sont susceptibles d’aggraver encore les problèmes de liquidité qui entravent la relance. Elle rappelle que de toutes les sous-régions d’Afrique, l’Afrique australe est la plus touchée économiquement en raison de la Covid-19.
« Selon les estimations de la Banque africaine de développement (BAD), le PIB de la région s’est contracté de 6,3 % en 2020, contre une récession de 2,1 % pour le reste de l’Afrique », déclare Mme Kamwendo.
Elle souligne que l’Afrique est confrontée à un risque élevé d’insécurité alimentaire car la Russie et l’Ukraine sont les principaux fournisseurs mondiaux de produits agricoles tels que le maïs, le blé, les huiles et les engrais. « Les deux pays réunis fournissent 30 % des besoins mondiaux en blé et en orge ; fournissent près de 20 % du maïs dans le monde et représentent plus de 50 % de la part du marché mondial de l’huile de tournesol, entre autres matières premières.
La Coordonnatrice résidente des Nations Unies, Zahira Virani, ajoute que la guerre en Ukraine oblige l’Afrique à revoir ses stratégies. « L’Angola dirige l’événement parallèle parce qu’elle est dans une position unique pour faire face à la fois aux retombées négatives et aux opportunités ». Elle déclare que la Zone de libre-échange continentale africaine offre une grande opportunité pour le commerce intra et de nouveaux marchés pour le pays.
Le Ministre angolais de l’économie et de la planification, Mario Augusto Caetano Joao, informe la réunion que pour contrer les chocs, l’Angola a engagé des réformes profondes et changé son modèle commercial en donnant la priorité à la production locale et en se diversifiant, passant de la production pétrolière à de lourds investissements dans l’agro-industrie, la pêche et le transport pour donner au pays un avantage comparatif.
« Il y a dix ans, la dépendance pétrolière de l’Angola était de 43 % et maintenant la dépendance pétrolière n’est que de 20 %, ce qui montre que les investissements portent leurs fruits et que l’économie du pays s’est stabilisée malgré la crise ».
Les participants d’Afrique australe ont bénéficié de l’échange d’expériences d’Afrique de l’Est. L’Honorable Amos Lugoloobi, Ministre d’État ougandais, chargé des finances, de la planification et du développement économique, encourage les pays d’Afrique australe à accroître la production alimentaire locale pour éviter la dépendance au blé. Il donne l’exemple de son pays qui a augmenté la production de ses aliments de base et de produits tels que les bananes, le maïs, le manioc, les palmiers et les pommes de terre.
M. Lugoloobi fait remarquer que l’Ouganda est un producteur net de ses approvisionnements alimentaires et exporte vers les pays voisins. Le pays s’est également lancé dans l’augmentation de la production d’huile de tournesol pour contrer la hausse des prix et être autosuffisant et capable de faire face aux chocs.
Concernant les réponses politiques à la crise ukrainienne et à la pandémie de COVID-19, les participants ont écouté trois autres présentateurs : M. Yamungu Kayandabila, Gouverneur adjoint de la Banque centrale de Tanzanie ; M. Marcos Souto, Directeur pays du FMI en Angola, M. Eklou Attiogbevi-Somado, Directeur de l’agriculture et de l’agro-industrie pour l’Afrique de l’Ouest, Banque africaine de développement et M. Mtho Xulu, Président de la Chambre de commerce et d’industrie sud-africaine.
La réunion, animée par Joseph Atta-Mensah, de la Division de la macroéconomie et de la gouvernance de la CEA, s’est clôturée par une séance interactive de questions-réponses impliquant les panélistes, les journalistes et les représentants des États membres africains, qui réitèrent à la CEA l’importance de la Conférence annuelle des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique (CoM) en tant que plate-forme permettant aux parties prenantes de débattre des questions clés pertinentes pour le développement du continent.
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