Addis-Abeba, le 21 mars 2023 (CEA) – Selon les recherches actuelles, l’Afrique manquera la plupart des Objectifs de développement durable (ODD).
Cependant des mesures visant à accélérer le développement durable se présentent aux pays, s’ils planifient mieux et investissent dans des systèmes de données et de statistiques efficaces, déclare Oliver Chinganya, Directeur du Centre africain pour la statistique (ACS), de la Commission économique pour l’Afrique.
« Les données sont un bien public, le nouveau pétrole, l’or dans lequel l’Afrique doit investir pour soutenir son développement », affirme M. Chinganya en marge de la 41ème session du Comité d’experts réuni à Addis-Abeba, en Éthiopie.
Le Centre africain pour la statistique a pour mission de permettre aux systèmes statistiques nationaux en Afrique de produire des statistiques, des données et des informations géospatiales de haute qualité permettant une prise de décision solide et factuelle à l’appui du développement durable, des priorités régionales et nationales.
« Nous devons investir dans les données et les statistiques pour soutenir le programme d’industrialisation de l’Afrique », indique M. Chinganya.
Dans un entretien avec l’équipe de communication de la CEA, M. Chinganya a donné plus d’informations sur le rôle des données et des systèmes statistiques dans le développement de l’Afrique, en particulier dans la réalisation des ODD. Extraits :
Pour commencer, qu’entendons-nous par données et statistiques ?
OC : Les données représentent une collecte d’informations mises en chiffres. Lorsque vous manipulez ces chiffres et créez des moyennes, ils se transforment en statistiques. Les statistiques sont l’agrégation d’une collecte de nombres. S’il y a dix élèves dans une école et que le premier élève a obtenu une note de 75 % tandis que le dernier a obtenu 42 %, et que nous nous demandons quelle est la moyenne agrégée des notes des élèves, c’est à partir de cet instant que cette moyenne devient une statistique. Les statistiques sont ainsi des données à valeur ajoutée qui peuvent être interprétées pour certaines utilisations spécifiques. Si nous voulons passer de 66 % de la moyenne d’un indicateur à 88 %, nous devons commencer à planifier pour atteindre ce nombre. Nous aurons besoin de plus de ressources pour y parvenir, c’est-à-dire plus d’élèves avec des bonnes notes, ce qui signifie qu’ils auront de meilleures opportunités, y compris de meilleurs emplois en conséquence. Ces augmentations positives des emplois, etc. signifient que la valeur de l’économie augmentera également à mesure que leurs contributions au PIB augmentera.
Quel est l’état des données et des statistiques en Afrique aujourd’hui ?
Si l’on compare la situation aujourd’hui à il y a plus de 20 ans, où les données étaient médiocres et presque inexistantes dans certains cas, il y a eu une amélioration de l’état des données et des statistiques dans tous les pays africains. Il reste beaucoup à faire pour rendre ces données disponibles, mais dans l’ensemble, de nombreux pays ont réalisé de nets progrès. Il y a encore des cas sur le continent où certains pays n’ont même pas effectué leurs recensements pour le cycle 2020, ce qui est préoccupant car ce cycle 2020 se termine en 2024. Je ne pense pas qu’il sera possible de voir ces pays mener leurs recensements avant échéance.
Est-ce problématique si ces pays ne procèdent pas à ces recensements ?
Oui, si les pays ne réalisent pas ces recensements, cela aura une incidence sur l’établissement des rapports des ODD ainsi que d’autres cadres de développement, y compris des plans de développement nationaux. Un recensement est un décompte de toutes les personnes résidant sur un territoire. Le but est d’aider les pays à planifier pour les habitants de leur territoire en particulier. Certains pays n’ont pas donné la priorité au recensement. À ce jour, 21 pays africains n’ont pas effectué leurs recensements, et il est peu probable que la plupart d’entre eux les achèvent avant 2024.
Vous avez mentionné que pour chaque dollar investi dans les données et les systèmes statistiques, il y a un retour sur investissement de 32 $. Si les données sont si convaincantes, pourquoi les gouvernements africains n’investissent-ils pas dans les données et les statistiques ?
En tant que statisticiens, nous avons la responsabilité de donner aux gouvernements la preuve de ce que cela signifie réellement de mettre un dollar dans les données et les statistiques. Par exemple, si un gouvernement veut déterminer les niveaux de taux de scolarisation, il doit d’abord connaître le nombre d’enfants disponibles en faisant des enquêtes et en évaluant le nombre d’élèves qu’ils ont. Une fois en mesure de le faire, ils peuvent alors planifier selon leurs besoins. Si nous pouvons montrer ce que cela signifie à long terme en termes de retour sur investissement de mettre 1$ dans les données, peut-être alors que les gouvernements commenceront à voir la valeur des données et des statistiques et commenceront à investir.
Pourquoi les données et les statistiques sont-elles importantes pour le suivi des ODD et pour la mise en œuvre de la ZLECAf ?
Il est très important de disposer de données pour les ODD. Lorsque vous êtes en mesure d’avoir des données pour les ODD qui sont correctement alignées sur les plans de développement nationaux, cela vous permet d’anticiper et d’améliorer la vie des gens ainsi que le développement l’échelle nationale. Prenons l’exemple de l’ODD 1 sur la pauvreté pour lequel vous avez besoin d’informations sur la pauvreté et les inégalités. Concernant l’ODD 4 sur l’éducation, vous devez connaître la qualité de l’éducation, le nombre d’enfants inscrits et pourquoi certains ne le sont pas ? Vous avez besoin de données pour cela. Il est important de mesurer ce genre d’enjeux pour pouvoir éclairer la planification du développement. Nous constatons une lacune dans l’alignement des ODD sur les plans de développement nationaux.
Si les pays ne procèdent pas à des recensements, cela peut affecter les rapports sur les ODD, car plus de 10 ODD sont informés par les données du recensement. Cela aura une incidence sur le processus de prise de décision. De même, lorsque nous parlons de la ZLECAf, nous voulons qu’elle soit un moteur de transformation sur le continent ; pour ce faire, nous devons comprendre ce que chaque pays produit, par exemple, ainsi que ce que chaque pays commercialise, en termes de produits, volumes et avantages comparatifs. Pour cela, vous avez besoin de données.
Pour en savoir plus : https://www.uneca.org/cfm2023
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