Addis-Abeba, le 17 novembre 2023 – Les experts discutant de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ont appelé les pays africains à investir dans le développement de Chaînes de valeur régionales (CVR). Le consensus parmi les leaders d’opinion est que pour que la ZLECAf tienne ses promesses ambitieuses de développement, les pays doivent harmoniser leurs politiques commerciales et investir stratégiquement dans le développement industriel. La clé du succès dans ce paysage économique réside dans le positionnement des pays dans des secteurs industriels de niche.
Tel était le message principal de la séance de ce jeudi, « L’Afrique a-t-elle un potentiel pour les chaînes de valeur régionales » ? à la Conférence économique africaine 2023 à Addis-Abeba, en Éthiopie, sur le thème « Les impératifs pour un développement industriel durable en Afrique ».
Mme Joy Kategekwa, Conseillère stratégique auprès du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et Modératrice de la session, a souligné le potentiel de transformation des Chaînes de valeur régionales (CVR) pour la révolution industrielle de l’Afrique. Les CVR permettent aux pays de tirer parti de leurs avantages comparatifs et compétitifs et ainsi de participer à des industries qui autrement pourraient dépasser leurs capacités.
« L’Afrique s’industrialise, nous devons désormais connaître une croissance plus forte et plus rapide », a déclaré Kategekwa.
Cette croissance nécessite une approche multiforme, comprenant des politiques gouvernementales cohérentes, la promotion de Partenariats public-privé (PPP) et la création de Zones économiques spéciales (ZES) pour stimuler le développement de Chaînes de valeur régionales. La suppression des obstacles à la libre circulation des personnes est tout aussi cruciale, comme l’a souligné Mme Kategekwa, déclarant : « Nous ne pouvons pas commercer et nous industrialiser si nous ne pouvons pas nous déplacer ».
Olawale Ogunkola, Professeur d’économie, à l’Université d’Ibadan, au Nigéria, a souligné la nécessité d’élaborer des politiques et des stratégies favorisant une industrialisation efficace. La simple production ne suffit pas, alors qu’une production de masse est nécessaire pour répondre aux demandes du marché.
Le développement des infrastructures est apparu comme un facteur essentiel du succès des CVR. M. Ogunkola a souligné l’importance de s’attaquer aux coûts du commerce pour garantir la rentabilité.
Soulignant les défis auxquels sont confrontés certains pays, où les ZES sont isolées comme des zones militaires, M. Ogunkola appelle à une approche intégrée et à une cohérence politique. « Les arguments en faveur du développement des infrastructures sont très importants pour les Chaînes de valeur régionales. Si nous ne résolvons pas les coûts du commerce, il ne sera pas possible de réaliser des bénéfices. Pour certains pays, les Zones économiques spéciales sont comme des zones militaires, évitez-les. Elles sont tellement déconnectées de l’économie nationale », a-t-il déclaré, tout en appelant à une approche intégrée et à une cohérence politique pour rendre les Zones économiques spéciales pertinentes en les reliant au transfert de technologie et au développement des compétences.
Grace Nshemeirwe, PDG de la Fédération ougandaise du secteur privé, a souligné la nécessité pour les gouvernements de supprimer les barrières commerciales et de fournir des financements commerciaux aux entreprises. Les politiques commerciales doivent être harmonisées à travers la région, ce qui est essentiel pour faciliter le commerce et permettre aux pays africains d’être compétitifs efficacement.
Pradep Mehta, Président de la Chambre de commerce indienne, a ajouté une autre dimension au débat, suggérant que les politiques commerciales doivent évoluer pour se concentrer sur le bien-être des consommateurs et soulignant l’importance des approches centrées sur le consommateur dans l’élaboration des futures politiques commerciales.
Le PNUD et le Secrétariat de la Zone de libre-échange continentale africaine ont récemment publié le rapport Futures, intitulé, « Quelles chaînes de valeur pour une révolution Fabriqué en Afrique ».
Il met en évidence dix chaînes de valeur clés qui présentent d’importantes opportunités d’investissement au sein du marché africain unique émergent. Il s’agit notamment de l’automobile, du cuir et des produits en cuir, du cacao, du soja, des textiles et des vêtements, des produits pharmaceutiques, de la fabrication de vaccins, des batteries lithium-ion, des services financiers mobiles et des industries culturelles et créatives. Le rapport préconise que les gouvernements ciblent stratégiquement ces secteurs, reconnaissent les opportunités qu’ils offrent pour entrer sur le marché de la ZLECAf. Il souligne l’importance de créer des programmes de renforcement des capacités commerciales sur mesure pour mieux préparer les exportateurs.
Le rapport fournit également des informations précieuses aux entreprises, les aident à prendre des décisions éclairées sur les endroits où investir afin de capitaliser sur les opportunités de la ZLECAf. Les domaines qui nécessitent des améliorations supplémentaires sont également identifiés, dans le but d’ouvrir la voie à une solide révolution « Fabriqué en Afrique ».
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