L’emprunt est un outil indispensable de financement du développement du capital physique et humain, qui est primordial pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD) et l’Agenda 2063 : l’Afrique que nous voulons. Les emprunts souverains confèrent aussi aux finances publiques un rôle anticyclique tout au long des cycles économiques ; on ne saurait trop insister sur son importance, que de multiples chocs superposés ont récemment mis en évidence.
Entre 2000 et 2020, la dette extérieure de l’Afrique a plus que quintuplé et a fini par représenter près de 65 % de son PIB en 2022. Même si le ratio moyen dette-PIB devrait baisser à 62,7 % en 2023, puis se stabiliser à un peu plus de 60 % en 2024, l’Afrique fait face à une crise de la dette de plus en plus grave. Trois ans après le début de la pandémie de COVID-19, la crise de la dette à laquelle sont aux prises les pays en développement à faible revenu et de nombreux pays en développement à revenu intermédiaire continue de s’aggraver, malgré divers efforts nationaux et internationaux. Les finances des États sont mises à rude épreuve par la hausse des intérêts de la dette, le renchérissement des importations de denrées alimentaires et d’énergie et la dépréciation des monnaies, entre autres problèmes, causés par de multiples chocs superposés. L’augmentation de la dette publique, exacerbée par la faiblesse des recettes fiscales, les taux d’intérêt élevés et les querelles des superpuissances mondiales au sujet de l’allégement de la dette, est un obstacle majeur au développement et à la réalisation des ODD, car elle limite les possibilités d’investissement public dans des services essentiels tels que les soins de santé et l’éducation. À titre d’exemple, l’Afrique dépense actuellement plus pour le service de la dette que pour les soins de santé.
Les paiements dus au titre du service de la dette, regroupés en 2023-2025, pourraient accroître davantage les vulnérabilités et les risques. Selon diverses sources, ces paiements pourraient se situer entre 23 et 69 milliards de dollars américains en 2023, les créanciers privés comptant pour plus de 40 % de la dette africaine, les créanciers bilatéraux représentant 26,6 % et les créanciers multilatéraux 32,5 %. La Commission économique pour l’Afrique (CEA, 2022) estime qu’en 2023 le remboursement d’au moins 2,7 milliards de dollars américains au titre du principal sur les euro-obligations émises par les pays africains sera exigible, la prime applicable étant d’environ 2 % supérieure à celle versée par d’autres régions.
Dans de nombreux pays lourdement endettés, la restructuration de la dette est donc nécessaire pour en ramener le fardeau à des niveaux supportables et limiter l’impact négatif de l’aggravation de son service sur un environnement socioéconomique déjà fragilisé. L’allégement de la dette a toujours été « insuffisant et trop tardif » ; par conséquent, une restructuration préventive de la dette contribuerait à éviter une crise de l’endettement aux répercussions socioéconomiques désastreuses et offrirait une marge de manœuvre budgétaire supplémentaire, à mesure que les pays tout en se remettant des chocs passés et actuels qui se superposent consolident leur résilience.
Cet appel trouve un écho dans l’ensemble des neuf principes des opérations de restructuration de la dette, en particulier celui sur la viabilité de la dette, contenus et approuvés dans une résolution des Nations Unies du 10 septembre 2015, après des années de négociations et de délibérations sur les opérations de restructuration de la dette souveraine. Ces principes sont également conformes aux principes directeurs des Nations Unies sur la dette extérieure et les droits de l’homme.
Date : 03 – 05 octobre 2023
Heure : 09h00 - 17h00 (UCT +03:00)
Lieu : hybride
Contact:
Lerato Mary Litsesane lerato.litsesane@un.org
Solomon Wedere wedere@un.org
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