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La médiocrité des données nuit à la mise en œuvre des Objectifs de développement durable de l’Afrique

2 mars, 2021
Poor data dents Africa’s sustainable development goals implementation

Brazzaville, le 02 mars 2021 (CEA) - Des données et des statistiques de bonne qualité sont importantes pour éclairer les décisions en matière de développement et l’Afrique ne doit pas se trouver dans une situation en quêté de données de bonne qualité car elle cherche à atteindre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Agenda 2063 de l’Afrique, déclarent les experts.

« La chose la plus importante pour la collecte de données concerne la volonté politique », déclare Mami Mizutori, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe et Chef du Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe, lors d’une table ronde qui s’est tenue virtuellement au Forum régional africain pour le développement durable mardi.

Si, au plus haut niveau de la politique, il y a une volonté d’investir dans la collecte et l’analyse de données, d’investir dans le renforcement des capacités, alors nous pouvons faire mieux, observe Mme Mizutori.

La réduction des risques de catastrophe est un thème si important pour l’Agenda 2030 et l’Agenda 2063 parce que les catastrophes sapent le développement durable, ditt-elle.

 

Combler le fossé

Mme Mizutori affirme qu’il y a moins de données provenant des États membres en termes de perte économique et de perturbation des services.

« Un autre défi que nous constatons concerne l’insuffisance de données désagrégées qui sont des données ventilées par revenu, sexe, âge par handicap et emplacement géographique », déclare-t-elle.

« Les données désagrégées sont importantes car sans elles, nous ne pouvons pas comprendre où se trouvent les vulnérabilités et si nous ne pouvons pas faire face aux vulnérabilités, nous ne pouvons pas avoir de bonnes politiques pour une bonne prévention des catastrophes ».

Il faut que le gouvernement utiliser davantage les données de la recherche pour prendre des décisions en matière de développement, ce qui est impossible sans des données opportunes, précises et désagrégées sur les paramètres de développement.

 

Briser les silos de données

Alors que l’Afrique s’efforce de réaliser les ODD clés en matière de réduction de la pauvreté, d’élimination de la faim et d’accès à l’eau, à l’éducation, à la santé et au logement pour ses citoyens, elle a besoin de statistiques pour avoir une vision précise des progrès accomplis dans les activités de développement.

« Nous devons briser les silos parce que souvent les données sont là mais sont dispersées et vous devez vraiment les rassembler », souligne Mizutori, appelant à une collaboration accrue entre les Bureaux nationaux de statistique, les centres universitaires, la société civile, les centres climatiques continentaux et régionaux.

Oliver Chinganya, Directeur du Centre africain pour la statistique de la CEA, dans son bref rapport sur les progrès accomplis à ce jour, déclare que l’Afrique a enregistré des progrès sur 15 des 17 Objectifs de développement durable, mais n’est pas sur la bonne voie pour les atteindre tous d’ici 2030.

Il affirme que le taux actuel de progrès est insuffisant pour atteindre les objectifs mondiaux d’ici 2030.

« L’Afrique doit passer à la vitesse supérieure pour ces objectifs. Quand vous regardez l’Objectif 16 sur la paix, la justice et des institutions fortes, le continent a régressé. Cela est dû au nombre croissant de victimes de la traite des êtres humains, des pots-de-vin et de la corruption », dit M. Chinganya.

Les progrès les plus lents enregistrés concernent l’Objectif 1 « Pas de pauvreté » ; l’Objectif 12 « Consommation et production responsables » ; l’Objectif 9 « Industrie, innovation et infrastructures » et l’Objectif 7 « Énergie propre et d’un coût abordable ».

« Des données actualisées et ventilées sont donc essentielles, en particulier pour les groupes les plus vulnérables, pour éclairer les réponses face à la COVID-19, aux ODD et à l’Agenda 2063. Nous implorons donc les systèmes statistiques nationaux d’intensifier la fourniture des données nécessaires », fait remarquer M. Oliver Chinganya, de la CEA.

Appelant à un investissement accru dans les infrastructures de données, le Secrétaire général adjoint du COMESA (Programmes) Kipyego Cheluget, dit que le COMESA est en train d’établir une Zone de libre-échange numérique (DFTA) pour les 21 États membres, ce qui conduira à une riche récolte de données, essentielle au processus de numérisation. Ladite Zone facilitera les statistiques commerciales en temps réel et les données miroir seront désormais comparables entre les pays.

Il dit que les infrastructures numériques introduisent des gains d’efficacité dans la production, la compilation et la diffusion de statistiques et produisent de nouvelles sources de données.

« Les gouvernements doivent investir dans les infrastructures numériques », exhorte Cheluget, ajoutant que « des dépositaires de données doivent être créés dans des secteurs dotés de riches ensembles de données administratives ».

 Contribuant à la discussion, le Vice-président du Malawi, Saulos Klaus Chilima, déclare que l’investissement du Malawi dans la collecte de données et de systèmes statistiques a largement contribué à permettre au pays de mener des enquêtes démographiques régulières et de suivre les progrès accomplis dans la réalisation des cibles des ODD.

En Zambie, les effets de la pandémie de la COVID-19 sur les économies mondiales ont conduit la nation d’Afrique australe à entrer en récession avec une contraction du PIB réel de 2,6% à la fin de 2020. Les perturbations dans le secteur de l’emploi et autres effets socio-économiques ont poussé la Zambie à chercher à comprendre l’ampleur de ces effets grâce à la collecte de données appropriées et d’informations statistiques pour mieux répondre, affirme le Secrétaire permanent de la Zambie au Ministère de la planification nationale, Trevor Kaunda.

Cela a donné lieu à des efforts concertés entre le gouvernement et ses partenaires de développement pour soutenir la réalisation d’enquêtes liées à la COVID-19 avec un objectif clé d’identifier et de mesurer leur incidence sur les ménages et l’industrie, fait remarquer Kaunda.

 

Défis

Bien que les pays africains disposent d’institutions statistiques solides, ils ont du mal à assurer une collecte et une analyse solides des données. Il y a des contraintes de capacité en termes de personnel expérimenté et d’institutions statistiques insuffisamment financées et dotées de ressources. Il faut allouer un financement national à la collecte et à la maintenance de données et de statistiques ainsi qu’un financement pour investir dans de nouvelles technologies pour assurer la collecte de données de routine et l’utilisation de données de qualité.

 

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