Addis-Abeba, le 21 mars 2023 (CEA) - Les experts en développement ont mis en garde que la pauvreté et les inégalités persistantes risquent de saper la prospérité, la paix et la sécurité en Afrique à moins que les gouvernements ne s’engagent dans des modèles de développement innovants et participatifs.
« Il devient de plus en plus improbable que les États africains atteignent bon nombre de cibles fixés dans les Objectifs de développement durable à l’horizon 2030 », déclare la Secrétaire exécutive adjointe et Économiste en chef de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Hanan Morsy,
« Les chocs mondiaux ont anéanti plus de deux décennies de progrès que le continent a réalisés en matière de réduction de la pauvreté. Nous avons besoin d’interventions durables.
À la lumière de cela, la CEA a organisé une table ronde lors de la 55ème Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique pour que des experts réfléchissent et recommandent des actions pour aider les États membres à réduire leurs vulnérabilités et inégalités économiques et sociales.
Harvesh Seegolam, Gouverneur de la Banque de Maurice, explique que lorsque la pandémie de COVID19 a frappé en 2020, le secteur touristique mauricien s’est arrêté. Pour atténuer les effets du ralentissement, le gouvernement a proposé des mesures conventionnelles et non conventionnelles. L’une d’entre elles était de faire de la Banque centrale de Maurice une institution indépendante.
« Le gouvernement a instauré des moratoires pour soutenir des secteurs ciblés ; a introduit le crédit d’alignement », affirme M. Seegolam, ajoutant que le gouvernement a également créé la Mauritius Investment Cooperation, qui opère indépendamment de la Banque centrale, et a des audits indépendants pour s’assurer que l’argent investi profite à la banque.
La Mauritius Investment Cooperation a pour objectif principal de créer plus de richesse pour la future génération du pays. L’intervention est devenue rentable.
Le ministre éthiopien des finances, Ahmed Shide, déclare que l’Éthiopie, comme tout autre pays africain, était touchée par des chocs qui se chevauchent – la Covid19, la guerre en Ukraine, les conflits et la sécheresse - et que la réponse du pays comprend une combinaison de politiques budgétaires et monétaires.
Des mesures de précaution, dit-il, ont été mises en place pour contenir la Covid19. Le gouvernement a reporté le paiement de l’impôt sur le revenu des particuliers, rééchelonné les remboursements des prêts bancaires, accordé une amnistie fiscale à différents secteurs, stimulé la production alimentaire locale grâce à la culture de plus de terres et stimulé la production de viande. Le gouvernement s’est lancé dans davantage d’activités d’irrigation et a élargi la compagnie aérienne éthiopienne ainsi que les systèmes de paiement numérique pour faciliter les transactions.
Le Ministre des finances et du budget de la République centrafricaine, Hervé Ndoba, déclare que le pays est confronté à la pénurie de carburant, au coût élevé du transport des produits de base principalement parce qu’il s’agit d’un pays enclavé.
« Pour relever ces défis, le gouvernement a créé un port sec avec des entrepôts pour les importateurs, mis en place des prélèvements douaniers pour limiter l’inflation des importations. Plus précisément, le gouvernement a créé une base personnalisée pour tirer parti des coûts de production et a ajusté les prix du carburant à la pompe », indique M. Ndoba.
« Notre objectif est d’augmenter le produit intérieur par le biais de prélèvements communautaires. Nous travaillons sur la diversification financière à savoir, le financement vert, l’économie bleue.
Selon la Directrice exécutive du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida, Winnie Byanyima, le plus grand défi pour l’Afrique est l’accès aux services financiers. Même avant la crise de Covid-19, la guerre en Ukraine, les pays empruntaient à un taux d’intérêt de plus de huit pour cent (8 %), tandis que les pays à revenu élevé empruntaient à des taux inférieurs allant jusqu’à un pour cent (1 %).
Le coût élevé des emprunts, dit-elle, enlève à l’Afrique les perspectives d’atteindre les ODD. En outre, le défi de ne pas pouvoir emprunter dans la propre monnaie des pays montre à quel point les pays sont traités de manière inégale en matière d’accès à des finances abordables.
« La discussion sur le financement de l’Afrique est importante à l’approche du Sommet sur les ODD en septembre 2023 », indique Mme Byanyima, ajoutant qu’il est nécessaire que les pays s’attaquent au coût élevé de la dette, associent le financement à la réalisation des ODD, fassent plus d’efforts pour que l’Afrique ait un siège au forum du G20.
Le Secrétaire exécutif par intérim de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Antonio Pedro, déclare que l’Afrique accuse un retard supplémentaire par rapport aux autres régions du monde et représente désormais la plus grande part des pauvres du monde en raison de l’augmentation de la pauvreté et des inégalités. En conséquence, de nombreux pays africains sont confrontés à une baisse des revenus, à une augmentation du stress de la dette et à un espace budgétaire restreint, qui limitent tous leurs capacités à répondre aux crises économiques.
Il affirme que les partenariats sont essentiels pour relever les défis africains.
« Pendant la pandémie, la CEA a travaillé avec les ministres des finances pour trouver des solutions pour contrer les effets de la pandémie dans leur secteur respectif, a aidé les pays africains à s’approvisionner en vaccins pour leurs citoyens », note M. Pedro.
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