Les pays africains devraient exploiter la création, l’adoption et l’utilisation responsables des technologies de la 4ème révolution industrielle pour la transformation économique à une ère le financement du développement recule. Tel est le point de vue des experts en technologie, réunis lors d’une séance plénière sur la transformation numérique pour un système efficace de financement du développement en Afrique à Sal, au Cap-Vert.
Ils conviennent que cela nécessitera de bonnes politiques en vue de garantir la viabilité, l’efficacité et la portée sur le marché des innovations créées dans leurs pays.
Philip Thigo, Conseiller en partenariats numériques et Responsable, de Africa Leading the 4th Industrial Revolution au PNUD, déclare que le développement de l’Afrique dans l’espace numérique dépend de la croissance de l’entrepreneuriat qui tire parti des technologies numériques pour le marché grâce à l’innovation, une hausse de la croissance économique inclusive, une meilleure réglementations du marché, l’élaboration de politiques efficaces et des institutions publiques fortes qui réduisent l’instabilité politique au sein des gouvernements, conduisant à des démocraties plus fortes.
« La technologie permet la transformation rapide de la société, simplifiant la fracture numérique déjà existante, mais elle crée des menaces pour le tissu même de la démocratie et du développement durable », déclare Thigo.
Les solutions mobiles stimulent l’inclusion financière en Afrique, faisant passer le taux de pénétration bancaire sur le continent de moins de 20 % en 2015 à plus de 40 % aujourd’hui.
Les experts affirment que le segment le plus dynamique du boom des start-up en Afrique a vu les entreprises de technologie financière lever 836 millions de dollars de capital en 2019, contre 379 millions de dollars en 2018. Elles accélèrent l’inclusion financière sur un continent où il n’y a que cinq succursales bancaires pour 100 000 habitants, contre 13 dans d’autres parties du monde. Cependant, comme le montre l’explosion des plateformes de prêt en ligne au Kenya, cette croissance comporte un certain nombre de risques.
Kathryn Nwajiaku-Dahou, Directrice des programmes à l’Institut de développement d’Outre-mer, indique qu’il est important de considérer la transformation numérique dans le contexte des inégalités et de la pénétration numérique inégale. Bien que le financement soit essentiel, ce n’est pas le seul défi. Les problèmes écosystémiques doivent également être traités.
« Les jeunes ont de plus en plus accès au financement et à l’innovation. Nous devons relever les défis qui empêchent les jeunes de saisir les opportunités offertes par la numérisation », affirme Nwajiaku-Dahou, ajoutant que le plus grand défi au développement va au-delà du cadre technique, mais du type d’État que nous créons.
Omar Cissé, Fondateur et PDG d’InTouch au Sénégal, indique que les entreprises technologiques en Afrique ont besoin d’argent pour numériser leurs systèmes. Et les organisations internationales devraient arrêter de donner de l’argent aux États pour se numériser, mais plutôt le donner aux Fintech.
Il dit avoir créé en 2010, le CTIC Dakar, un incubateur d’entreprises de premier plan au Sénégal pour les entrepreneurs des services informatiques et mobiles.
« Nous avons développé une solution qui permet le paiement sous toutes les formes et les transferts d’argent. En 2013, le CTIC a accompagné des centaines d’entrepreneurs et est aujourd’hui une référence pour l’accompagnement des entreprises en Afrique. Avec des partenaires qui ont contribué à sa construction, l’expérience du CTIC est actuellement dupliquée dans plusieurs pays africains », déclare Cissé.
Stefan Nalletamby, Directeur du Département du développement du secteur financier, à la Banque africaine de développement (BAD), dit que les infrastructures technologiques devraient être bien réparties dans les zones rurales et urbaines afin de résoudre le problème de la fracture.
« Ce que nous faisons à la BAD, c’est nous assurer que les gouvernements voient l’importance de la numérisation et que les populations des zones rurales aient accès à l’économie numérique et à l’apprentissage », déclare Nalletambly.
Il fait remarquer qu’il est important que les gouvernements et le secteur privé soient impliqués dans la transformation numérique par le dialogue.
Les panélistes conviennent tous que la crise de Covid-19 a accéléré le rythme de la numérisation sur le continent. La fintech peut être la solution qui aide à transformer les systèmes financiers du continent en adaptant des outils de financement qui reflètent la réalité des économies africaines dominées par le secteur informel.
La Conférence économique africaine de 2021 a débuté, ce jeudi 2 décembre, sur le thème : « Financer le développement post-COVID-19 de l’Afrique ».