Kampala, Ouganda, le 8 avril 2025 (CEA) – Les ministres des finances, de la planification et du développement économique, ainsi que les gouverneurs des banques centrales et des experts du développement, se sont réunis aujourd’hui à Kampala pour un évènement préparatoire de haut niveau axé sur le déblocage de financements durables pour le développement de l’Afrique. Cette réunion, qui a eu lieu en amont de la onzième session du Forum régional africain pour le développement durable (ARSFD-11), intervient à un moment crucial, alors que le continent est confronté à une pression croissante pour accélérer les progrès dans la mise en œuvre du Programme 2030 et de l’Agenda 2063.
Alors que des conclusions accablantes montrent que seules 10 des 144 cibles mesurables des ODD seront atteintes en Afrique au rythme actuel, le Forum a cherché à définir une stratégie de financement plus ambitieuse et plus concrète. Les besoins de financement annuels de l’Afrique ont atteint environ 1 300 milliards de dollars des États-Unis, exigeant non seulement de nouvelles sources de financement, mais aussi des changements politiques audacieux et une mise en œuvre stratégique.
Le Secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), António Pedro, ouvrant le Forum, a souligné l’importance d’élargir l’espace budgétaire de l’Afrique grâce à la mobilisation des ressources nationales. Il a appelé à une plus grande formalisation du secteur informel afin d’élargir l’assiette fiscale et a exhorté les pays à jouer un rôle proactif dans la réduction du coût du capital. « L’amélioration de la notation de crédit de l’Afrique grâce à des mesures stratégiques de réduction des risques est essentielle pour débloquer des financements abordables », a-t-il déclaré, ajoutant que la croissance à long terme serait tirée par l’investissement dans la création de valeur, le commerce régional et les innovations en matière d’énergie propre, notamment le nucléaire. Il a également insisté sur le fait que le développement durable doit être un pacte partagé, où les gouvernements, le secteur privé et les communautés collaborent sur un pied d’égalité pour stimuler le progrès national, renforçant ainsi la nécessité d’une approche multipartite pour sa mise en œuvre.
Dans son discours d’ouverture, le Ministre d’État en charge des finances, de la planification et du développement économique de l’Ouganda, Amos Lugoloobi, a souligné l’engagement de son pays à financer le développement durable par la réforme des politiques. « Nous renforçons la mobilisation des ressources intérieures, améliorons nos systèmes fiscaux et alignons les budgets nationaux sur les ODD », a-t-il déclaré. Conscient des défis budgétaires croissants du continent, il a souligné les efforts fournis par le pays pour préserver la stabilité macroéconomique tout en favorisant une croissance inclusive. « Malgré l’augmentation de la dette, nous mettons en œuvre des mesures proactives pour maintenir la viabilité budgétaire », a-t-il affirmé.
Le Forum a également souligné l’importance de l’intégration régionale ; et le Ministre Lugoloobi a appelé à une mise en œuvre accélérée de l’Accord de libre-échange continental africain (ZLECAf). « La suppression des barrières commerciales et la promotion de la valeur ajoutée sont essentielles pour renforcer la compétitivité de l’Afrique et stimuler le commerce intra-africain », a-t-il indiqué.
Tout au long de la journée, des tables rondes ont réuni des experts de tout le continent qui ont abordé des questions telles que la coopération fiscale, la gouvernance de la dette, la mobilisation des fonds de pension, le financement de la lutte contre le changement climatique et l’efficacité des dépenses publiques. Leurs recommandations ont alimenté la session du panel ministériel de l’après-midi, jetant les bases des messages clés qui éclaireront les engagements de haut niveau du Forum.
Dans ses remarques de clôture, le Secrétaire exécutif de la CEA, Claver Gatete, a lancé un appel fort à l’action. « Nous ne pouvons plus compter sur l’aide et les prêts concessionnels. Nos économies ont progressé, nos défis sont plus profonds et nos solutions doivent être plus audacieuses. Nous devons repenser, restructurer et prendre en main notre trajectoire de développement », a-t-il insisté. S’appuyant sur des exemples d’innovations financières réussies sur le continent – des projets d’irrigation en Érythrée au financement mixte au Rwanda – il a souligné l’importance du partage des connaissances. « L’Afrique possède de nombreuses solutions. Partager ce qui fonctionne – et le déployer à grande échelle – est la clé pour passer des plans aux progrès. »
En conclusion des travaux de la journée, le Ministre Lugoloobi a souligné l’urgence de passer du dialogue à la mise en œuvre. « Nous savons désormais ce qu’il en est. Ce dont l’Afrique a besoin de toute urgence, c’est d’un plan de mise en œuvre – des mesures concrètes qui traduisent nos discussions en actions », a-t-il déclaré, appelant à la mise en place de mécanismes de suivi de la mise en œuvre des engagements. « À six ans seulement de 2030, l’heure du changement est venue – des actions durables doivent être menées à grande échelle et rapidement ».
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