Yaoundé, le 5 mai 2021 (CEA) - Imaginez que les planificateurs du développement en Afrique centrale mettent la main sur un outil intelligent et intégré qui les aide à identifier les points les plus rentables pour déployer des investissements pour l’expansion et l’approfondissement des chaînes de valeur dans l’agro-industrie, la fabrication et la transformation minière et la valorisation ainsi qu’un flux sans fin d’énergie renouvelable pour tirer parti de leurs plans de développement actuels !
La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) vient de présenter les résultats de ses conclusions à l’aide d’un tel outil de planification géospatiale et d’investissement aux États membres, aux communautés économiques de la sous-région et à d’autres partenaires de développement et experts lors d’un atelier en ligne présidé par le ministre camerounais de l’économie, de la planification et du développement régional, Alamine Ousmane Mey, ce mercredi.
L’analyse préliminaire de la CEA, fondée sur des données géospatiales, sur les opportunités économiques le long des corridors de transport d’Afrique centrale, présente les régions de l’extrême Nord du Cameroun, reliées à l’ensemble du Tchad, comme l’un des meilleurs endroits d’Afrique pour le développement d’une chaîne de valeur dans l’énergie éolienne et solaire renouvelable.
La région possède une moyenne de 22 000 kilo joules par mètre carré de lumière solaire par jour et une densité d’énergie éolienne de plus de 42 joules par mètre cube.
L’analyse appelle donc à développer ce potentiel inégalé et à le lier au déploiement de batteries de stockage ion-lithium produites localement, qui voient le jour en tirant parti du poids de la République démocratique du Congo en tant que producteur de plus de 60% du cobalt utilisé actuellement pour les voitures électriques et qui abrite le gisement de lithium-étain de Manono de classe mondiale, considéré comme l’un des plus grands gisements de pegmatite LCT (lithium, césium, tantale) riches en lithium au monde. Ce n’est qu’un aperçu de ce que la sous-région peut accomplir dans ces domaines où il faut battre le fer quand il est chaud, en vue de saisir bien plus que ses 3% de participation dans le secteur des batteries et des voitures électriques qui vaudront 8 800 milliards de dollars d’ici 2025.
Un autre secteur important dans lequel les pays d’Afrique centrale devront développer une chaîne de valeur est l’agro-industrie dans laquelle le développement du riz, du maïs et de la viande est identifié comme l’un des sous-secteurs les plus rentables. Ici, les corridors Douala-Bangui et Douala-N’Djamena sont soulignés à titre d’exemple.
Une étude de cas sur la façon de faire du continuum Kribi-Edea-Douala au Cameroun, en tant que zone avec la propension à lancer un pôle de développement pharmaceutique, a été présentée. Il s’appellera le Triangle de croissance Kribi-Edea-Douala (KED).
Le Ministre Alamine Ousmane Mey déclare que le rapport préliminaire de la CEA « consiste à transformer ces nombreux atouts en véritables opportunités économiques afin de créer un espace de prospérité et de développement davantage inclusif».
« Il s’agit également de stimuler la diversification économique et de renforcer la résilience de nos économies tout en augmentant l’activité industrielle », ajoute-t-il.
Le Vice-Président de la Banque de développement de l’Afrique centrale (BDEAC), Marcel Ondele, déclare que l’analyse de la CEA aidera son organisation à réviser le plan directeur consensuel des transports en Afrique centrale (PDCT-AC), notamment sur le Corridor Brazzaville-Douala-N’Djamena, le Corridor Libreville-Brazzaville, le Corridor Douala-Kribi-Bata et le Corridor Bata-Libreville.
« Aujourd’hui, l’Afrique est devenue une zone de libre-échange continentale. Par conséquent, les corridors constituent de véritables vecteurs d’intégration économique et des pôles de développement », dit-il.
« Les corridors reconfigurés devaient nous permettre de relier les capitales de l’Afrique centrale et de booster ainsi, les échanges dans la Zone pour le développement économique est sociale durable », ajoute-t-il.
Le Directeur du Bureau sous-régional pour l »Afrique centrale de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, Antonio Pedro, souligne que « notre ambition va au-delà de l’analyse des corridors car l’émergence des technologies de l’information permet désormais de traiter de grandes quantités de données avec une grande précision et à faible coût ».
« Avec le développement de méthodes d’intelligence artificielle, nous pouvons traiter les données spatiales avec des degrés de sophistication plus élevés pour soutenir la découverte des zones présentant le plus grand potentiel de croissance, des investissements directs et améliorer la qualité de la planification économique, à l’échelle voulue », selon lui.
« L’accès aux données spatiales devenant moins cher, les sources de données se développant, y compris les données massives (Big Data) provenant du secteur privé et les informations simples collectées par des personnes utilisant des téléphones mobiles, et le traitement de données volumineuses devenant plus facile que jamais, l’opportunité pour que l’Afrique centrale modernise ses infrastructures et ses systèmes de données, et contourne la faiblesse actuelle des systèmes statistiques nationaux qui peinent à répondre aux besoins en données des ODD et d’autres programmes nationaux et internationaux, pour amener la planification du développement, le ciblage des investissements et le développement régional à un autre niveau de sophistication, de désagrégation et d’évaluations spécifiques au contexte est là », ajoute-t-il. Cela peut soutenir les VLR, la décentralisation, la méso et la macro-planification, conclut-il.
Il note que l’utilisation de la comptabilité du capital naturel, pour permettre à la sous-région de vérifier ses vastes ressources et de les présenter comme des éléments forts dans la refonte de la richesse nationale, contribuera à élargir l’espace budgétaire pour réaliser ces investissements.
Divers experts d’organismes gouvernementaux et régionaux ainsi que d’autres d’organisations de développement et du monde de la recherche proposent de considérer les secteurs de la forêt / bois, de l’exploitation du minerai de fer et du tourisme comme domaines dans lesquels étendre l’analyse sur le développement des chaînes de valeur en Afrique centrale.
Des arguments sont également avancés pour un examen plus détaillé de la place des villes en tant que pôles de développement des économies d’agglomération liées aux corridors de transport.
M. Pedro promet que ces considérations et les commentaires reçus lors du lancement de l’étude alimenteront la deuxième étape du déploiement de l’outil d’évaluation basé sur le SIG en Afrique centrale. Cette dernière exigera une collaboration étroite avec les autorités gouvernementales compétentes de la sous-région, la CEMAC et la CEEAC, et les partenaires au développement tels que la Banque mondiale, l’UE et la BAD.
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