Kampala, Ouganda, le 19 mai 2025 – Lorsqu’Amina Nalwoga a embarqué pour l’Arabie saoudite il y a cinq ans, elle n’avait que de l’espoir. Mère célibataire de trois enfants, on lui avait promis un emploi stable comme femme de ménage – de quoi envoyer ses enfants à l’école et sortir sa famille de la pauvreté.
Mais ce rêve s’est vite envolé.
« Ils ont confisqué mon passeport. Je travaillais 18 heures par jour. Quand j’ai supplié pour avoir du repos, ils m’ont enfermée dans une pièce », se souvient-elle, la voix tremblante. Après deux années éprouvantes, elle est rentrée en Ouganda – épuisée, traumatisée et avec peu de résultats pour son sacrifice.
L’histoire d’Amina n’est pas unique. Partout en Afrique, des millions de femmes migrent vers le Moyen-Orient comme employées de maison, pour finalement rentrer chez elles brisées, endettées, ou pire, dans des cercueils.
Aujourd’hui, une nouvelle initiative audacieuse menée par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et la Commission de l’Union africaine (CUA) s’efforce de réécrire ce récit, transformant les survivantes en entrepreneures, militantes et dirigeantes.
Chaque jour, des femmes à travers l’Afrique entreprennent des voyages à la recherche de meilleures opportunités. Certaines trouvent du travail à l’étranger, souvent comme employées de maison dans les pays du Golfe, pour finalement rentrer chez elles confrontées à des difficultés économiques et à une réintégration difficile. Cependant, une nouvelle initiative menée par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et la Commission de l’Union africaine (CUA) vise à changer ce récit.
« L’histoire ne doit pas s’arrêter à leur retour », déclare la Cheffe de la Section de l’ég,alité des sexes et de l’autonomisation des femmes à la CEA Matashane-Marite, « Nous devons faire en sorte que ces femmes soient des survivantes et prospèrent économiquement ».
Le projet conjoint, « Migration internationale en Afrique : façonner un récit positif et supprimer les obstacles à la mobilité », vise à autonomiser les femmes migrantes de retour en Ouganda, au Kenya et en Éthiopie, en particulier celles qui ont travaillé comme domestiques.
Pourquoi est-ce important maintenant ?
Avec plus d’un milliard de personnes migrant dans le monde, dont 281 millions de migrants internationaux, les femmes sont souvent victimes d’exploitation dans des emplois informels et mal rémunérés. De retour chez elles, nombreuses sont celles qui peinent à se réinsérer dans l’économie locale.
« Nous avons besoin d’une action urgente, mais aussi de politiques fondées sur des données », déclare Mme Matashane-Marite. La CEA a mené des évaluations sur les migrants de retour des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), révélant un besoin crucial de programmes de réintégration dignes.
L’impact économique
Le Commissaire ougandais aux services de l’emploi, Lawrence Egulu, souligne la contribution financière des travailleurs migrants : les travailleuses domestiques contribuent jusqu’à 1,5 milliard de shillings ougandais en transferts de fonds et 30 milliards de shillings ougandais par an en recettes non fiscales.
Pourtant, de nombreuses migrantes de retour n’ont pas accès à des moyens de subsistance durables. « Elles doivent reconditionner leurs compétences pour travailler en Afrique », insiste Egulu, appelant les organismes internationaux comme la CEA et la CUA à repenser les politiques de migration de main-d’œuvre.
Appel à une réintégration fondée sur les droits
Le Chargé des politiques sociales à la CUA, Kondwani Kamanga, met l’accent sur la migration sûre et la réintégration durable : « Nous devons donner la priorité aux droits humains et à l’autosuffisance économique. Soutenir les rapatriées n’est pas seulement une question de bien-être, c'est un enjeu de développement pour l'Afrique ».
Une mobilisation multipartite pour le changement
Du 19 au 21 mai, le Ministère ougandais du genre, du travail et du développement social, en collaboration avec la CEA et la CUA, a réuni un groupe de travail afin d’élaborer des stratégies visant à créer des programmes d’autonomisation économique pour les femmes rapatriées ; des réformes politiques pour une migration et une réintégration plus sûres ; et une collaboration renforcée entre les gouvernements, les ONG et les agences des Nations Unies.
« Ce n'est qu’un début », déclare Mme Matashane-Marite. « En investissant dans ces femmes, nous investissons dans des communautés plus fortes ».
La seconde chance d'Amina
Aujourd’hui, avec le soutien de diverses parties prenantes, Amina fait partie d’une groupe pilote à Kampala. Grâce à une formation professionnelle, elle a appris la couture et, grâce à une micro-subvention, elle a ouvert une petite boutique.
« Aujourd’hui, j’emploie deux autres femmes de retour en Ouganda », dit-elle avec fierté. « Nous ne sommes plus des victimes. Nous sommes des femmes d’affaires ».
Un appel à l’action
Le succès de l’initiative repose sur l’engagement des gouvernements, des employeurs et des communautés. Tandis qu’Amina coud une robe dans son atelier, elle adresse un message aux dirigeants :
« Ne vous contentez pas de nous plaindre. Investissez en nous ».
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