Les données et les statistiques sont la pierre angulaire de la planification du développement. Sans données précises et opportunes, la planification et la mise en œuvre du développement sont un coup d’épée dans l’eau.
Une table ronde lors du 7ème Forum régional africain pour le développement durable a permis de découvrir comment l’Afrique doit investir dans des statistiques et des analyses opportunes et de qualité pour mieux mettre en œuvre divers programmes pour atteindre les ODD. Mais souvent ce n’est pas le cas et l’Afrique peut-elle faire mieux ? Oui, estime M. David Everatt, Président du Conseil des statistiques en Afrique du Sud, qui a participé à la table ronde. Il a partagé ses points de vue sur les raisons pour lesquelles des données de qualité et des statistiques simples sont bonnes pour la planification du développement et la prise de décision :
CEA : Avons-nous vraiment besoin de données statistiques ?
M. Everatt : Vous n’en avez pas besoin, mais le gouvernement, oui. Où faut-il investir ? Qui en a vraiment besoin ? La faim, la santé, peu importe - cette intervention fonctionne-t-elle ou a-t-elle des résultats nuisibles ? Vous pouvez certainement faire des études qualitatives à petite échelle, mais elles ne sont pas représentatives et vous avez besoin de statistiques précises et représentatives pour savoir quoi faire.
Que vous soyez dans le monde des affaires ou du gouvernement, il est communément admis que le produit le plus important est maintenant les données. C’est ce pour quoi les gens paient le plus et la chose que les gens récoltent à tout-va. Elles peuvent être utilisées à de mauvaises fins, comme Cambridge Analytica qui a tenté de le faire de façon non-déontologique. Elles peuvent être utilisées pour des comportements promotionnels tels que ce que les gens achètent, ce qu’ils mangent et où ils vont. L’idée que nous ne pouvons pas nous passer de données est impensable. Nous ne pouvons pas ignorer les données.
Y a-t-il une différence entre les données et les statistiques ?
Les statistiques sont une façon de manipuler les données.
Quel est le rôle des données et des statistiques dans la planification du développement ?
Vous utiliseriez normalement des données qualitatives et quantitatives dans la planification, pour vous assurer que vos plans correspondent à ce que veulent les communautés / bénéficiaires locaux, à moins que vous ne vouliez une inadéquation horrible et le gaspillage qui en résulte.
Certains craignent que les données de l’Afrique ne soient pas fiables, cela pourrait-il être une exagération ?
Il y a des erreurs dans la collecte de données dans tous les pays du monde et on ne verrait pas en quoi l’Afrique serait pire ou meilleure que quiconque ailleurs. D’autres continents et pays sont probablement plus avancés en termes de collecte de données numériques. Partout dans le monde, les données sont sujettes à des manipulations et je ne vois pas l’Afrique être dans une situation pire. Nous nous sommes battus pour que la technologie fonctionne aussi vite que le reste du monde.
Que pouvons-nous apprendre de l’expérience sud-africaine ?
Le Conseil de statistiques ne fait que conseiller et Statistics South Africa (Stats SA) fait le travail. Nous sommes là pour vérifier les statistiques qu’ils rassemblent et analysent et nous les approuvons. Stats SA a lancé une stratégie quinquennale pour passer au numérique, dont une partie était relativement facile pour quiconque peut relier des ensembles de données, par exemple, nous sommes en mesure d’obtenir des données en temps réel. Nous nous dirigions sur cette voie et nous éclaircissions sur les implications du passage au numérique et la COVID a frappé et nous ne pouvions pas utiliser de travailleurs sur le terrain. Stats SA a dû pivoter très rapidement.
Les données et les statistiques se sont multipliées dans les discussions sur les ODD et la pandémie de COVID19, quelles informations pouvons-nous tirer de l’utilisation des données et des statistiques ?
La COVID 19 a clairement indiqué que les données, c’est le pouvoir. Apprenez à séparer les titres des analyses statistiques correctement rassemblées, vérifiées, analysées et soigneusement rapportées. Essayez et évitez tout ce qui semble précipité, ou qui fait la une des journaux (souvent les modélisateurs) ou ouvertement politique, comme les négateurs de vaccins, etc.
Avons-nous besoin de nouveaux modèles de collecte de données à la lumière de la COVID19 ?
Absolument. Les agents de terrain sont désormais perçus comme des vecteurs de maladies - donc une population confinée, et par peur d’infection, n’accueillera pas un étranger chez elle. Nous effectuons actuellement tous les travaux de terrain à l’extérieur, sous les kiosques, etc., alors que nous recueillons les numéros de téléphone pour passer à l’ITAO (Interview téléphonique assisté par ordinateur).
Quels conseils donneriez-vous aux pays africains en termes d’investissement dans les outils de collecte de données ?
Prenez une longueur d’avance sur la courbe technologique et assurez-vous d’être équipés - sinon, le secteur privé, qui a ses propres intérêts à cœur, dominera le domaine.